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certaine heure, qui contient les lieux des planetes & des étoiles, marqués dans une figure de douze triangles appellés maisons. Voyez Maisons.

On la nomme aussi horoscope & thème. Voyez Horoscope, &c.

Figure, en Géomancie, s’applique aux extrémités des points, lignes ou nombres jettés au hasard, sur les combinaisons ou variations desquels ceux qui font profession de cet art, fondent leurs prédictions chimériques.

Figure, (Théolog.) est aussi un terme qui est en usage parmi les Théologiens, pour désigner les mysteres qui nous sont représentés & annoncés d’une maniere obscure sous de certains types ou de certains faits de l’ancien Testament. Voyez Type.

Ainsi la manne est regardée comme le type & la figure de l’Eucharistie : la mort d’Abel est une figure des souffrances de Jesus-Christ, &c.

Beaucoup de théologiens & de critiques soûtiennent que toutes les actions, les histoires, les cérémonies, &c. de l’ancien Testament, ne sont que des figures, des types & des prophéties de ce qui devoit arriver dans le nouveau. V. Mystique. Chambers.

M. l’abbé de la Chambre, dans son traité de la religion, tome IV. définit. jv. p. 270. donne plusieurs regles pour l’intelligence du sens figuré des Ecritures, que nous rapporterons ici, parce qu’il n’arrive que trop souvent qu’on se livre à cette opinion, que tout est figure, sur-tout dans l’ancien Testament, & qu’on en abuse pour y voir des choses qui n’y furent jamais.

Premiere regle. On doit donner à l’Ecriture un sens figuré & métaphorique, lorsque le sens littéral renferme une doctrine qui met sur le compte de Dieu quelqu’imperfection ou quelqu’impiété.

Seconde regle. On doit donner un sens figuré, spirituel & métaphorique aux propositions de l’Ecriture, lorsque leur sens littéral n’a aucun rapport naturel avec les objets dont elles veulent tracer l’image.

Troisieme regle. La simple force des expressions pompeuses de l’Ecriture n’établit point la nécessité de recourir au sens figuré. Lorsque les expressions de l’Ecriture sont trop magnifiques pour le sujet qu’elles semblent regarder, ce n’est pas une preuve générale & nécessaire qu’elles désignent un objet plus auguste.

Quatrieme regle. On ne doit admettre de figures & d’allégories dans l’Ecriture de l’ancien Testament, comme étant de l’intention du S. Esprit, que celles qui sont appuyées sur l’autorité de Jesus-Christ, sur celle des apôtres, ou sur celle d’une tradition constante & uniforme de tous les siecles.

Cinquieme regle. Il faut voir Jesus-Christ & les mysteres de la nouvelle alliance dans l’ancien Testament, par-tout où les apôtres les ont vûs ; mais il faut ne les y voir qu’en la maniere qu’ils les y ont vûs.

Sixieme regle. Quand un passage des Livres saints a un double sens, un littéral & un figuratif, il faut expliquer le passage en entier de la figure, aussi-bien que de la chose figurée : on doit conserver, autant qu’il est possible, le sens littéral dans tout le texte. Il est faux que la figure disparoisse quelquefois entierement, pour faire place à la chose figurée.

On peut voir les preuves solides qu’apporte de toutes ces regles le même auteur, qui les termine par ces deux observations importantes sur la nature des types & des figures.

1°. Les endroits de la bible les moins propres à figurer quelque chose qui ait rapport à la nouvelle alliance, ce sont ceux qui ne contiennent que des actions repréhensibles & criminelles. Ces sortes de figures ont quelque chose d’indécent & de très-peu naturel.

2°. Il est faux que les fautes des saints de l’ancien

Testament cessent d’être fautes, parce qu’elles sont figuratives. La prérogative du type & de la figure n’est point de diviniser & de sanctifier les actions qui sont figuratives : ces actions demeurent telles qu’elles sont en elles-mêmes & par leur nature ; si elles sont bonnes, elles demeurent bonnes ; & si elles sont mauvaises, elles demeurent mauvaises. Une action ne change pas de nature parce qu’elle en figure une autre, la qualité de type ne lui donne aucune qualité morale ; sa bonté ou sa malice ne dépendent essentiellement que de sa conformité ou de son opposition avec la loi de Dieu. S. Augustin, qui est dans le principe que les fautes des patriarches sont figuratives, in peccatis magnorum virorum aliquando rerum figuras animadverti & indagari posse, ne croit pas qu’elles cessent d’être fautes par cet endroit. « L’action de Loth & de ses filles, dit-il, est une prophétie dans l’Ecriture qui la raconte ; mais dans la vie des personnes qui l’ont commise, c’est un crime » : aliquando res gesta in facto causa damnationis, in scripto prophetia virtutis. Lib. II. contr. Faust. c. xlij. (G)

A ces regles & à ces observations de M. l’abbé de la Chambre, nous ajoûterons quelques remarques sur la même matiere. Figure, en Théologie, a deux acceptions très-différentes : c’est dans deux sens divers qu’on dit que l’expression oculi Domini super justos est figurée, & qu’on dit que la narration du sacrifice d’Isaac dans la Genese est figurée. Dans le premier cas il y a une figure, au sens que les rhéteurs donnent à ce mot, une métaphore. Dans le second il y a une figure, c’est-à-dire un type, une représentation d’un évenement distingué de celui qu’on raconte.

La premiere des regles qu’on vient de lire, est relative aux figures de l’Ecriture prises dans le premier sens, aux expressions figurées ; & on peut dire en général que toutes les regles qu’on peut prescrire pour distinguer dans les écrits l’expression naturelle de l’expression figurée, peuvent s’appliquer à l’Ecriture.

Les cinq autres de M. l’abbé de la Chambre, ont pour objet les figures de l’Ecriture prises au second sens, c’est-à-dire les narrations typiques ; & c’est sur celles-ci que nous allons nous arrêter.

On peut voir au mot Ecriture, (Théol.) les définitions des différentes sortes de sens figurés qu’on trouve dans les Ecritures. Il nous suffira ici de les envisager sous un point de vûe très-simple, je veux dire par leur distinction du sens littéral. En effet le sens mystique ou spirituel, allégorique, tropologique, anagogique ; tous ces sens-là, dis-je, sont toûjours unis avec un sens littéral, sous l’écorce duquel ils sont, pour ainsi dire, cachés.

On a remarqué à l’article Ecriture-Sainte, les excès dans lesquels sont tombés ceux qui ont voulu voir des sens figurés dans toute l’Ecriture. Selon ces interpretes, il n’y a point de texte où Dieu n’ait voulu renfermer sous l’enveloppe du sens littéral, les vérités de la Morale, ou les évenemens de la religion chrétienne. Comme on a déjà combattu ce principe directement, nous allons nous arrêter ici à faire connoître 1°. les causes qui ont amené l’usage abusif des explications figurées ; 2°. les inconvéniens qu’a entraînés cette méthode d’expliquer l’Ecriture. Nous croyons que des détails & des exemples sur ces deux objets, seront de quelque utilité.

La premiere cause de l’abus des sens figurés dans l’interprétation de l’Ecriture, a été l’usage qu’en font les écrivains du nouveau Testament. Les premiers écrivains ecclésiastiques se sont crus en droit d’employer, comme les apôtres, ces sortes d’explications ; & il faut avoüer que quelques-unes des applications de l’ancien Testament faites par les évangélistes, sembleroient autoriser à expliquer toute