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est maintenue par un sautoir ; aux années bissextiles la partie la moins saillante de la dent de la piece Son fait passer à chaque tour de la piece aa une dent de la roue annuelle, & lui fait faire un tour en 366 jours.

Dans les années de 365 jours, la partie la moins saillante de la dent fait passer 364 dents de la roue annuelle, & les deux dents de cette roue qui restent encore sont prises en un seul tour de la piece aa par la partie la plus saillante de la dent ; ensorte que les 366 dents de la roue annuelle sont prises en 365 fois qui répondent à autant de jours. Il reste à voir comment la piece Son change de position & monte pour présenter à la roue annuelle trois fois en quatre ans la partie la plus large de sa dent. L’étoile L divisée en huit parties est mue par deux chevilles que porte la roue annuelle, dont une fait passer une dent de l’étoile le 31 Décembre à minuit, & l’autre le 29 Février à la même heure. Cette étoile porte une plaque qui passe entre la roue annuelle & le cadran ; où est gravé premiere, deuxieme, troisieme année, & année bissextile, lesquelles paroissent alternativement à-travers une ouverture faite pour cet effet au cadran. Cette étoile porte les trois parties ppp, qui sont des plans inclinés, qui servent à éloigner de la piece aa trois fois en quatre ans la piece Son, & lui font présenter la partie n de la palette pour faire passer deux dents de la roue annuelle. Le ressort m est pour faire redescendre la piece Son aussi-tôt que le plan incliné lui en donne la liberté, ce qui se fait à l’instant que la palette fait passer la dent de la roue annuelle qui répond au premier Mars.

La dent de l’étoile parvenue à l’angle du sautoir g est obligée de parcourir un espace qui éloigne en même tems le plan S de la piece So, laquelle a un intervalle creusé dans la longueur du cylindre S. C’est dans cette partie que le plan incliné vient agir pour faire monter la piece oSn.

Cette méthode de marquer les années bissextiles & de faire mouvoir la roue annuelle, quoique plus simple que celle qu’on avoit suivie jusqu’au tems que je construisis cette pendule, ne m’ayant pas encore satisfait, j’ai cherché depuis un nouveau moyen, qui étant plus simple conserve toute la solidité possible ; ce que je compte avoir trouvé, ainsi qu’on le verra à la suite de la description que je donne d’une pendule à équation où je l’ai appliquée ; la comparaison de ces deux constructions m’a persuadé que l’on ne parvient pas sûrement à faire des machines simples, sans avoir vû ou passé par les composées.

La roue A est celle du tems moyen qui engrene à l’ordinaire dans celle C de renvoi, dont le pignon engrene dans celle de cadran : sur cette roue A est attachée une partie IL de cuivre, laquelle porte un petit pont R qui fait une espece de cage pour l’étoile E fendue en 20 parties. Cette étoile porte un pignon à lanterne de quatre dents qui engrenent dans la roue b du tems vrai ; c’est en faisant tourner l’étoile de l’un ou de l’autre côté, que l’on fait avancer ou retarder la roue du tems vrai, sans que celle du tems moyen se meuve. Le levier FT mobile au point Z sert à produire cette variation. La partie T de ce levier porte deux chevilles, celle de la partie supérieure sert à faire retarder l’aiguille du tems vrai, & l’autre au contraire à le faire avancer ; ce sont les différents diametres de la piece O taillée en limaçon, qui déterminent la quantité de dents qu’une des chevilles doit faire passer, & dans quel sens elle doit le faire. Ces pas de limaçons sont déterminés par l’équation du jour, chaque pas de la piece o comme q sert pendant que l’équation est constante (puisqu’ils sont tous formés par des portions de cercle concentrique à la roue annuelle, &

par conséquent à la piece O fixée sur la roue annuelle), & ils changent lorsque l’équation varie.

Le levier FT peut se mouvoir non-seulement en tournant sur ses pivots, mais encore monter & baisser, suivant leur longueur ; l’assiette de ce levier repose sur la piece aa ; cette piece a une entaille x, qui se présente à l’assiette à chaque 24 heures à 11 du soir, & lui permet de s’y enfoncer ; alors le levier présente l’une ou l’autre de ses chevilles à l’étoile E, qui emportée par la roue des minutes du tems moyen, rencontre une des chevilles du levier T, laquelle s’engage entre les rayons de l’étoile, & la fait tourner plus ou moins, suivant que la cheville se présente loin ou près du centre ; c’est cette quantité qui représente l’équation diurne : à minuit, l’entaille dans laquelle l’assiette étoit descendue, continuant à se mouvoir, fait remonter le levier par un plan incliné fait à l’entaille. Le levier reste élevé jusqu’à 11 heures du soir suivant, ce qui empêche les chevilles qu’il porte de s’engager pendant tout ce tems dans les dents de l’étoile, quoique l’étoile fasse la même révolution, & soit toûjours emportée par la roue des minutes.

La piece D que porte cette roue est pour faire équilibre, non-seulement avec l’étoile & sa petite cage, mais encore avec l’aiguille des minutes du tems moyen ; l’aiguille du tems vrai est d’équilibre par elle-même.

Pour que les enfoncemens des portions de limaçon puissent être plus grands, & par-là ôter toutes les erreurs qui en pourroient résulter (comme, par exemple, qu’une des chevilles qui fait tourner l’étoile ne se présente pour faire passer trois dents au lieu de deux, &c.) ; la piece aa porte une cheville qui, pendant que la dent de la piece osn en fait passer une de la roue annuelle, éloigne la partie F du levier FT des pas de limaçon les plus élevés de la piece O ; en sorte que ces pas de limaçon n’exigent point de plans inclinés pour faire passer le levier FT à un pas plus élevé.

Lorsque la palette de la piece onS a fait passer une dent de la roue annuelle, la piece aa continuant à se mouvoir, lorsque la sonnerie frappe telle heure ; l’entaille y du levier FT, sert à y laisser entrer la cheville, & permet au levier de reprendre sa situation naturelle, & par conséquent à la partie F du levier de poser sur la portion de cercle qui se présente ; c’est après ces changemens que l’entaille x se présente à l’assiette du levier FT, & que se fait, comme on l’a vû, le changement d’équation.

J’ai fait graver sur la roue annuelle, dans une partie au-dessous de celle des mois, & de leurs quantiemes, la différence du tems vrai au tems moyen ; afin que si on laissoit la pendule arrêtée, on la puisse remettre à l’équation, sans le secours d’une table ; il n’y a que ce cas particulier qui oblige de retoucher à cette équation, puisqu’en faisant tourner l’aiguille des minutes du tems moyen, celles du tems vrai & de cadran tournent aussi.

Je joins ici une table particuliere que j’ai dressée pour tailler la courbe ou piece o : elle sert à déterminer l’espace qui doit être compris depuis chaque pas de limaçon jusqu’à l’autre ; & pour ne rien laisser à desirer, & éviter l’embarras où pourroient se jetter ceux qui voudroient exécuter ces sortes de pendules, je marquerai les moyens que j’ai mis en usage pour plusieurs de ces ouvrages que j’ai exécuté sur ce principe avec beaucoup de facilité. J’aurois dû remettre ce qui regarde l’exécution pour la fin de cet article, que je terminerai par la partie de l’exécution ; mais comme les moyens d’opérer pour cette construction-ci lui sont particuliers, & ne peuvent servir à d’autres, il me paroît plus naturel de les placer immédiatement après la description.