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&c. Feindre a une acception propre à la Poésie. Voyez l’article Fiction.

Feindre, Boiter, (Manége, Maréchallerie.) ces deux mots ne sont pas exactement synonymes ; le premier n’est d’usage que dans le cas d’une claudication legere, & en quelque sorte imperceptible. Si nombre de personnes ont une peine extrème à discerner la partie qui dans l’animal qui boîte est affectée, quelle difficulté n’auront-elles pas à la reconnoître dans l’animal qui feint ? Un cheval voisin de sa chûte, à chaque pas qu’il fait boite tout bas. Feindre se dit encore lorsqu’en frappant sur le pié de l’animal, ou en comprimant quelque partie de son corps, il nous donne par le mouvement auquel cette compression ou ce heurt l’engage, des signes de douleur. On doit d’abord sonder le pié de tout cheval qui feint ou qui boite, en frappant avec le brochoir sur la tête des clous qui maintiennent le fer. Voyez Ecart. Lorsque le clou frappé occasionne la douleur, & par conséquent l’action de feindre ou de boiter, on observe un mouvement très-sensible dans l’avant-bras, & nous exprimons ce mouvement par le terme de feindre pris dans le dernier sens. (e)

FEINTE, s. f. en Musique, est l’altération d’une note ou d’un ton, par dièse ou par bémol. C’est proprement le nom générique du dièse & du bémol même. Ce mot n’est plus guere en usage.

C’est de-là qu’on appelloit aussi feintes les touches chromatiques du clavier, que nous appellons aujourd’hui touches blanches, & qu’autrefois on faisoit noires plus ordinairement. Voyez Chromatique, & l’article suivant. (S)

Feinte coupée des épinettes & des clavessins qui ne sont pas à ravalement, est la touche du demi-ton de l’ut ♯ de l’octave des basses que l’on coupe en deux, ensorte que cela forme deux touches que l’on accorde en b-fa-si & en a-mi-la, lorsqu’elles sont suivies d’un g-ré-sol, qui est-la-touche noire qui précede les quatriemes octaves. Voyez la figure de l’épinette à l’italienne, Pl. VI. de Lutherie, fig. 6. & son article.

Feinte, (Escrime.) est une attaque qui a l’apparence d’une botte, & qui détermine l’ennemi à parer d’un côté, tandis qu’on le frappe d’un autre.

Pour bien faire une feinte, il faut, 1°. dégager (voyez Dégagement volontaire), & faire le mouvement de porter une botte sans avancer le pié droit : 2°. dans l’instant que l’ennemi pare cette fausse botte, vous évitez la rencontre de son épée (voyez l’article Dégagement forcé), & incontinent on alonge l’estocade, pour saisir le tems que son bras est occupé à parer.

Double feinte ; elle se fait lorsqu’on attaque l’ennemi par deux feintes.

Feinte droite, c’est faire une feinte sans dégager.

Feinte, dans l’usage de l’Imprimerie, s’entend d’un manque de couleur qui se trouve à certains endroits d’une feuille imprimée, par comparaison au reste de la feuille. Un ouvrier fait une feinte, pour le peu qu’il manque à la justesse qu’il faut avoir pour appuyer également la balle sur la forme dans toute l’étendue de sa surface.

* FEINTIERS ou ALOSIERES, VERGUES, VERGUEUX ou RETS VERGUANS, CAHUYAUTIERS, termes de Pêche qui sont synonymes, & qui désignent une sorte de filet propre à prendre des aloses ; ce qui leur a fait donner aussi le nom d’alosieres : en voici la description.

