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Boerhaave, comment. in inst. therap. Il rapporte entr’autres observations avoir traité un paysan qui avoit le genou pris d’un anchylose, par conséquent immobile. Il faisoit mettre ce malade pendant deux heures par jour dans un bain de vapeurs ; il faisoit ensuite bien froter la partie & oindre d’huile douce : après avoir répété ce remede pendant quelques jours, il eut la satisfaction de voir cet homme parfaitement guéri). Par le fréquent usage des bains dans l’eau de riviere tiede, des fomentations faites avec des décoctions émollientes, relâchantes ; par des onctions faites avec des huiles, des graisses récentes, pour ramollir les fibres & les rendre flexibles. 4°. Enfin, par des remedes internes propres à produire les mêmes effets, qui en portant de la détrempe avec des parties mucilagineuses, huileuses, fines, atténuées dans le sang, puissent rendre toutes les humeurs qui en dérivent, propres à pénétrer le tissu des organes, à diminuer la densité, la roideur, l’élasticité, la siccité des fibres, par l’interposition des parties, qui sont figurées de maniere à rendre peu nombreux les points de contact entr’elles & les corpuscules élémentaires, par conséquent à diminuer la force de cohésion qui les tenoit auparavant trop fortement unis : on peut employer pour cet effet des médicamens tirés des deux regnes végétal & animal, du premier les fleurs, les feuilles, & les fruits, dont il vient d’être fait mention (on peut ajoûter à ces derniers, comme médicamens, les raisins secs, les figues grasses, les jujubes) ; les huiles récentes d’amandes douces, d’olive, de lis, de lin ; les racines de mauve, d’althea, de lis, de nymphæa : du regne animal le beurre frais non salé, la graisse de volatiles, comme canards, oies, chapons ; la moelle de veau, de cerf, &c. De toutes ces choses différemment préparées, mêlées, on peut prescrire des médicamens de forme convenable aux matieres, tels que des tisannes, des apozemes, des bouillons, des bains, des fomentations, des injections, des potions laxatives, avec ce qui est tiré des végétaux, des embrocations, des linimens, avec ce qui est tiré des animaux : on fait usage de ces différens remedes d’une maniere qui intéresse tout le corps. ou seulement quelques-unes de ses parties intérieurement ou extérieurement, selon qu’il s’agit de relâcher, de ramollir ou toutes les fibres en général & tous les organes qui en sont composés, ou seulement quelques-uns de ces organes, conformément à leur situation particuliere, interne, moyenne, ou externe.

On n’a fait mention qu’en dernier lieu des médicamens dans les différens traitemens proposés contre les vices généraux des fibres ; pour donner à entendre que dans les maladies qui ne sont pas susceptibles d’être guéries promptement, & dont la guérison ne peut être opérée que par des changemens lents & successifs ; on doit plus insister sur le bon régime que sur l’usage des drogues, auxquels on ne doit pas se presser de recourir ; les moyens les plus simples & les moins extraordinaires sont toûjours plus propres à seconder la nature, sur-tout lorsqu’elle est gênée dans ses opérations, & que le besoin d’opérer des changemens n’est pas urgent.

On n’a aussi fait qu’ébaucher ces traitemens généraux, parce que les bornes de cet ouvrage ne permettent pas d’entrer dans un plus grand détail ; auquel il seroit même nécessaire de joindre des observations pratiques. On peut suppléer à ce défaut, en consultant différens ouvrages dans lesquels ce sujet est traité au long, tels que celui de Cheyne, de naturâ fibræ ejusque morbis ; ceux de Baglivi, passim ; la thérapeutique d’Astruc ; les commentaires de Boerhaave, par MM. Wanswieten & Haller ; & la traduction dans le dictionnaire de Medecine, de ce qu’a dit le premier de ces commentateurs concernant la nature & les maladies des fibres. (d)

Fibre, ou Venule, (Hist. nat. minéral.) l’on nomme ainsi dans l’histoire naturelle du regne minéral des petites fentes ou gersures qui accompagnent les grands filons ou les veines métalliques, & qui quelquefois sont remplies des mêmes substances, & par-là enrichissent le filon auquel ils tiennent : quelquefois les fibres sont vuides ou remplies de matieres tout-à-fait étrangeres, de crystallisations, de terre, &c. Voyez Filon. (—)

FIBREUX, EUSE, adj. qui a des fibres. Voyez Fibre.

