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l’histoire dont il s’agit n’existoit point dans les meilleures copies.

Beze semble la rejetter ; Calvin l’adopte ; M. Simon en doute ; Grotius la rebute ; le P. Saint-Honoré & autres la défendent & la soûtiennent ; M. Leclerc insinue qu’elle pourroit bien avoir été empruntée de l’avanture obscene de Menedemus, rapportée dans Diogene de Laërce : insinuation qui a suscité à notre critique moderne des reproches très vifs & trop séveres. Enfin quelques-uns prétendent que c’est Origene qui a rayé l’histoire de la femme adultere de plusieurs manuscrits ; mais ils le disent sans preuves.

Quoi qu’il en soit, nous renvoyons le lecteur à un savant traité, publié sur cette matiere par Schertzer (Jean Adam), théologien de Leipsic du xvij. siecle, dont Bayle a fait l’article sans avoir connu l’ouvrage dont je veux parler ; il est intitulé, Historia adulteræ ; Lipsiæ, 1671, in-4°. Mais comme le sujet est très-intéressant, il faut que les curieux joignent à la lecture du livre de Schertzer, celle des ouvrages qui suivent, & qui leur apprendront mille choses sur la route.

Ouvrages des Sav. Sept. ann. 1706, p. 404. & seq. Nouv. de la répub. des Lett. tom. XV. p. 245. Idem, tom. XXIII. p. 176. Id. tom. XLIV. pag. 56. Bibl. anc. & mod. tom. VII. p. 202. Journ. des Sav. tom. XXII. p. 580. Bibl. chois. tom. XVI. p. 294. Honoré de Sainte-Marie, Réflex. sur les régl. de critiq. diss. ij. p. 119. Mackenz Scot. Writ. tom. II. p. 313. Mem. de Trév. ann. 1710, p. 802. Bibl. univ. tom. XII. p. 436. Dupin, Bibl. ecclés. tom. XXIX. pag. 318. Id. Disc. prélim. liv. II. chap. ij. §. 6. Simon, Notes sur le nouv. Test. tom. II. pag 54. Acta erud. Lips. ann. 1704, p. 82. Id. ann. 1708, p. 5. Leclerc, Not. ad Hammond, in Loc. La Croze, Diss. histor. p. 56. Hist. critiq. de la républ. des Lett. tom. IX. p. 342. Journ. littér. tom. XII. p. 136. Grotius, in evang. Joh. cap. viij. Calmet, Dict. de la Bible, tom. I. p. 54.

Je tire cet article de l’Encyclopédie angloise (supplément) ; il est court, précis, & met en état de connoître les raisons des uns & des autres, en indiquant les sources où l’on peut s’en instruire à fond. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Femme en couche, (Med.) état de la femme qui vient d’être délivrée de son fruit. Cet état mérite toute notre attention par humanité, par devoir, & par sentiment. Les meres de nos enfans nous font revivre dans ces précieux gages de leur amour ; négligerions-nous de soulager avec zele les propagatrices du genre humain dans le tems critique où elles ont le plus de besoin des secours éclairés de la Medecine ? Non sans doute.

Ainsi d’abord que la femme sera délivrée de son enfant & de son arriere-faix, il faut commencer par lui mettre au-devant de l’entrée de la vulve un linge assez épais, doux, maniable, & un peu chaud, pour éviter l’air froid du dehors, & prévenir la suppression des vuidanges.

Après cela si la femme n’a pas été accouchée dans son lit ordinaire, on ne manquera pas de l’y porter incessamment ; bien entendu qu’il se trouvera tout fait, tout prêt, chauffé attentivement, & garni de linges nécessaires pour l’écoulement des vuidanges. Mais si la femme a été accouchée dans son propre lit, pratique qui semble être la meilleure & la plus sûre pour parer l’inconvénient du transport, on ôtera de ce lit les linges & garnitures qu’on y avoit mises pour recevoir les eaux, le sang, & les autres humeurs qui proviennent de l’accouchement. Ensuite on placera l’accouchée dans la situation propre à lui procurer le repos & le rétablissement dont elle a besoin. Cette situation demande une position égale & horisontale sur le milieu du dos, la tête & le corps néanmoins

un peu élevés, les cuisses abaissées, les jambes jointes l’une contre l’autre, & par-dessous les jarrets un petit oreiller, sur lequel elles puissent être appuyées.

