pour lui donner quelque façon. Les Corroyeurs flambent deux fois leurs cuirs sur un feu de paille ; la premiere, afin de les disposer à recevoir le suif ; la seconde, après qu’ils ont reçû le suif, afin de le faire pénétrer davantage. Voyez Corroyer.
Flamber un chapeau, terme de Chapelier, est la même chose que tondre le chapeau. Voyez Tondre.
FLAMBOYANTE, adj. pris subst. en terme d’Artificiers ; c’est une espece de fusée, dont le cartouche est couvert de matiere enflammée, & contigu au feu de la queue, ce qui le fait ressembler à une comete. Voyez l’article Fusée.
* FLAMBURES, s. f. (Teinture.) taches ou inégalités qui se voyent dans une étoffe, quand elle n’est pas teinte également, ou qu’elle n’a pas été éventée.
FLAMINE, s. m. (Littérature.) en latin flamen, prêtre, sacrificateur chez les Romains, chargé du culte de quelque divinité particuliere.
Les flamines n’étoient que trois au commencement de la fondation de Rome ; celui de Jupiter, flamen dialis ; celui de Mars, flamen martialis ; & celui de Quirinus, flamen quirinalis. Plutarque & Denis d’Halycarnasse prétendent que Numa Pompilius créa seulement le troisieme flamine en faveur de Romulus ; mais Tite-Live assûre que Romulus n’avoit institué que le flamen dialis, & que Numa y ajoûta le martial & le quirinal : Varron parle aussi en nombre pluriel des flamines établis par Numa.
Quoi qu’il en soit, les flamines furent dans la suite multipliés jusqu’à quinze. Comme les trois premiers étoient tirés du sénat, ils avoient un rang & une considération supérieure à celle des autres ; c’est pour cela qu’on les appelloit flamines majeurs. Les douze autres nommés flamines mineurs, étoient ordinairement plébéiens.
Le flamine de Jupiter étoit le plus considérable & le plus respectable de tous les flamines, tant à cause du dieu qu’il servoit, que parce qu’il avoit été institué le premier. Nous en ferons un article à part, ainsi voyez Flamine diale. On le distinguoit par son bonnet, qui étoit fait de la peau d’une victime blanche immolée à Jupiter.
Le bonnet des autres flamines, qui n’étoit fait que de la peau de brebis ordinaires, se nommoit galerus, & s’attachoit sous le menton avec des cordons, pour l’empêcher de tomber.
Les flamines avoient tous la dénomination du dieu qu’ils servoient. J’ai déjà parlé des trois flamines majeurs : les douze mineurs étoient le flamen carmentalis, ou le prêtre de la déesse Carmenta, dont Cicéron fait mention dans son Brutus ; le flamen falacer, dont Varron dit que son origine est inconnue ; le flamen floralis étoit le prêtre de la déesse Flore. On ignore l’origine du flamen furinalis, du flamen levinalis, du flamen lucinalis, & du flamen palatualis ; cependant on trouve leurs noms dans quelques inscriptions rapportées par Onuphrius. Le flamen pomonalis étoit le prêtre de Pomone ; le flamen virbialis, celui de Virbius, qu’on prétend être le même qu’Hippolite ; le flamen vulcanalis, celui de Vulcain ; le flamen volturnalis, celui du dieu Vulturne.
Quelques auteurs parlent encore du flamen hadrianalis, c’est-à-dire du prêtre d’Hadrien ; du flamen Julii Cæsaris, du prêtre de Jules-César ; & du flamen augustalis : on trouve dans les marbres ce dernier flamine en l’honneur d’Auguste, & il lui fut donné de son vivant même, lorsque la flaterie lui éleva des temples & des autels. L’empereur Commode n’eut point de honte de créer pour lui un flamine sous le titre de flamen Herculaneus Commodianus ; mais un tel sacerdoce ne subsista point après la mort d’un prince si justement détesté.
