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tique, en usage parmi les anciens Grecs. Lorsqu’une personne distinguée revenoit chez soi après une longue absence, il assembloit ses concitoyens un certain jour, & leur faisoit un discours ou récitoit une piece de vers, dans laquelle il rendoit graces aux dieux de son heureux retour, & qu’il terminoit par un compliment à ses compatriotes. Diction. de Trév. & Chambers. (G)

* EPIBDA, (Hist. anc. & Myth.) on entend par ce terme, ou le second jour des apaturies, ou en général le lendemain d’une fête, ou le second jour des noces. Voyez Apaturie, Noce, &c.

EPICEDION, s. m. (Belles-Lettr.) mot qui dans la poésie greque & latine, signifie un poëme ou une piece de vers sur la mort de quelqu’un.

Chez les anciens, aux obseques des personnes de marque, on prononçoit ordinairement trois sortes de discours : celui qu’on récitoit au bûcher s’appelloit nenia : celui qu’on gravoit sur le tombeau, épitaphe : & celui qu’on prononçoit dans la cérémonie des funérailles, le corps présent & posé sur un lit de parade, s’appelloit épicédion. C’est ce que nous appellons oraison funebre. Voyez Oraison funebre. (G)

EPICENE, adj. terme de Grammaire, ἐπίκοινος, super communis, au-dessus du commun. Les noms épicenes sont des noms d’espece, qui sous un même genre se disent également du mâle ou de la femelle. C’est ainsi que nous disons, un rat, une linotte, un corbeau, une corneille, une souris, &c. soit que nous parlions du mâle ou de la femelle. Nous disons, un coq, une poule ; parce que la conformation extérieure de ces animaux nous fait connoître aisément celui qui est le mâle & celui qui est la femelle : ainsi nous donnons un nom particulier à l’un, & un nom différent à l’autre. Mais à l’égard des animaux qui ne nous sont pas assez familiers, ou dont la conformation ne nous indique pas plus le mâle que-la femelle, nous leur donnons un nom que nous faisons arbitrairement ou masculin, ou féminin ; & quand ce nom a une fois l’un ou l’autre de ces deux genres, ce nom, s’il est masculin, se dit également de la femelle, & s’il est féminin, il ne se dit pas moins du mâle, une carpe uvée : ainsi l’épicene masculin garde toûjours l’article masculin, & l’épicene féminin garde l’article féminin, même quand on parle du mâle. Il n’en est pas de même du nom commun, sur-tout en latin : on dit hic civis quand on parle d’un citoyen, & hæc civis si l’on parle d’une citoyenne, hic parens, le pere, hæc parens, la mere, hic conjux, le mari, hæc conjux, la femme. Voyez la liste des noms latins épicenes, dans la méthode latine de P. R. au traité des genres. (F)

EPICERASTIQUE, s. m. (Pharm.) ἐπικεραστικὸν, de κεράννυμι, mêler, tempérer : remede externe ou interne, qui corrige, émousse, tempere l’acrimonie des humeurs, & appaise la sensation incommode qu’elle cause.

On met communément dans ce nombre les racines émollientes ; comme celles de guimauve, de mauve, & de réglisse ; les feuilles de mauve, de nénuphar, de grande joubarbe, de pourpier, & de laitue ; les semences de jusquiame blanche, de laitue, de pavot blanc, & de rue : parmi les fruits, les jujubes, les raisins, les pommes, les sebestes, les amandes douces, & les pignons ; parmi les sucs & les liqueurs, le lait d’amande, l’eau d’orge, les bouillons gras, le lait du laiteron, la creme de décoction d’orge, le suc des feuilles de morelle, de sureau, &c. parmi les parties des animaux, le lait, le petit-lait, la tête & les piés de veau, & les bouillons qu’on en prépare ; parmi les mucilages, ceux qui sont faits avec les semences de psyllium, de coings, de lin, &c. parmi les huiles, celles d’olive, de behen, d’a-

mandes douces, les huiles exprimées des graines de calebasse, de jusquiame blanche, de pavot blanc, &c. parmi les onguens, l’onguent rosat, l’onguent blanc camphré, &c. parmi les sirops, ceux de violettes, de pommes, de guimauve, de fernel, de réglisse, de jujubes, de pavot, de pourpier, &c. parmi les préparations officinales, la pulpe de casse, les juleps adoucissans, le miel violat, &c.

Mais quelque vraie que soit cette liste, elle est informe & fautive ; parce que dans la bonne théorie le véritable épicérastique sera toûjours celui qui pourra tempérer, corriger l’acrimonie particuliere dominante. Par cette raison, tantôt les acides, tantôt les alkalis pourront être rangés dans la classe des épicérastiques internes, puisqu’ils seront propres à produire l’effet qu’on desire, suivant la nature des humeurs morbifiques, qu’il s’agira d’adoucir, de tempérer, de corriger. C’est un point qu’il faut sans cesse avoir devant les yeux dans le traitement des maladies, que de varier les remedes suivant les causes, & c’est ce que l’empirisme ne comprendra jamais. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EPICES, s. f. pl. (Comm.) On donne ce nom en général à toutes les drogues orientales & aromatiques, telles que le gérofle, le poivre, le gingembre, &c. dont nos Epiciers font le commerce.

Epices, (Fines) Pharm. c’est, suivant M. Pomet, un mêlange de poivre noir, de gérofle, de muscade, de gingembre, d’anis verd, & de coriandre, en proportion convenable. Prenez, par exemple, gingembre choisi, douze livres & demie ; gérofle, muscade, de chaque une livre & demie ; semences d’anis, coriandre, quantité proportionnée : mêlez & les pulvérisez assez subtilement, puis les gardez dans une boîte bien bouchée.

Ces fines épices ne sont employées que pour les ragoûts ; mais elles pourroient être, si l’on vouloit, d’un grand usage dans la Medecine, d’autant que c’est une poudre aromatique qui est stomachique, carminative, céphalique, expectorante, antiputride. On peut s’en servir pour fortifier le cerveau, pour atténuer les humeurs visqueuses, pour faire éternuer. James & Chambers.

Epices, (Jurisprud.) sont des droits en argent que les juges de plusieurs tribunaux sont autorisés à recevoir des parties pour la visite des procès par écrit.

Ces sortes de rétributions sont appellées en Droit sportulæ ou species, qui signifioit toutes sortes de fruits en général, & singulierement les aromates ; d’où l’on a fait en françois épices, terme qui comprenoit autrefois toutes sortes de confitures, parce qu’avant la découverte des Indes, & que l’on eût l’usage du sucre, on faisoit confire les fruits avec des aromates ; on faisoit aux juges des présens de ces sortes de fruits, ce qui leur fit donner le nom d’épices.

L’origine des épices, même en argent, remonte jusqu’aux Grecs.

Homere, Iliade, VI. dans la description qu’il fait du jugement qui étoit figuré sur le bouclier d’Achille, rapporte qu’il y avoit deux talens d’or posés au milieu des juges, pour donner à celui qui opineroit le mieux. Ces deux talens étoient, il est vrai alors, de peu de valeur ; car Budée, en son IVe. liv. de asse, en parlant de talento homerico, prouve par un autre passage du XXIVe. de l’Iliade, que ces deux talens d’or étoient estimés moins qu’un chauderon d’airain.

Plutarque, en la vie de Periclès, fait mention d’un usage qui a encore plus de rapport avec les épices, il dit que Periclès fut le premier qui attribua aux juges d’Athenes des salaires appellées prytanées, parce qu’ils se prenoient sur les deniers que les plaideurs consignoient à l’entrée du procès dans la prytanée,