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drie ; d’autres Jacobites, du nom d’un certain Jacob ou Jacques, Jacobus, de Syrie ; cette branche s’établit elle-même en Arménie, où elle subsiste encore. Voyez Jacobites.

Les autres principales sont celles des Théopaschites, qui prétendoient que dans la passion de J. C. c’étoit la divinité qui avoit souffert ; les Acéphales, c’est-à-dire sans chef ; les Sévériens, ainsi nommés d’un moine appellé Sévere, qui monta sur le siége d’Antioche en 513 ; on les appella encore Corrupticoles & Incorrupticoles. Voyez ces mots. Les Séveriens se partagerent encore en cinq factions, savoir les Agnoëtes ou Agnoïtes ; les partisans de Paul, μέλανες, c’est-à-dire, les noirs, les angélites ; enfin les Adriates & les Cononites. Trévoux, Chambers, & l’Hist. ecclésias. (G)

Eutychiens, s. m. pl. (Hist. ecclésiast.) étoit aussi le nom d’une autre secte d’hérétiques moitié Ariens & moitié Eunomiens, qui commença à paroître à Constantinople dans le quatrieme siecle.

Les Eunomiens à Constantinople disputoient alors vivement entr’eux, savoir si le fils de Dieu connoît le jour & l’heure du jugement dernier ; les uns se fondoient principalement sur ce passage de l’évangile de S. Math. chap. xxjv. vers. 36. ou plûtôt sur celui de S. Marc, chap. xiij. vers. 32. où il est dit que le fils ne le connoît pas, mais qu’il n’y a que le pere. Eutychius ne fit pas difficulté de soûtenir, même par écrit, que le fils connoissoit le dernier jour : ce sentiment déplaisant aux savans du parti d’Eunomius, il se sépara d’eux, & se retira vers Eunomius qui étoit alors en exil.

Cet hérétique pensa comme Eutychius, que le fils n’ignoroit rien de ce que le pere sait, & le reçut à sa communion. Eunomius étant mort bien-tôt après, le chef des Eunomiens à Constantinople refusa d’admettre Eutychius, qui pour cette raison forma une secte particuliere de ceux qui s’attacherent à lui, & qui furent nommés eutychiens.

Ce même Eutychius avec un certain Theophronius contemporain de Sozomene, furent les auteurs de tous les changemens que les Eunomiens firent dans l’administration du baptême : ils consistoient, selon Nicéphore, à le donner par une seule immersion, & à l’administrer, non pas au nom de la Trinité, mais en mémoire de la mort de Jesus-Christ.

Nicéphore appelle le chef de cette secte Eupsychius, & non Eutychius, & ses sectateurs Eunomiœupsychiens. V. Eunomiœupsychiens. Chamb. (G)

Evuidé, (Jardinage.) se dit d’un arbre en buisson, dans le milieu duquel il ne faut laisser aucune branche.

EVUIDER, v. act. en Architecture ; c’est tailler à jour quelque ouvrage de pierre ou de marbre, comme des entre-las ; ou de menuiserie, comme des panneaux de clôture de chœur, d’œuvre, de tribune, &c. autant pour rendre ces panneaux plus legers, que pour voir à-travers. (P)

Evuider, en terme de Cloutier-Faiseur d’aiguilles courbes ; c’est faire une petite coulisse au-dessus ou au-dessous du trou pour contenir le fil, & l’empêcher de s’écarter à droite ou à gauche, pour le rendre d’égale grosseur avec le corps de l’aiguille ; autrement il déchireroit la partie que l’aiguille n’auroit point assez ouverte.

Evuider, en terme de Chauderonnier ; c’est mettre la derniere main à l’ouvrage, dégager les contours, pincer les angles, & leur donner plus de grace.

* Evuider, (Ouvriers en fer) Ce terme se prend encore en un sens particulier chez les ouvriers en fer. Ils évuident au marteau, à la lime, à la meule, & à la polissoire, lorsqu’au lieu de laisser à un instrument tranchant, ou autre piece, une surface plane, ils creusent plus ou moins cette surface, & la rendent concave.