Malgré le même nom que portoient les flamines, ils ne faisoient pas corps ensemble ; chaque flamine n’étoit que pour un dieu ; il ne leur étoit pas permis, comme à d’autres prêtres, de tenir plusieurs sacerdoces à la fois. L’élection des uns & des autres se faisoit par le peuple dans les comices des curies, au rapport d’Aulu-Gelle ; mais la consécration ou l’inauguration appartenoit au souverain pontife, auquel ils étoient tous subordonnés. L’inauguration veut dire la cérémonie de certains augures qu’on prenoit, lorsqu’on les mettoit en possession de cette dignité. Leurs filles étoient exemptes d’être prises pour vestales, & leurs femmes portoient le nom de leurs maris.
Leur sacerdoce appellé flaminatus, étoit perpétuel ; ils pouvoient cependant être déposés pour certains sujets, dont nous ne sommes pas bien instruits, & cela s’appelloit flaminio abire, être dégradé du ministere de flamine.
Leurs bonnets pointus, surmontés d’une grosse houpe de fil ou de laine, les firent nommer flamines, à filamine, dit Festus, & la même étymologie se trouve dans Varron. Suivant Denis d’Halycarnasse, ces prêtres furent appellés flamines, du nom de leur chapeau, lequel avec les filets, bandes & rubans, s’appelloit proprement flammeum, parce que le tout étoit couleur de feu. Ce chapeau ressembloit à un capuchon, pointu par le haut, ayant deux côtés qui s’attachoient sous le menton par des agraffes, dites offendices ; mais pendant les grandes chaleurs les flamines se couvroient la tête d’un simple filet de laine, parce qu’il ne leur étoit pas permis de paroître en public la tête nue. Voyez sur les flamines, Rosinus, Pitiscus, Struvius, & autres. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.
Flamine diale, flamen dialis. (Hist. rom.) Ce prêtre de Jupiter, le premier, le plus considéré, & le plus respecté de tous les flamines, étoit encore soûmis à certaines lois, qui le distinguoient extrèmement des autres prêtres. Aulu-Gelle (liv. X. ch. xv.) a pris soin de nous conserver ces lois, & elles méritent que nous les rapportions ici à cause de leur singularité.
1°. Il étoit défendu au flamine diale d’aller à cheval : 2°. de voir une armée hors de la ville, ou une armée rangée en bataille ; c’est pour cette raison qu’il n’étoit jamais élû consul dans le tems où les consuls commandoient les armées : 3°. il ne lui étoit jamais permis de jurer : 4°. il ne pouvoit se servir que d’une sorte d’anneau, percé d’une certaine maniere : 5°. il n’étoit permis à personne d’emprunter du feu de la maison de ce flamine, hors le feu sacré : 6°. si quelque homme lié ou garoté entroit chez lui, il falloit d’abord lui ôter les liens, le faire monter par la cour intérieure de la maison, jusque sur les tuiles, & le jetter du toît dans la rue : 7°. il ne pouvoit avoir aucun nœud ni à son bonnet sacerdotal, ni à sa ceinture, ni autre part : 8°. si quelqu’un qu’on menoit foüetter, se jettoit à ses piés pour lui demander grace, c’eût été un crime de le foüetter ce jour là : 9°. il n’y avoit qu’un homme libre qui pût couper les cheveux à ce flamine : 10°. il ne lui étoit pas permis de toucher ni chevre, ni chair crue, ni lierre, ni feve, ni même de proférer le nom d’aucune de ces choses : 11°. il lui étoit défendu de tailler les branches de vigne qui s’élevoient trop haut : 12°. il ne pouvoit coucher trois nuits de suite dans un autre lit que le sien, & pour lors il n’étoit permis à aucun autre de coucher dans ce lit, au pié duquel il ne falloit mettre ni coffre, ni fer, ni aucunes hardes : 13°. ce qu’on coupoit de ses ongles ou de ses cheveux, devoit être enterré sous un chêne verd : 14°. tout jour étoit jour de fête pour le flamine diale : 15°. il lui étoit défendu de sortir à l’air