FIBRILLE, s. f. (Anat.) diminutif de fibre. On peut donner ce nom plus particulierement aux filets transverses qui lient les fibres musculaires cylindriques. Les fibres du corps animal forment à la vûe simple des paquets d’autres fibres plus déliées, qui vûes au microscope, présentent un nombre prodigieux de petits filets renfermés dans une enveloppe commune, & ainsi de suite. On ignore où s’arrête cette progression observée par Lewenhoek & par plusieurs autres. (g)

FIBULA, instrument de Chirurgie, espece de boucle ou d’anneau dont les anciens se servoient dans une opération particuliere, par laquelle ils se proposoient d’empêcher les jeunes hommes d’avoir commerce avec des femmes, lorsqu’on pensoit que cela seroit contraire à la santé. Celse décrit cette opération à la fin du chapitre xxv. du livre VII. sous ce titre, Infibulandi ratio. Voici la traduction de cet article… « On boucle quelquefois les jeunes gens pour leur conserver la santé. Cela se fait de la maniere suivante. On tire le prépuce & on marque à gauche & à droit avec de l’encre, l’endroit qu’on veut percer : ensuite on laisse retomber le prépuce. Si les marques se trouvent vis-à-vis le gland, c’est une preuve qu’on a trop pris du prépuce ; il faut faire les marques plus bas : si elles se trouvent au-dessous du gland, c’est à cet endroit qu’on doit placer la boucle. C’est là qu’il faut percer le prépuce avec une aiguille enfilée d’un fil. On noue ensuite les deux bouts de ce fil, on le remue tous les jours, jusqu’à ce que les cicatrices des trous soient affermies. Pour lors on ôte le fil, & on y passe une boucle, qui sera d’autant meilleure qu’elle sera plus legere. » Celse ajoûte que l’infibulation est plus du nombre des opérations superflues, que des nécessaires. Sed hoc quidem sæpiùs inter supervacua quàm inter necessaria est. On a conservé cette opération dans la vétérinaire, pour empêcher l’accouplement du cheval avec la jument ; mais c’est à la jument qu’on fait porter l’anneau. Voyez Boucler. Fabrice d’Aquapendente, dans ses leçons de Chirurgie, montroit à ses auditeurs une boucle dont les anciens se servoient pour l’infibulation des jeunes hommes. Il l’avoit eue d’un savant antiquaire. Nous ne connoissons plus cet instrument. (Y)

FIC, s. m. terme de Chirurgie, tumeur qui ressemble à une figue, & qui peut arriver dans toutes les parties du corps. Cette tumeur est quelquefois molle & de la nature des loupes graisseuses ; quelquefois elle est dure & skirrheuse. Elle est ordinairement indolente. Il y a des fics qui deviennent douloureux, & qui s’exulcerent. Cette terminaison rend cancereux les fics qui tenoient de la nature du skirrhe.

On coupe le fic avec des ciseaux ou avec le bistouri. Comme la base de la tumeur est étroite, on peut la lier & en étrangler le pédicule pour la faire tomber. Les fics qui viennent au fondement & autour des parties naturelles, & qui sont des symptomes de la maladie vénérienne, se flétrissent & se dessechent quelquefois dans le cours du traitement méthodique de cette maladie ; sinon il faut les détruire de l’une ou de l’autre des façons que nous venons d’indiquer. Ceux qui ne font pas reflexion que le mot fic ne ca-