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tant l’insuffisance d’un architecte, lorsque quelques-unes des parties que nous recommandons ici manquent essentiellement dans leur situation, leur forme, leur décoration, & leur construction.

Regle la plus convenable pour constater la hauteur & le giron des marches. Le pas ordinaire d’une personne qui marche de niveau est communément de deux piés ; d’où il paroît que la longueur du pas horisontal est double de celui fait perpendiculairement : or pour la joindre ensemble, il faut que chaque hauteur de marche prise avec son giron compose un pas ordinaire qui egale la longueur de deux piés ; pour cet effet si on ne donne qu’un pouce de hauteur à une marche, il faut lui en donner vingt-deux de largeur ; si la marche a deux pouces de haut, qui valent autant que quatre pouces de large, elle ne doit avoir que vingt pouces de giron ; si elle a trois pouces de hauteur, la largeur doit être de dix-huit ; ainsi de suite. Cette proportion est confirmée par l’expérience, quoiqu’elle ne soit pas toûjours observée dans la plûpart de nos escaliers ; mais du moins faut-il éviter l’inégalité des girons dans les rampes comprises dans une même cage, de même que les ressauts dans les appuis ou balustrades, & ne jamais donner plus de six pouces à la hauteur des marches. Voy. mur d’Echiffre, Giron, Marche.

On peut aussi renvoyer les amateurs de la piece du bâtiment dont on vient de parler, au célebre Palladio, un de ces hommes rares qui par leur génie & leurs talens travaillerent dans le xvj. siecle avec le Trissin, Scamozzi, Bramante, Vignole, & quelques autres, à faire revivre les anciennes beautés de l’Architecture, & à rétablir les regles du bon goût si longtems éclipsées par la barbarie. Pallodio est le premier qui ait décrit les choses les plus curieuses que nous ayons sur les ouvertures, la situation, la grandeur, les formes, & la construction des escaliers, & il a joint des desseins à ces descriptions ; ils sont à la suite du premier livre de son ouvrage d’Architecture, qui parut à Rome en 1570, in-folio. (P)

Escalier, (Hydr.) On pratique dans la construction des cascades des escaliers de pierre, dont la plûpart sont en fer à cheval, avec un bassin qui en occupe le milieu ; quelquefois ces escaliers sont de gason. Voyez Escalier de gason. (K)

Escalier de Gason, (Jard.) Rien n’est si commode dans les jardins en terrasse, que de fréquens escaliers. On préfere aujourd’hui aux escaliers de pierre ceux de gason, qui cependant ne conviennent que dans des talus ou glacis, dans des bosquets, dans des vertugadins & amphithéatres de gason.

Autant qu’il est nécessaire de laisser une petite pente sur les girons des marches de pierre, pour faire écouler l’eau qui pourriroit les joints de recouvrement, autant il la faut conserver pour le maintien du gason, en tenant les girons des marches de gason très-droits.

Ces escaliers doivent être doux & peu nombreux en marches de suite, sans y trouver des paliers ou repos. Il les faut tondre au ciseau tous les mois, les battre après la pluie ou l’arrosement ; ce qui entretiendra long-tems leur beauté. (K)

Escalier, (Charpente.) Il y a des escaliers de différentes sortes. On appelle escalier à noyau recreusé, ou colet rampant, celui qui laisse un jour au milieu de deux limons ; escalier à un noyau, celui qui est comme une vis, & ne laisse aucun jour au milieu ; escalier à deux noyaux, celui qui a un limon entre les deux noyaux, mais sans aucun jour ; escalier à quatre noyaux, celui qui laisse un jour quarré au milieu.

ESCALIN, s. m. (Comm.) petite monnoie de cours dans la Flandre autrichienne, évaluée à environ 12 sous de notre argent.

ESCAMOTES, s. f. (Comm.) toiles de coton qui

se tirent du Levant par la voie de Smirne. Elles se fabriquent à Menemen ; elles portent 30 piés de Smirne, évalués à dix cannes de Marseille.

