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GUILLAUME, s. m. (Menuiserie.) c’est un outil de 18 à 20 pouces de long, sur 4 à 5 de large, & un pouce plus ou moins d’épaisseur. Il y a au milieu une espece de mortoise, qui perce jusqu’aux trois quarts de la largeur ou hauteur ; c’est le passage de la queue du fer qui y est ferré avec un coin ; le surplus est ouvert en-travers ; c’est la place du tranchant du fer ; car le fer est de toute l’épaisseur du fust jusqu’à la hauteur d’un pouce & demi ou environ ; il est tranchant sur les deux côtés, pas tout-à-fait tant du côté de dessous, qui est son vrai tranchant. Il y a plusieurs sortes de guillaumes. Voyez les Planches de Menuiserie, & les articles suivans.

Il y a le guillaume ceintré, & plusieurs especes de guillaumes ceintrés. Le guillaume ceintré sur le plat, & le guillaume ceintré sur les côtés. Ceux-ci sont d’usage dans les ouvrages ceintrés.

Le guillaume debout, c’est celui dont le fer n’est point incliné & n’a point de pente ; on s’en sert lorsque les bois sont trop rustiques, & que les autres ne peuvent les couper net.

Le guillaume à ébaucher, qui sert à commencer les ravallemens de feuillures.

Le guillaume à plate-bande, avec lequel on forme les plates-bandes ; il est fait comme les autres, à l’exception qu’il a une joue qui dirige l’outil dans le travail de la plate-bande ; que l’angle extérieur en est arrondi, & que quelquefois il porte un quarté.

Le guillaume à recaler, qui sert à finir les feuillures, les ravalemens, &c.

Il y a encore un guillaume qui est commun aux Menuisiers & aux Charpentiers, avec lequel ils dressent les tenons & moulures de fond des feuillures.

GUILLEDIN, s. m. (Manége.) terme qui dans notre langue signifie proprement un cheval hongre anglois. Il a été fait du mot gelding, usité pour exprimer dans la langue angloise, l’action de châtrer ou de couper, & par lequel on désigne encore un cheval hongre, un cheval coupé, cuthorse. (e)

GUILLELMITES, s. m. pl. (Hist. ecclés.) congrégation de religieux, instituée par S. Guillaume, hermite de Malaval en Toscane, & non par Guillaume dernier duc de Guienne, comme le prétendent ces religieux contre le sentiment des critiques. Ils ne suivent point non plus la regle de S. Augustin, puisqu’ils s’opposerent à l’union qu’on avoit faite de leur ordre a celui des hermites de S. Augustin, & que le pape Alexandre IV. par une bulle de l’an 1256, leur permit de conserver leur habit particulier, & de suivre la regle de S. Benoît avec les instructions de S. Guillaume leur fondateur. Cet ordre subsiste encore en Allemagne & en Flandres. Il avoit aussi autrefois des maisons en France, & le roi Philippe le Bel donna à ces religieux celle que les Blancs Manteaux avoient à Paris, qu’ils occuperent depuis l’an 1299 jusqu’en 1630, que les Bénédictins de S. Vanne prisent leur place ; & ceux-ci l’ont cédée à la congrégation de S. Maur. Voyez Blancs-Manteaux. (G)

« GUILLEMET, s. m. dans l’usage de l’Imprimerie ; c’est le nom d’une espece de caractere figuré ainsi », & qui représente deux virgules assemblées, dont on se sort pour annoncer au lecteur que ce qu’il va lire, est tiré d’un autre auteur que celui qu’il lit. Au défaut de guillemets, on met les citations d’auteurs en caractere italique. Cet article-ci est précédé de guillemets, pour en faire voir la figure & l’usage, dans le cas où l’article est tiré d’un autre auteur ».

