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la marée est basse. Pour le premier cas, il suffit de supposer que pendant la sécheresse l’eau ne s’éleve pas assez dans ces étangs pour parvenir jusqu’au coude d’un siphon, par lequel ils communiquent à quelque caverne inférieure, où le siphon décharge leurs eaux, lorsque par l’abondance qui est la suite des pluies, elle s’éleve jusqu’au coude du siphon : en conséquence de cette évacuation, l’étang est moins plein que pendant la sécheresse. Tel est l’étang de Lamsbourne dans le Berskshire en Angleterre. Transact. philosoph. 1724, n°. 384 ; & Desagul. phys. expérim. pag. 180. II. vol.

Pour le second cas, il est aisé de supposer que quand la mer est haute, elle se décharge dans quelque réservoir qui communique par des canaux ou siphons soûterreins à ces étangs singuliers ; & comme l’eau ne commence à couler dans le siphon que dans le tems de la haute mer, elle ne produit d’effet sensible dans l’étang que lorsque la mer s’est retirée ; ensuite quand la mer monte, le siphon est arrêté ; & l’étang ayant répandu ses eaux dans des soûterreins, il est presqu’à sec quand la marée est arrivée à son plus grand degré de hauteur. Tel est l’étang de Greenhive, entre Londres & Gravesand ; tel est probablement le puits singulier de Landerneau. Hist. de l’académie, 1717, pag. 9.

Nous ne parlerons pas ici des fontaines simplement temporaires & maïales ; on en trouve par-tout, surtout dans des endroits où les glaises & les roches recueillent les eaux de l’hyver, ou bien dans les montagnes couvertes de neiges : leur écoulement au reste n’a d’autre principe que l’eau des pluies, qui s’insinue entre les premieres couches de la terre, & dont l’écoulement n’est pas assujetti au jeu d’un siphon, ni à celui des autres pieces compliquées, dont nous avons donné le détail & l’application. On peut expliquer par le méchanisme des fontaines périodiques, un phénomene singulier que présentent certaines cavernes. Près de Salfedan dans les montagnes des environs de Turin, on trouve un rocher entr’ouvert par une fente, perpendiculairement à l’horison ; pendant un certain tems il en sort un courant d’air assez rapide pour repousser au-dehors les corps legers qu’on expose à son action ; ensuite l’air y est attiré, & il absorbe les pailles & ce qu’il peut entraîner. Un semblable rocher dans la Thuringe aspire l’air & l’expire aussi sensiblement : je dis donc que cette espece de respiration a pour principe le mouvement d’un siphon. Tandis que l’eau soûterreine qui se décharge dans la caverne, n’est pas parvenue au niveau de l’orifice inférieur du siphon, l’air s’échappe de la caverne par le siphon, à mesure que la caverne se remplit ; mais il sort ensuite par la fente du rocher, lorsqu’il n’a plus l’issûe du siphon, & que l’eau d’ailleurs versée par le canal d’entretien, le comprime. Il y rentre lorsque l’eau coule abondamment par le siphon, & que la cavité se vuide. Cet article est de M. Desmarest.

Fontaine artificielle, (Hydr.) on appelle ainsi une machine, par le moyen de laquelle l’eau est versée ou lancée. De ces machines, les unes agissent par la pesanteur de l’eau, les autres par le ressort de l’air. Du nombre des premieres sont les jets d’eau, qui tirant l’eau d’un réservoir plus élevé, & la recevant par le moyen des tuyaux pratiqués sous terre, élevent cette eau à une hauteur à-peu-près égale à celle du réservoir. Voyez Jet-d’eau & Ajutage. En disposant les ajutages selon différentes directions, on aura une fontaine ou jet-d’eau, qui lancera l’eau suivant des directions différentes. Voyez fig. 18. Hydrodyn. On peut même, au lieu de différens ajutages, se contenter de pratiquer des ouvertures différentes à un même tuyau, comme on le voit fig. 19. Ouvrant le robinet qui est en C, l’eau