ESCAMOTER, v. act. en terme de Brodeur au métier, c’est faire disparoître les bouts d’or ou de soie, &c. en les tirant de dessus l’ouvrage en dessous. On se sert pour cela d’une aiguille dans laquelle le fil est entré deux fois, & forme un anneau dans lequel se prend le bout, & se passe dessous la piece.

ESCANDILLONAGE, s. m. (Jurisprud.) est un droit dû à quelques seigneurs féodaux pour la visite, examen, & étalonnage des poids & mesures. Ce terme vient du mot échantillon, qui étoit quelquefois usité en cette matiere pour étalon, l’échantillon étoit la regle des autres poids & mesures ; d’échantillon on a fait eschanteler, ou eschantiller. La charte des libertés de Mont-Royal de l’an 1287 porte : & si dicatur mensura falsa, vel ulna, ad mensuras vel ulnas eschantillandas vocentur duo vel tres burgenses meliores de villâ, & illi cujus est mensura vel ulna & in præsentrâ eorum eschantilletur, & videatur utrum sit falsa vel non.

Le terme d’échantiller est encore usité à Lyon pour les poids, & signifie confronter un poids avec le poids original. Le reglement du 28 Septembre 1689, ordonne que le fermier du droit de marque sur l’or & sur l’argent sera tenu de se servir dans l’argue de Lyon de poids échantillés sur la matrice du poids de marc étant au greffe de la monnoie de Lyon ; il est visible que de ce mot eschantiller on a fait eschantillonage, pour signifier l’action d’eschantiller & le droit qui se perçoit pour cette opération, & que dans la suite on a prononcé & écrit escandillonage pour eschantillonage. Voyez S. Julien dans son hist. de Châlons, p. 394. la coûtume de Lodunois, tit. de moyenne justice, art. 2. Begat, sur la coût de Bourgogne, art. 187. Boizard, en son traité des monnoies. Voyez aussi Echantillon, Etalon, Mesures, Poids. (A)

ESCAPADE, s. f. (Manége.) C’est ainsi que l’on a nommé autrefois & que l’on nomme encore aujourd’hui l’action licentieuse, fougueuse & déreglée d’un cheval, qui se révolte & qui refuse d’obéir & de se soûmettre. Voyez Fantaisie. (e)

ESCAPE, terme d’Architecture. Voyez Congé.

ESCARBALLE, (Comm.) c’est ainsi qu’on appelle les dents d’éléphans du poids de vingt livres & au-dessous.

ESCARBITE, s. f. (Marine.) c’est un morceau de bois creusé d’environ huit pouces de long, sur quatre de large, dans lequel on met de l’étoupe mouillée, pour tremper les ferremens dont se servent les calfats quand ils travaillent. (Q)

ESCARBOT, s. m. (Hist. nat. Insectolog.) scarabœus, stercorarius, pilularius, seu cantharus, insecte du genre des scarabées ; il a le corps large, épais, de couleur noire, luisante, & mêlée d’une teinte de bleu. Il porte deux antennes dont l’extrémité est divisée en plusieurs filets ; ses pattes sont dentelées. On le trouve dans le fumier & dans l’ordure la plus puante ; c’est pourquoi on lui a donné le nom de stercorarius ; & parce qu’il en fait des pelotes avec ses pattes, on l’a appellé pilularius. On le nomme aussi par la même raison fouille-merde. Voyez Scarabée, Insecte.

Escarbot, (Mat. med. & Pharmacie.) L’escarbot, en latin scarabeus, est plus connu chez les apothicaires sous le nom de scarabée, que sous celui d’escarbot. Voyez Scarabée.

* Escarbot, (Myth.) cet insecte fut adoré des Egyptiens. Porphyre dit dans Eusebe, qu’ils sont tous mâles. L’escarbot est dans la table isiaque & dans une infinité d’autres anciens monumens égyptiens. Les Basilidiens ne l’avoient pas oublié dans leurs pierres magiques. Voyez Basilidiens.