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cier du parlement à un collateur du royaume, ou à un patron ecclésiastique, pour qu’il dispose en sa faveur du premier bénéfice qui vaquera à sa collation ou à sa présentation.

L’usage des mandats accordés par le pape aux officiers du parlement de Paris sur la recommandation des officiers de cette compagnie, commença dès la fin du xiij. siecle : on voit un rôle de ces nominations dès l’an 1305. Benoît XII. Boniface IX. Jean XXIII. & Martin V. donnerent aux rois de France des expectatives pour les officiers du parlement : ce droit se regle présentement suivant les bulles de Paul III. & de Clément IX. Voyez Indult.

Les brevetaires de serment de fidélité, dont le droit a été établi par une déclaration du dernier Avril 1599, vérifiée au grand-conseil, sont encore des expectans ; le brevet de serment de fidélité étant de même une espece de mandat ou grace expectative, par lequel le roi ordonne au nouvel évêque, après qu’il lui a prêté serment de fidélité, de conférer la premiere prébende de l’église cathédrale à sa collation, qui vaquera par mort, au clerc capable d’en être pourvû, qui est nommé par le brevet. Voyez Serment de Fidélité.

Enfin nos rois sont en possession immémoriale de conférer par forme d’expectative une prébende, après leur premiere entrée dans les églises dont ils sont chanoines. Le parlement confirme ce droit, comme étant fondé sur des traités particuliers ou sur des usages fort anciens.

Quelques évêques joüissent d’un droit semblable à leur avenement à l’épiscopat, notamment l’évêque de Poitiers.

Sur les graces expectatives on peut voir Rebuffe, prax. benef part. I. de expectativo ; Franc. Marc, tome I. quest. 1100. & 1186 ; Chopin, de sacr. lib. I. tit. iij. n. 18. les traités faits par Joa. Staphileus, Ludovic. Gomesius, & Joan. Nic. Gimonteus. Voyez aussi les mem. du Clergé, premiere édit. tome II. part. II. tit. xj. les lois eccles. de d’Hericourt, part. I. chap. viij. & suiv. le recueil de jurispr. can. au mot Expert. (A)

EXPECTORANT, adj. (Med. Thérap.) on désigne par cette épithete les remedes ou médicamens propres à faciliter, procurer, rétablir l’expectoration ordinaire, ou la toux, qui est l’expectoration violente. Voyez Expectoration, Toux.

Les expectorans peuvent être regardés par conséquent comme des purgatifs de la poitrine, qui servent à préparer les humeurs, dont l’excrétion doit se faire dans les voies de l’air pulmonaire ; qui rendent ces humeurs (attachées aux parois de ces cavités, ou répandues dans les cellules, dans les ramifications des bronches) susceptibles d’être évacuées, jettées hors des poumons par le moyen de l’expectoration ; qui excitent, qui mettent en jeu les organes propres à cette fonction.

Pour que les matieres excrémentitielles ou morbifiques, qui doivent être évacuées par les vaisseaux aériens, soient susceptibles de sortir aisément des conduits excrétoires, ou des cavités cellulaires bronchiques dans lesquelles on les conçoit extravasées, elles doivent avoir une consistence convenable : lorsqu’elles sont trop épaisses, trop visqueuses, elles sortent difficilement des canaux, qu’elles engorgent avant leur excrétion ; ou, lorsqu’elles en sont sorties, qu’elles sont répandues dans les cellules & dans les ramifications des bronches, qu’elles sont adhérentes aux parois de ces vaisseaux aériens de la trachée artere même, elles résistent à être enlevées par l’impulsion de l’air dans les efforts de l’expectoration, & même de la toux : il est donc nécessaire d’employer des moyens qui donnent à ces humeurs la fluidité qui leur manque, en les délayant, en les atténuant au point de rendre leur excrétion ou leur expulsion faciles.

On peut remplir ces indications par des médicamens appropriés, employés sous différentes formes, comme celles de bouillons, d’aposemes, de tisannes, de juleps : mais comme aucun des remedes ainsi composés, n’est susceptible d’être porté immédiatement dans les vaisseaux aériens des poumons, & qu’ils ne produisent leurs effets qu’en agissant comme tous les altérans, c’est-à-dire entant qu’ils sont portés dans la masse des humeurs, & qu’ils en changent les qualités ; on ne peut pas regarder ces remedes comme expectorans proprement dits ; on ne doit donner exactement ce nom qu’à ceux, qui, étant retenus dans la bouche, dans le gosier, tels que les loochs, les tablettes, peuvent par leurs exhalaisons fournir à l’air (qui passe par ces cavités avant d’entrer dans les poumons) des particules dont il se charge, & qu’il porte immédiatement dans les cavités de ce viscere, où elles agissent par leurs différentes qualités sur les parois de ces cavités, ou sur les matieres qui y sont extravasées : les vapeurs humides, émollientes, résolutives ou irritantes, portées dans les poumons, avec l’air inspiré, agissent à-peu-près de la même maniere pour favoriser l’expectoration.

Les autres remedes que l’on employe comme expectorans, en les faisant parvenir aux poumons par les voies du chyle, ne doivent être regardés comme purgatifs de ce viscere, que comme la décoction de tabac, la teinture de coloquinte (qui purgent quoique seulement appliqués extérieurement), sont placées parmi les purgatifs des intestins : on ne peut rendre raison de l’opération des remedes qui ne servent à l’expectoration, qu’après avoir été mêlés auparavant dans la masse des humeurs, qu’en leur supposant une propriété spécifique, une analogie qui les rend plus susceptibles de développer leur action dans les glandes ou les cavités bronchiques, que dans les autres parties du corps (voyez Médicament) ; à moins que l’on ne dise que les humeurs, qui doivent faire la matiere de l’expectoration, ne font que participer aux changemens que les remedes, dont il s’agit, ont opéré dans toute la masse des fluides : mais la plûpart des remedes employés comme expectorans, produisent des effets trop prompts, pour que l’on puisse les attribuer ainsi à une opération générale.

On ne doit pas confondre, ainsi qu’on le fait souvent, les remedes béchiques avec les expectorans, attendu que ceux-là sont particulierement destinés à calmer l’irritation, qui cause la toux, lorsqu’elle est trop violente ; qu’elle n’est pas nécessaire pour favoriser l’évacuation des matieres excrémentitielles ou morbifiques des poumons ; & qu’elle ne consiste qu’en efforts inutiles & très-fatiguans, occasionnés par cette irritation excessive. Les béchiques qui sont indiqués dans ce cas, ne sont pas employés pour procurer l’expectoration, mais au contraire pour corriger le vice qui excite mal-à-propos le jeu de cette fonction, puisqu’il l’excite sans l’effet pour lequel elle doit être exercée. Les béchiques, en général, agissent en incrassant, en émoussant les humeurs trop atténuées, & dont l’acrimonie piquante irrite la tunique nerveuse qui tapisse les voies de l’air dans les poumons ; au lieu que les expectorans produisent leurs effets en incisant, en divisant les mucosités pulmonaires, en irritant les vaisseaux qui en font l’excrétion, les organes qui en operent l’expulsion : ils sont même quelquefois employés à cette derniere fin, de maniere à agir seulement aux environs de la glotte, dont la sensibilité met en jeu tous les instrumens de l’expectoration laborieuse, c’est-à-dire de la toux ; dans ce cas on peut comparer les expectorans aux suppositoires : Hippocrate connoissoit l’usage de cette espece de remedes propres à procurer l’évacuation des matieres morbifiques contenues dans les poumons. Dans le cas d’abcès de ce viscere, il conseil-