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que par l’ouverture faite des animaux auxquels l’air du bas de la grotte a causé la mort, on ne découvre rien d’extraordinaire ni dans leurs fluides, ni dans leurs solides.

Cependant j’avoue que toutes ces raisons ne suffisent pas, pour porter la conviction dans l’esprit, parce que la nature & les effets des poisons nous sont entierement inconnus ; celui-ci peut n’exercer son empire qu’à une certaine distance, & ne produire aucun changement dans le cadavre. Tout ce qu’on a pu découvrir de la qualité des particules minérales qui s’élevent en vapeurs dans la grotte du chien, c’est qu’elles doivent être pour la plupart vitrioliques, du-moins à en juger par la couleur verdâtre de la terre, & par son goût aigrelet qui tient beaucoup de celui du phlegme de vitriol.

Au reste, il est très-apparent qu’on pourroit creuser ici sur la même ligne d’autres grottes funestes, où les mêmes effets se feroient sentir.

Quoi qu’il en soit, l’antiquité nomme plusieurs autres cavernes célebres par des exhalaisons mortiferes. Telle étoit la Méphitis d’Hiérapolis, dont il est parlé dans Cicéron, dans Galien, & dans Strabon, qui avoient été témoins de ses effets. Telle étoit encore la caverne de Corycie, specus Corycius, dans la Cilicie, qui, à cause de ses exhalaisons empestées, pareilles à celles que les Poëtes donnent à Typhon, étoit appellée l’antre de Typhon, cubile Typhonis. Pompomus Mela n’a pas oublié de la décrire, & elle paroit aussi ancienne qu’Homere : car le mont Arima où il place cette caverne méphitique, étoit à ce que dit Eustathius, une montagne de Cilicie.

Enfin les vapeurs pernicieuses de toute nature ne sont pas rares : & bien qu’elles soient plus fréquentes dans les mines, dans les puits, dans les carrieres, & dans d’autres lieux semblables, on ne laisse pas d’en rencontrer quelquefois sur la surface de la terre, sur-tout dans les pays qui abondent en minéraux, ou qui renferment des feux soûterreins, tels que sont en Europe la Hongrie, la Sicile, & l’Italie. Voyez Exhalaison, Mophete, &c. (D. J.)

Grotte d’Arcy, voyez l’article Arcy.

Grotte du desert de la tentation, (Géog.) grotte de la Palestine, où l’on suppose sans aucun fondement que Jesus-Christ fut tenté par le démon dans un lieu desert ; je dis, où l’on suppose sans aucun fondement, parce que les Evangélistes qui nous donnent le détail de la tentation, ne parlent point de grotte : cependant le P. Nau prétend dans son voyage de la Terre-Sainte, liv. IV. ch. jv. qu’elle se voit sur une montagne de la Palestine, dont le sommet est extrèmement élevé, & dont le fond est un abysme. Il ajoûte que cette montagne se courbant de l’occident au septentrion, présente une façade de rochers escarpés, qui s’ouvrent en plusieurs endroits, & forment plusieurs grottes de différentes grandeurs. Voilà donc chacun maître de fixer à sa fantaisie sur cette montagne la grotte prétendue de la tentation de notre Sauveur ; & comme tout y est également desert, le choix ne sera que plus facile. (D. J.)

Grotte de Naples, (Géog.) quelques-uns l’appellent aussi grotte de Pouzzoles, parce qu’elle conduit de Naples à Pouzzoles au-travers de la montagne Pausilipe. Voyez Pausilipe. (D. J.)

Grotte de Pouzzoles, (Géog.) voyez Pausilipe.

Grotte de Notre Dame de la Balme, (Géog. & Hist. nat.) grotte de France dans le Dauphiné, sur le chemin de Grenoble. On lui donnoit autrefois 50 toises d’ouverture & 60 de largeur ; mais il est arrivé par un nouvel examen que cette spacieuse caverne a diminué prodigieusement de dimension : & les physiciens modernes après bien des recherches, n’ont pû trouver de nos jours, ni le goufre, ni le lac dont parle Mézeray dans la vie de François Lannée 1548.