Ce filet, qui est travaillé, est semblable à ceux dont on fait la dreige dans la mer (voy. Dreige), & fabriqué de même, à cette différence près, qu’il court 3 cordes le long du filet ; celle de la tête, que les Pêcheurs nomment la corde du liége ; celle du milieu, qu’ils nomment la corde du parmi ; & celle du pié,

qu’ils appellent la corde du plomb, parce qu’elle en est garnie, comme les tramaux de la dreige : elle sépare la nappe & les tramaux en deux. La corde du parmi, qui ne se trouve point dans les filets de mer, sert à mieux soûtenir le filet, dont la nappe est formée d’un fil très-fin, & que les aloses, les saumons & autres gros poissons creveroient aisément sans cette précaution.

Pour faire cette pêche on jette le filet dans l’eau, après avoir mis une bouée au bout forain. Il y a dans chaque bateau quatre hommes d’équipage, deux qui rament, un qui gouverne, & un quatrieme qui pare ou tend le filet, dont la position est en-travers de la riviere, pour que le poisson qui s’abandonne au courant de l’eau, puisse s’y prendre. On pêche de flot & de jusant.

Cette pêche des aloses dure depuis le mois de Février jusqu’à la fin de Mai.

Les alosieres ont les mailles des hamaux, qui sont les deux rets extérieurs du tramail, de huit pouces en quarré. La toile, nappe ou flue a les mailles de deux pouces quatre lignes en quarré. Ces filets ne sont pas chargés de beaucoup de plomb par bas ; ensorte qu’étant considérés comme une dreige, ils ne causent point sur le fond de la riviere le même desordre que la dreige dans la mer, puisqu’ils ne font presque que rouler sur le sable.

* FELAPTON, (Logique.) terme technique où les voyelles désignent la qualité des propositions qui entrent dans un syllogisme particulier ; ainsi la voyelle E marque que la majeure doit être universelle négative ; la voyelle A, la mineure universelle affirmative ; la voyelle O, la conclusion particuliere négative. Voyez Syllogisme.

FELD, (Géog.) Ce mot qui en allemand signifie une plaine, une campagne, entre dans la composition de plusieurs noms géographiques, & se met dans quelques-uns au commencement, & dans quelques autres à la fin du mot, selon le caprice de l’usage. (C. D. J.)

FELDKIRCH ou VELDKIRCH, Velcurium, (Géogr.) ville d’Allemagne, capitale du comté de même nom, au Tirol, sur l’Ill, à deux milles d’Appenzell, entre le lac de Constance au septentrion, & Coire au midi ; elle est marchande, & a de beaux priviléges. Long. 27. 24. lat. 47. 14.

C’est à Feldkirch que naquit Bernhardi, (Barthélemi) fameux pour avoir été le premier ministre luthérien qui se soit marié publiquement, & qui ait soûtenu par ses écrits la condamnation du célibat des prêtres. Son mariage étonna Luther même, quoiqu’il approuvât son opinion ; mais il scandalisa tellement les Catholiques, qu’ils chercherent à s’en venger : de-là vint que des soldats espagnols étant entrés chez lui, le pendirent dans son cabinet ; heureusement sa femme accourut assez tôt pour le détacher & lui sauver la vie. Il mourut naturellement en 1551, âgé de soixante-quatre ans. (C. D. J.)

* FÊLER, v. act. (Gram. & Art méch.) Ce terme n’est applicable qu’aux ouvrages de terre, de verre, &c. qu’aux vaisseaux de porcelaine, &c. Ils sont fêlés, lorsque la continuité de leurs parties est rompue d’une maniere apparente ou non apparente, sans qu’il y ait une séparation totale : si la séparation étoit entiere, alors le vaisseau seroit ou cassé ou brisé. De fêler on a fait le substantif fêlure. Un valet dit de lui-même, dans l’Andrienne, à propos d’un secret qu’on lui recommande : Plenus rimarum sum, hac illac perfluo ; ce qu’on rendroit très-bien de cette maniere : Comment voulez-vous que je le garde ? je suis fêlé de tous côtés ?

FÉLICITÉ, s. f. (Gramm. & Morale.) est l’état permanent, du moins pour quelque tems, d’une ame contente, & cet état est bien rare. Le bonheur vient