s’échappera par ces ouvertures & couvrira les spectateurs qui ne s’y attendent pas. Si on place sur l’orifice de l’ajutage une petite boule A (fig. 21.), elle sera élevée par l’eau qui monte, & se soûtiendra toûjours en l’air pourvû qu’on soit dans un lieu où il ne fasse point de vent. Si à l’orifice de l’ajutage on ajuste une espece de couvercle lenticulaire AB (fig. 22.) percé d’un grand nombre de petits trous, l’eau jaillira en forme de petits filets, & s’éparpillera en gouttes très-fines. Enfin si on soude au tube AB (fig. 23.) deux segmens de sphere séparés, mais assez proches l’un de l’autre, & qu’on puisse éloigner ou rapprocher par le moyen d’une vis, l’eau sortira en forme de nappe.

Construction d’une fontaine qui joue par le ressort de l’air. DDBB (fig. 17. Hydrauliq.) est un vaisseau cylindrique, percé en-bas dans le fond BB, d’un petit trou, par lequel on verse l’eau dans la fontaine, & que l’on peut fermer à l’aide d’une vis-Il y a en-haut sur le couvercle DD un robinet E, par le moyen duquel on peut ouvrir ou fermer ce vase. A ce robinet tient un tuyau KC, qui pénetre le milieu du vase & va se rendre jusqu’au fond où il s’ouvre en C. On enchâsse au-haut du robinet un petit tuyau M, qui a une petite ouverture par laquelle l’eau jaillit. On met de l’eau dans ce vase, sans l’emplir entierement, mais seulement jusqu’à la hauteur AA ; on presse ensuite l’air par le tuyau KC dans le vase. par le moyen d’une pompe foulante, attachée proche du robinet en M ; l’air qui est beaucoup plus leger que l’eau, passe à-travers en montant en-haut, & remplit l’espace ADDA. Lorsqu’on a ainsi pressé une grande quantité d’air dans ce vase, on le ferme avec le robinet E ; & après en avoir retiré la pompe foulante, on y met le petit tuyau. L’air enfermé dans l’espace DA, DA, comprimant l’eau proche de AA, il la pousse en-bas, & la fait entrer & monter ensuite dans le tuyau CK ; lors donc qu’on tourne le robinet E, l’eau sort par la petite ouverture, & forme un jet qui s’éleve avec beaucoup de rapidité, mais qui va toûjours en diminuant de hauteur & de force, à mesure que l’eau du vase baisse & que l’air en se dilatant la comprime moins. Quand toute l’eau est sortie, l’air s’élance lui-même avec bruit & sifflement par le tuyau. Mussch. Essai de Phys. §. 1386.

La figure 20. représente une machine à-peu-près semblable, mais en petit. Cette boule se remplit d’eau jusqu’à la moitié, & fait entrer dans la partie vuide de la boule de l’air comprimé, qui oblige l’eau à monter par le tuyau DAC, & à jaillir par l’extrémité C.

Fontaine qui commence à joüer dès que l’on allume des bougies, & qui cesse quand on les éteint. Prenez un vase cylindrique CD (fig. 25.) ; appliquez-y des tubes AC, BF, &c. ouverts par en-bas dans le cylindre, de maniere que l’air puisse y descendre. Soudez à ces tubes les chandeliers H, &c. & ajustez au couvercle creux du vase inférieur CF un petit tube ou ajutage FE, avec un robinet G, qui aille presque jusqu’au fond des vases. Il y a en G une ouverture, garnie d’une vis, afin que par cet orifice l’on puisse verser l’eau en CD.

Dans cet état, si l’on allume les bougies H, &c. leur chaleur raréfiant l’air contenu dans les tubes contigus, l’eau renfermée dans le vase commencera à jaillir par EF. Wolf & Chambers.

Fontaine de Heron, ainsi nommée de son inventeur Heron d’Alexandrie, & qui a été perfectionnée ensuite par Nieuwentit.

AB (fig. 24.) est un tuyau par lequel on verse de l’eau dans le bassin inférieur C, lequel étant plein de même que le tuyau AB, l’air est poussé du bassin C par le tuyau DE dans le bassin F ; cet air est