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l’escadron rangé sur deux rangs AB & CD, divisés par quatre cavaliers. Chaque division est marquée par des points qui forment une espece d’accollade qui renferme les quatre cavaliers qui doivent manœuvrer ensemble.

Pour que cette troupe fasse à-droite, il faut que le cavalier de la droite de chaque division soûtienne, ainsi qu’on s’exprime ordinairement, c’est-à-dire qu’il serve de pivot, & que les autres fassent autour de lui un quart de conversion.

L’expérience fait voir qu’il n’y a rien de plus aisé à exécuter que ce mouvement. Le cavalier qui soûtient n’a autre chose à faire qu’à ployer, pour ainsi dire, son cheval de maniere qu’il suive le mouvement de ceux qui tournent avec lui ; ce qui est facile lorsque les chevaux sont accoûtumés dans l’escadron, où ils prennent l’habitude de marcher à côté les uns des autres, & à la même hauteur.

La figure 68. fait voir le mouvement exécuté & le nouvel ordre qui en résulte. La troupe est alors sur autant de rangs qu’il y a de divisions dans le rang, lesquels font face à la droite de l’escadron. Si l’on fait un second à-droite, la troupe fera face à la queue de l’escadron. Voyez la figure 69.

Les deux à-droite precédens qu’on a supposé être exécutés en deux tems, peuvent être faits par un seul mouvement sans interruption, comme dans l’infanterie. Alors si les officiers veulent passer à la tête de l’escadron, ils tournent autour de l’un des flancs ; mais si l’on fait le demi-tour en deux tems, il se trouve, après le premier à-droite, des ouvertures dans la profondeur de l’escadron, comme on le voit dans la figure 68, par où les officiers peuvent passer. Le second à-droite reforme l’escadron vers la queue, de la même maniere qu’il l’étoit à la tête avant le mouvement.

Remarques.

I. Il faut observer que le demi-tour à droite de la maniere qu’on vient de le supposer exécuté, change un peu le terrein de l’escadron ; car par ce mouvement on laisse à sa gauche un espace presqu’égal au front de chaque division, ou capable de contenir trois chevaux lorsque les divisions sont de quatre cavaliers. On a marqué cet espace dans la figure 69, par la représentation ponctuée des chevaux qui l’occupoient d’abord ; mais on gagne vers la droite de l’escadron un espace de pareille étendue.

II. Il se fait aussi quelques changemens dans le dedans ou l’intérieur de l’escadron, mais seulement dans l’arrangement des hommes de chaque rang. Les chiffres par lesquels on a marqué les hommes dans la premiere position (fig. 67.), font voir dans la figure 69. en quoi consiste cette espece de dérangement.

III. Si l’on veut faire ce même mouvement à gauche, c’est le cavalier de la gauche de chaque division qui sert de pivot : il tourne sur le pié de devant du montoir, qui est le gauche, & les autres cavaliers de la même division tournent autour de lui & avec lui, comme dans le quart de conversion. Il est évident qu’on peut faire le demi-tour à gauche d’un seul mouvement continu, comme à droite.

IV. Par le mouvement qu’on vient d’expliquer, une ligne de cavalerie, c’est-à-dire une suite d’escadrons placés en ligne droite à côté les uns des autres, peut tourner pour marcher sur sa droite ou sur sa gauche, dans le tems nécessaire, à quatre ou six cavaliers pour décrire un quart de conversion. C’est pourquoi comme l’exécution de ce mouvement demande très peu de tems, c’est celui, dit M. le maréchal de Puysegur, dont il faut se servir comme le plus sûr & le

plus prompt, lorsqu’on est près de l’ennemi & qu’on est obligé de s’ouvrir sur la droite ou sur la gauche.

5. Au lieu de faire des divisions qui obligent de compter, comme de cinq ou de six, &c. cavaliers, on peut diviser le front de chaque compagnie en deux parties, & faire le mouvement précédent sur la droite ou sur la gauche par demi-compagnie.

Si l’on a, par exemple, un escadron de quatre compagnies de trente-six hommes chacune ; ces compagnies formées sur trois rangs auront douze hommes de front, & l’escadron en aura quarante-huit.

Pour faire tourner cet escadron à droite, ou pour le faire marcher sur sa droite, on commandera à droite par six, ou par demi-compagnie ; & le mouvement étant exécuté, la troupe ou l’escadron marchera sur sa droite par un front de trois demi-compagnies, c’est-à-dire dans cet exemple de dix-huit hommes.

Si l’on veut que ces trois demi-compagnies se joignent sans intervalle, il faut avoir attention que les rangs ne soient éloignés les uns des autres, avant le mouvement, que de 18 piés ou de la distance nécessaire pour mettre six cavaliers à côté les uns des autres.

De la conversion. Les conversions se font, dans la cavalerie, de la même maniere que dans l’infanterie : il n’y a de différence que dans les termes du commandement.

Ce qu’on appelle quart de conversion dans l’infanterie, se nomme assez ordinairement caracole dans la cavalerie. Quelques auteurs donnent néanmoins le nom de caracole à la demi-conversion ou au demi-tour que fait l’escadron considéré comme corps inflexible, pour faire face à sa queue ; alors le quart de conversion est appellé demi-caracole, mais ce dernier terme est peu usité : on dit plus communément faire marcher sa gauche ou sa droite, suivant que le quart de conversion doit se faire de l’un ou de l’autre côté.

Pour exécuter le quart de conversion ou la demi-caracole, on fait arrêter la troupe, si elle est en marche, par ce commandement, halte : & l’on dit ensuite, si le quart de conversion doit se faire à droite, doucement la droite, marche la gauche ; de-là vient que ce mouvement est appellé faire marcher sa gauche.

Si la demi-caracole doit se faire à gauche, on fait ce commandement : doucement la gauche, marche la droite.

Comme ces dernieres expressions sont équivoques, en ce qu’elles peuvent s’appliquer au mouvement de l’escadron par la droite ou par la gauche, & qu’elles ne sont point prescrites par les ordonnances, on croit qu’il est plus à-propos d’exprimer la demi-caracole par le terme de quart de conversion, comme le fait l’ordonnance du 22 Juin 1755 sur l’exercice de la cavalerie.

Le terme de caracole n’a pas toûjours exprimé le demi-tour à droite ou à gauche de l’escadron : on le donnoit autrefois à un mouvement de chaque file, qui se faisoit successivement par le flanc de l’escadron : on l’employoit pour insulter un escadron ennemi mal monté, ou qui ne pouvoit quitter son terrein.

Dans ce mouvement chacune des files se détachoit successivement de l’escadron, & elle alloit passer devant l’ennemi en serpentant, & en faisant des passades à droite & à gauche pour ôter la mire à ceux qu’elle insultoit ; elle revenoit ensuite par l’autre flanc de l’escadron, & passant derriere elle reprenoit sa premiere position.

Lorsqu’on vouloit exécuter ce mouvement, l’officier qui commandoit l’escadron faisoit ce commandement : à moi l’aîle droite par caracole à gauche en faisant front en queue.

    vantes, les chevaux par leur projection perpendiculaire sur le terrein ; on distingue par-là plus aisément le mouvement des chevaux & l’espace qu’ils occupent, que s’ils étoient représentés en élévation ou en perspective.