Notre femme étant ainsi couchée, & un peu remise de l’émotion de son travail précédent, on entourera lâchement son ventre d’une large bande de maillot, ou d’une longue serviette pliée en deux ou trois doubles, de la largeur de dix à douze pouces ; on garantira son sein du froid, & on pansera ses parties externes qui ont souffert dans la délivrance. Alors il est à-propos de lui donner quelque restaurant, comme peut être un bon bouillon, & finalement de la laisser dormir, les rideaux de son lit, les portes, & les fenêtres de sa chambre fermées, afin que ne voyant aucune clarté, elle s’assoupisse plus aisément.

On garantira soigneusement les nouvelles accouchées du froid extérieur ; parce que les sueurs qui naissent de leur foiblesse, & l’écoulement des vuidanges, les rendent extrèmement sensibles à cette impression, qui pourroit produire de fâcheux accidens ; mais il ne faut pas non plus tomber dans l’autre extrémité. La chaleur de la chambre doit être toûjours aussi égale qu’il est possible, & on y réussira sans peine par le moyen des thermometres.

Pour prévenir l’inflammation des parties qui ont souffert une violente distension dans l’enfantement, il faut, après les avoir nettoyé des grumeaux de sang qui peuvent y être restés, appliquer à l’entrée de ces parties un cataplasme mollet, anodyn, & médiocrement chaud ; on renouvellera ce cataplasme de trois en trois heures. On se servira d’une décoction d’orge, de graine de lin, & de cerfeuil, ou autre semblable, pour laver, nettoyer, & étuver deux fois dans la journée les levres de la vulve pendant les six premiers jours de la couche. Au bout d’une quinzaine on usera d’une décoction un peu plus astringente, & bien-tôt après d’une lotion encore plus propre à fortifier, à raffermir, & à resserrer les parties relâchées.

A l’égard du bandage dont j’ai parlé ci-dessus, on le sera très-lâche le premier jour, & simplement contentif, pendant que les vuidanges coulent. Il n’est pas mal de joindre au bandage une bonne grande compresse quarrée sur tout le ventre ; & si cette partie est douloureuse, on l’oindra de tems en tems avec une huile adoucissante.

Je pense qu’au bout des douze premiers jours de la couche, on doit serrer plus fortement & insensiblement le bandage, pour ramener peu-à-peu, rassembler, & soûtenir les diverses parties qui ont été étrangement distendues durant le cours de la grossesse.

Si l’accouchée ne peut ou, ce qui n’est que trop ordinaire, ne veut pas être nourrice, il faudra bien mettre sur son sein & contre l’intention de la nature, des remedes propres à faire évader le lait ; mais si l’accouchée est assez sage pour vouloir nourrir son fruit, on se contentera de lui tenir la gorge couverte avec des linges doux & mollets : alors la mere nourrice observera seulement d’attendre quatre ou cinq jours, avant que de donner le teton à son enfant. Voyez Nourrice.

Ajoûtons un mot sur le régime de vie de la femme en couche. Sa boisson doit être toûjours chaude dans le commencement ; & sa nourriture composée de pannades, de creme de ris, d’orge, de gruau, de bouillons legers de veau & de volaille, ou autres alimens semblables. Au bout du quatrieme jour, & quand la fievre de lait sera passée, on lui permettra un régime moins sévere ; mais ici, comme dans plusieurs autres cas, il faut se prêter au tems, au pays, à l’âge, à la coûtume, à la délicatesse, ou à la force de la constitution de l’accouchée.

Pour ce qui regarde la conduite qu’elle doit avoit