Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 5.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Armure d’un double-fond courant, à une navette, démontrée pour le poil seulement.
Quand il y a un liséré ou deux navettes, la seconde marche ne baisse point de poil ; mais il y a une lisse de liage à l’ordinaire.

DOUBLÉ, adj. (Arithmetique & Algebre.) raison doublée, c’est le rapport qui est entre deux quarrés ; ainsi la raison doublée d’a à b, est le rapport d’aa à bb, ou du quarré de a au quarré de b. Voyez l’article Quarré.

Dans une progression géométrique le premier terme est au troisieme en raison doublée du premier au second, ou comme le quarré du premier est au quarré du second : ainsi dans la progression 2, 4, 8, 16, le rapport de 2 à 8 est doublé de celui de 2 à 4, c’est-à-dire que 2 est à 8, comme le quarré de 2 au quarré de 4. Voyez Progression.

Souvent les commençans confondent la raison doublée avec la raison double ; quelques auteurs même se servent indifféremment de ces expressions, rien n’est cependant plus différent ; la raison de 8 à 4 est une raison double, parce que 8 est double de 4 ; la raison de 16 à 4 est doublée de celle de 4 à 2, c’est-à-dire est la raison du quarré de 4 au quarré de 2. Il faut de même distinguer raison sous-doublée de sous-double ; la raison de 4 à 8 est sous-double, celle de 2 à 4 est sous-doublée de 4 à 16, c’est-à-dire comme la racine quarrée de 4 est à celle de 16. (O)

DOUBLEAU, (Architecture.) Voyez Arc-Doubleau.

DOUBLEMENT, s. m. (Jurisprud.) est une enchere qui se fait au-dessus de celle qu’on appelle tiercement.

En matiere d’eaux & forêts le demi-tiercement n’est reçû que sur le tiercement ; mais on peut d’une seule enchere faire le tiercement & demi-tiercement, ce qui s’appelle doublement : telle est la disposition de l’ordonnance des eaux & forêts, titre xv. article 35.

Mais en fait d’adjudication des fermes & domaines du roi, le doublement s’entend autrement ; car comme dans ces sortes d’adjudications le tiercement est de trois fois en-sus de l’enchere, le doublement, qu’on appelle aussi triplement, est de six fois le montant de la premiere enchere ; par exemple, si l’enchere est de 10000 livres, le doublement est de 90000 livres. Voyez l’arrêt du 12 Juin 1725, qui prescrit les délais pour faire les tiercemens & doublemens sur les adjudications des domaines. (A)

DOUBLER, v. act. (Spectacle.) pour prendre la place, ou pour tenir la place, terme d’Opéra. Les premiers acteurs sont doublés par les seconds, &

ceux-ci par les troisiemes ; ensorte que quelqu’accident qui arrive, l’opéra de Paris est toujours représenté.

Les acteurs en sous-ordre ne paroissent guere que dans ces occasions, c’est-à-dire que ceux qui auroient le plus de besoin d’exercer leur talent pour le développer, sont précisément ceux qui sont les plus oisifs ; c’est pourtant par le travail, par l’exemple, par l’exercice, qu’il est possible de former des acteurs. En supposant quelque talent dans les sujets, il faudroit donc 1°. les forcer au travail, leur offrir perpétuellement les modeles qu’ils doivent suivre, & les exercer pour les rompre au théâtre : 2°. tirer un avantage de ce nombre d’acteurs, presque toûjours inutiles, pour l’embellissement réel du spectacle.

Les chœurs sont toûjours sans action sur le théâtre ; & le moyen de procurer le plus grand plaisir au spectateur, seroit de les faire agir suivant les choses qu’ils chantent. Voyez Chœurs. Mais l’expédient sûr & d’embellir le spectacle, & de donner du mouvement aux chœurs, est de mettre à leur tête, & en-avant, tous les doubles hommes & femmes. Plus rompus à l’action que la multitude des choristes, il seroit aisé de leur faire faire les mouvemens nécessaires. Les chœurs les suivroient comme une compagnie de soldats suit les mouvemens de ses officiers.

Ces acteurs se romproient eux-mêmes chaque jour davantage à l’action, & présens forcément à la représentation, ils auroient sans cesse devant les yeux les modeles sur lesquels ils peuvent se former. Leurs habits plus distingués que ceux des chœurs, ajoûteroient à la magnificence du spectacle, & cet ordre rendroit toutes les belles idées qu’on veut peindre, lorsque les chœurs se rassemblent sur le théâtre. Les difficultés à vaincre sur cette partie, doivent être bien foibles à côté de l’autorité, du desir de l’embellissement du spectacle, & du besoin qu’on a toûjours de former des sujets. Voyez Double, Spectacle. (B)

Doubler. L’action de doubler, en terme militaire, c’est lorsque de deux rangs ou de deux files de soldats l’on n’en fait qu’une. Voyez Rang & File.

Quand le commandement dit, doublez vos rangs, alors les second, quatrieme & sixieme rangs doivent marcher dans le premier, le troisieme, & le cinquieme ; de maniere que de six rangs on n’en fait