Ce gouffre affreux a entierement disparu, & ce vaste lac se réduit à un petit ruisseau. (D. J.)

Grotte de Quingey, (Géogr. & Hist. nat.) grotte de Franche-Comté, à une lieue de Quingey, & à cinquante pas du Doux. Elle est longue & large, & la nature y a formé des colonnes, des festons, des trophées, des tombeaux, enfin tout ce que l’on veut imaginer : car l’eau dégouttant sur diverses figures, s’épaissit, & fait mille grotesques. Cette caverne est habitée par des chauves-souris du-haut en-bas ; ainsi ceux qui voudront la visiter, doivent faire provision de flambeaux & de just-au-corps de toile, tant pour y voir clair, que pour ne pas gâter leurs habits. Le terrein est fort inégal, selon les congelations qui s’y sont faites ; il est même vraissemblable qu’avec le tems il sera entierement bouché. Voyez la description que M. l’abbé Boizot a donnée de cette grotte dans le journal des savans, du 9 Septembre 1686. (D. J.)

Grotte de la Sibylle, (Géog. & Hist. nat.) grotte d’Italie au royaume de Naples, auprès du lac d’Averne. La principale entrée en est déjà comblée, & celle par laquelle on y parvient aujourd’hui, s’affaisse & se bouche tous les jours ; c’est une des merveilles d’Italie qu’il faut rayer de ses fastes. (D. J.)

Grottes de la Thébaïde, (Géog.) Ces grottes sont de vraies carrieres qui, selon le récit des voyageurs, occupent un terrein de dix à quinze lieues, & qui sont creusées dans la montagne du levant du Nil. Voyez Thébaïde. (D. J.)

Grotte artificielle, (Hist. des Arts.) Les grottes artificielles sont des bâtimens rustiques faits de la main des hommes, & qui imitent des grottes naturelles autant que l’on le juge à-propos ; on les décore au-dehors d’architecture rustique ; on les orne en-dedans de statues & de jets-d’eau ; on y employe les congelations, les pétrifications, les marcassites, les crystaux, les amétistes, le nacre, le corail, l’écume de fer, & généralement toutes sortes de minéraux fossiles, & de coquillages ; chaque nation porte ici son goût particulier ; mais un des ouvrages des plus nobles & des plus achevés qu’il y ait eu en ce genre, étoit la grotte de Versailles, qui ne se voit plus qu’en estampe. (D. J.)

GROU, s. m. GROUETTE, s. f. (Hydraulique.) l’un & l’autre se dit d’une matiere pierreuse qui se trouve au-dessus de la superficie des terres ; si on néglige de percer cette grouette bien avant & au pourtour du trou où l’on veut planter un arbre, on ne pourra jamais réussir à l’élever. On sent bien que cette croûte pierreuse empêcheroit la communication des engrais & des arrosemens qui font tomber sur les racines d’un arbre les sels qui y sont contenus. Vrai moyen de maintenir la souplesse des plantes, de développer leurs germes, & de donner à la seve la facilité de se porter de tous côtés. (K)

GROUGROU, s. m. (Hist. nat. bot.) c’est une des especes de palmier qui croissent en Amérique. Le grougrou ne s’éleve pas si haut que le palmier franc ; & quoiqu’il soit garni d’épines longues de quatre à cinq pouces, menues comme des aiguilles à tricoter, & extrèmement polies, il ne faut pas pour cela le confondre avec le palmier épineux. Son fruit vient par grappes ; il est de la grosseur d’une balle de paume, & renferme un petit cocos plus gros qu’une aveline, noir, poli, & très-dur ; au-dedans duquel est une substance blanchâtre, coriace, insipide, & très-indigeste. Cependant les Negres en mangent beaucoup ; les Sauvages en font une huile qui renaît en peu de tems, & dont ils se frottent le corps ; le chou qui provient de cet arbre est bien meilleur que celui du palmier franc, mais moins délicieux que celui du palmier épineux.

De toutes les îles françoises, celle qui abonde le