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nemi d’y appliquer ses échelles, garnir les flancs des bastions de pieces de canon chargées à cartouche avec des balles d’un quarteron, ou de la ferraille, pour tirer sur ceux qui voudroient escalader la place vis-à-vis les courtines ; mettre dans les corps-de-garde à portée du rempart, des hallebardes, des faulx emmanchées de revers, & toutes autres sortes d’armes propres à donner sur l’ennemi lorsqu’il paroît au haut de l’échelle, & à le pousser dans le fossé ; garnir le rempart d’une grande quantité de poutres cylindriques, pour les faire rouler sur les échelles & sur ceux qui sont dessus : & si la garnison ne se trouve pas en assez grand nombre pour pouvoir occuper tout le rempart, on doit attacher sur la partie supérieure du parapet des chevaux de frise, ou autre chose qui puisse empêcher l’ennemi de passer par-dessus pour sauter sur le rempart. Le rempart doit aussi être garni de bombes & de grenades toutes chargées, pour faire rouler dans le fossé sur l’ennemi. On doit aussi avoir des artifices préparés pour jetter sur lui, comme fascines gaudronnées, barrils foudroyans, pots à feu, &c. & jetter aussi dans le fossé une grande quantité de balles à feu pour l’éclairer, & que le canon de la place puisse faire un grand effet sur les troupes qui sont dedans. On peut encore garnir aussi le fossé de chausses-trapes, de petits fossés couverts de claies & de terre, pour que l’ennemi ne s’en apperçoive point, & qu’il tombe dedans : il peut y avoir au milieu de ces petits fossés une palissade, ou plûtôt quelques longues pointes de fer disposées de maniere à enferrer ceux qui y tomberont, &c. (Q)

Escalade des Titans, grande & belle machine du prologue de Naïs, dont on trouvera la figure & la description dans un des volumes des Planches gravées. (B)

* ESCALE, s. f. (Commerce.) On nomme ainsi, sur les côtes d’Afrique, ce qu’on appelle une échelle dans le Levant, c’est-à-dire un lieu de commerce où les marchands negres viennent apporter leurs marchandises aux Européens : on le dit aussi des endroits où les Européens vont faire la traite avec eux.

Au Senegal il y a quantité de ces escales le long de la grande riviere & de la riviere du Morphil, les unes à trente lieues, les autres jusqu’à cent lieues & davantage de l’habitation des François.

On nomme aussi escales sur l’Océan les ports où abordent les navires pendant leurs voyages, soit pour rafraîchissement & autres choses nécessaires, soit pour y décharger partie de leur fret, ou pour recevoir des marchandises dans leur bord.

Les escales en France pour Terre-Neuve sont Oleron, Broüage & la Rochelle, c’est-à-dire celles où les navires se fournissent ordinairement de sel, & souvent de biscuit, pour leur pêche.

Faire escaler, c’est entrer dans un port pour s’y rafraîchir, ou y prendre ou décharger des marchandises en passant. Dictionn. de Comm. de Trév. & de Chamb. (G)

* ESCALETTE ou ECHELETTE, s. f. (Manûf. en soie.) c’est un parallelepipede de bois bien équarri, où l’on a pratiqué cinquante coches, & chaque coche capable de renfermer huit cordes de semple ; il est de la largeur juste de la feuille du dessein, qui contient cinquante dixaines pour les métiers ordinaires de quatre cents cordes. L’escalette sert pour la lecture du dessein. Voyez l’escalette dans nos Planches de soyerie.

Escalette, (Rubanier.) espece de peigne de bois, servant à mettre les soies en largeur sur les ensuples lors du ployage. On verra dans nos Planches de Rubanerie, l’escalette toute ajustée ; les soies arrangées dans sa denture, & prêtes à être ployées sur l’ensuple ; l’escalette garnie de ses dents de fil-de-fer ;

les deux petits montans des bouts terminés en tenons pour entrer dans les mortoises du dessus, & les trous du dessus pour recevoir les petites chevillettes, qui tiendront ces deux pieces unies ensemble. Voici l’usage de l’escalette ; on met une plus grande ou plus petite quantité des fils de la chaîne (ordinairement c’est une portée, quand on a un encroix par portée) dans chacune de ses dents, suivant la largeur que l’on veut donner au ployage ; ensuite le ployeur faisant agir le bâton à tourner de la main droite (voyez Baton à tourner), il conduit de la gauche l’escalette, ce qui sert à arranger les soies de la chaîne uniment & également sur l’ensuple, qui doit les porter jusqu’à la fin de l’ouvrage ; il conduit, dis-je, l’escalette, mais doucement, en tournant de tems en tems l’escalette devers lui, pour que les soies s’enroulent en plus petite, ensuite en plus grande largeur ; ce qui s’exécute, afin que ces mêmes soies ne se trouvent point emmoncelées toutes en un tas, & sujettes par-là à ébouler, ce qui mettroit une confusion très nuisible sur l’ensuple ; confusion qu’il faut toûjours éviter dans ce métier, d’ailleurs assez confus.

ESCALIER, DEGRÉ, MONTÉE, synonymes : ces trois mots désignent la même chose, c’est-à-dire cette partie d’une maison qui sert par plusieurs marches à monter aux divers étages d’un bâtiment, & à en descendre. Mais escalier est aujourd’hui devenu le seul terme d’usage. Degré ne se dit plus que par les bourgeois, & montée par le petit peuple. Degré s’employoit dans le dernier siecle, pour signifier chaque marche d’un escalier, & le mot de marche étoit uniquement consacré pour les autels. Nous aurions peut-être bien fait de conserver ces termes distinctifs, qui contribuent toûjours à enrichir une langue. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Escalier, du latin scalæ ; montées ; c’est, dans un bâtiment, une piece dans laquelle sont pratiqués des degrés ou marches, pour monter & descendre aux différens étages élevés les uns au-dessus des autres. Ces degrés se font de marbre, de pierre, de bois, selon l’importance de l’édifice, & se soûtiennent en l’air par différentes especes de voûtes, dont la poussée est retenue par les murs qui forment la cage de l’escalier.

Il se fait de plusieurs sortes d’escaliers ; savoir à trois rampes, comme celui des Tuileries construit en pierre (voyez celui du plan, faisant partie de la distribution d’un palais, dans les Planches d’Architect.) ; à deux rampes, comme celui de Saint-Cloud, de marbre ; à une seule rampe, tels que le sont la plûpart de ceux de nos hôtels à Paris, & que l’on appelle, selon la diversité de leur figure & de leur construction, escaliers triangulaires, cintrés, à jour, sphériques, suspendus, à vis saint-Gille, en arc de cloître, &c.

La situation des escaliers, leur grandeur, leur forme, la maniere de les éclairer, leur décoration, & leur construction, sont autant de considérations importantes à observer pour parvenir à les rendre commodes, solides, & agréables.

De leur situation. Anciennement on plaçoit les escaliers hors œuvre du bâtiment ; ensuite on les a placés dans l’intérieur & au milieu de l’édifice, tels qu’on le voit encore aujourd’hui au palais du Luxembourg ; à présent on les place à côté du vestibule, ainsi qu’on le remarque au château des Tuileries, ayant reconnu que les escaliers placés dans le milieu du bâtiment, masquoient l’enfilade de la cour avec celle des jardins. Plusieurs architectes regardent comme arbitraire de placer les escaliers à la droite ou à la gauche du vestibule ; cependant il faut convenir que la premiere situation est plus convenable, parce qu’il semble que nos besoins nous portent plus volontiers à chercher à droite ce qui nous est propre : néanmoins il y a des circonstances où l’on peut s’écarter de cette