Evuider, en terme de Cornetier, est l’opération par laquelle on forme les dents d’un peigne par le moyen d’un guide-âne qui en scie une, pendant qu’une au-

tre lame moins avancée, comme nous l’avons dit à son article, trace la suivante. C’est par ce moyen qu’on garde une même distance entre toutes les dents d’un peigne.

EVUIDOIR, s. m. (Lutherie.) outil dont les Facteurs d’instrumens à vent se servent pour accroître en-dedans les trous de ces instrumens qui forment les tons ; il consiste en une meche de perce, emmanchée dans une poignée comme une lime. Voyez les figures dans les Planches de Lutherie.

EX

EXACERBATION, s. f. (Medecine.) Voyez Redoublement, Paroxysme ou Accès, Maladie, Fievre.

* EXACTEUR, s. m. (Hist. anc.) c’étoit, 1°. un domestique chargé de poursuivre le remboursement des dettes de son maître. 2°. Un autre domestique qui avoit l’œil sur les ouvriers. 3°. Un officier de l’empereur qui hâtoit le recouvrement de l’impôt appellé pecuniarum fiscalium ; on le nommoit aussi compulsor. 4°. Un autre officier qui suivoit les patiens au supplice, & qui veilloit à ce que l’exécution se fît, ainsi qu’elle avoit été ordonnée par les juges. Celui-ci s’appelloit exactor supplicii.

EXACTION, sub. f. (Jurisprud.) c’est l’abus que commet un officier public qui exige des émolumens au-delà de ce qui lui est dû. (A)

* EXACTITUDE, s. f. (Morale.) terme relatif à des regles prescrites ou à des conditions acceptées. L’exactitude est en général la conformité rigoureuse à ces regles & à ces conditions.

EXAGERATION, s. f. figure de Rhétorique par laquelle on augmente ou l’on amplifie les choses, en les faisant paroître plus grandes qu’elles ne sont par rapport à leurs qualités bonnes ou mauvaises. Voyez Hyperbole.

Ce mot est formé d’exaggero, j’exagere, qui est composé de la préposition ex, & d’agger, un monceau, une élevation de terre. (G)

Exagération, en Peinture, est une méthode de représenter les choses d’une maniere trop chargée & trop marquée, soit par rapport au dessein, soit par rapport au coloris, ou à la position des objets.

L’exagération n’est permise, soit dans la forme, soit dans la couleur des objets, que lorsqu’elle les fait paroître tels qu’ils sont, du point d’où ils doivent être vûs, autrement c’est toûjours un vice. (R)

Mais il est souvent difficile d’éviter ce vice : le peintre qui réussit en ce genre, & qui ne fait point sortir l’objet de son caractere, doit, entr’autres talens, être doüé d’une profonde connoissance des effets de la perspective & de l’effet des couleurs : cette connoissance est absolument nécessaire dans tous les grands ouvrages, où l’on ne peut s’empêcher d’employer l’exagération du dessein, celle de la forme des objets, & celle du ton des couleurs, soit dans les clairs, soit dans les ombres, à cause de la superficie du fonds sur lequel on travaille, de la distance où l’ouvrage doit être vû, & du tems qui fait toûjours perdre beaucoup du brillant des couleurs. Voilà l’artifice merveilleux qui, dans les distances proportionnées à la grandeur des tableaux, soûtient le caractere des objets particuliers, & du tout ensemble. Personne, peut-être, n’a rendu cette savante exagération, plus heureuse & plus sensible, que Rubens l’a fait dans les grandes machines. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EXAGONE, voyez Hexagone.

EXAHEDRE, voyez Hexahedre & Cube.

EXALTATION de la sainte-croix, (Hist. ecclés.) fête de l’église romaine qu’on célebre le quatorzieme jour de Septembre, en mémoire de ce qu’Héraclius