GUILLOCHER, v. act. (Tourneur.) voyez à l’article Tour la maniere de guillocher. Les Vernisseurs font des tabatieres de carton, & autres ouvrages qui semblent être guillochés, par les différentes couleurs qui y sont posées. Pour cet effet les ouvriers qui for-

ment la boîte, la guillochent sur le tour quand elle

est bien seche, comme on fait aux boîtes d’écaille ; ensuite le vernisseur remplit ces guillochures avec différentes couleurs au vernis, & ensuite y met autant de couches de verni qu’il est nécessaire pour la rendre unie & luisante.

GUILLOCHIS, s. m. terme d’Architecture, c’est un ornement qui se taille sur les faces, plate-bandes, & sofites d’architrave en formes d’entre-bas. Cet ornement est antique : il s’en voit au plafond du temple de Mars le vengeur à Rome. (P)

Guillochis ou Entrelas, (Jardinage.) est un compartiment formé de lignes ou d’allées quarrées entrelacées les unes dans les autres. Ces sortes de desseins, qui se font avec du bois, du gason, ou de la charmille, conviennent également aux parterres comme aux bosquets. (K)

GUILLOIRE, CUVE, battre la guilloire ; voyez l’article Brasserie.

GUIMARAENS, Vimananum, (Géog.) ancienne, forte, & considérable ville du Portugal, dans la province d’entre Duéro-e-Minho, & dans la Comarca. Elle a été souvent le séjour des rois de Portugal, & ce qui en est une suite, les édifices publics modernes ont de l’éclat. Elle est à 3 lieues de Brague, 11 de Porto, 16 N. O. de Lamégo, 66 N. E. de Lisbonne. Long. 9. 46. latit. 41. 25.

Guimaraens donna le jour au pape Damase, successeur de Libere en 366 ; ce pape tint plusieurs conciles, excommunia les Lucifériens, introduisit l’usage de chanter l’alleluia, & eut un illustre secrétaire en la personne de S. Jérôme.

Cette ville est encore la patrie d’Alphonse, premier roi de Portugal, qui défit cinq rois Maures confédérés, a la bataille d’Ourique en 1139, & mourut à Coimbre en 1185, âgé de 76 ans. (D. J.)

GUIMAUVE, s. f. (Botan.) althæa ou bismalva des Botanistes ; ses caracteres sont les mêmes que ceux de la mauve, voyez Mauve. Ses racines qui sortent d’une tête, sont blanches en-dedans, nombreuses, de la grosseur d’un doigt, fibreuses, & remplies d’un mucilage gluant, ses tiges sont hautes d’environ trois piés & demi, tendres, greles, cylindriques, velues, garnies de feuilles alternes, d’un verd-pâle, arrondies, pointues, blanchâtres, cotonneuses, longues d’environ trois pouces, ondées, dentelées, & portées sur une grande queue. Ses fleurs naissent des aisselles des feuilles ; elles sont d’un blanc tirant sur le rouge, d’une seule piece, partagée en cinq parties jusque vers la base, & garnies dans cet endroit d’un tuyau pyramidal charge d’étamines & de sommets ; le pistil s’emboite dans ce tuyau, & devient un fruit applati & arrondi, composé de plusieurs capsules, disposées en maniere d’anneau, arrangées autour d’un placenta qui occupe le centre. Ces capsules sont membraneuses, minces, en forme de rein, & elles contiennent une graine de même figure.

Il n’est pas aisé de décider si notre guimauve est l’althæa de Dioscoride ; on peut soûtenir également le pour & le contre : mais nos botanistes modernes l’ont trop bien caractérisée, pour qu’on la confonde dans la suite ; elle vient par-tout dans les lieux maritimes, dans les marais, le long des ruisseaux, & fleurit au mois de Juillet. On fait un grand usage en Medecine des feuilles, des fleurs, des graines, & sur-tout des racines de cette plante. (D. J.)

Guimauve, (Pharmacie & Mat. med.) on n’employe ordinairement en Medecine que la racine de cette plante ; elle contient un mucilage abondant : on en retire par une legere ébullition dans l’eau jusqu’à trois gros & quelques grains par once, selon Cartheuser. Mais il est difficile d’estimer au juste la quantité de cette matiere, parce que son poids varie considérablement selon le plus ou le moins d’eau au-