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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 7.djvu/194

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tems que ce soit, que cependant il est bien difficile que l’eau ne s’y introduise tant de la part des portes de l’écluse, que des sources qui transpirent dans le fond, malgré les précautions que l’on prend pour s’en garantir ; il est d’une extrème conséquence de faire ensorte que les eaux qui s’y amasseront s’écoulent d’elles-mêmes au tems des basses-marées ordinaires, sans être obligé d’employer continuellement des machines pour les puiser ; ce qui coûte beaucoup. Pour éviter cet inconvénient, il faut établir la surface du fond environ à un pié au-dessus du niveau des basses eaux dans le port ; au cas que cela se puisse sans anticiper trop sur le tirant d’eau des plus grands vaisseaux qu’on pourra y faire entrer non-lestés : autrement il faudroit faire de son mieux pour concilier ces deux objets. Il est bon d’observer que les vaisseaux du premier rang qui tirent avec leur charge ordinaire 25 à 26 piés d’eau, n’en exigent que 16 à 17 quand ils ne sont pas lestés, après qu’on a un peu chargé l’avant, ou soulagé l’arriere avec des coffres pour diminuer la différence du tirant-d’eau : ainsi voilà un point fixe, d’où l’on pourra partir pour se régler en conséquence ; & comme le tirant-d’eau des navires que l’on fait passer dans une forme, doit se mesurer au-dessus du chantier qui a environ 3 piés de relief, il suffit, quand on y est contraint par le défaut de profondeur d’eau, de ne lui en donner que deux seulement, pour pouvoir encore travailler commodément aux parties du vaisseau qui répondent à la quille.

Lorsqu’on ne peut empêcher que la plate-forme ne soit inondée, soit de la part des sources du fond, soit des pluies, ou de l’eau de la mer qui filtre par les portes de l’écluse, on y remédie par des machines pour épuiser ces eaux, dont on peut voir la conduite & le dessein rendu dans toutes ses parties, tant en plan qu’en profil, dans la Planche IX. à laquelle nous renvoyons pour éviter un plus long détail. (Z)

Forme, dans l’art de Peinture, est un terme dont le sens ne paroît être autre chose que l’apparence des objets : en conséquence prescrire aux artistes de regarder comme l’objet principal de leur étude de bien imiter les formes, ne seroit que leur recommander de dessiner exactement la nature ; cependant comme dans l’explication que je cherche à donner des termes qu’on employe dans l’art dont il s’agit, j’embrasse ordinairement & les significations simples & celles qui sont plus recherchées, je crois devoir joindre ici à l’occasion de ce mot, quelques idées intéressantes.

Je suppose à plusieurs artistes le projet de représenter un objet qui s’offriroit à leur vûe ; il arriveroit qu’ils pourroient le représenter d’une façon différente les uns des autres, & que cependant tout le monde reconnoîtroit dans chacune des copies l’objet qu’ils auroient imité : ainsi s’ils avoient eu le but, par exemple, de dessiner un homme qu’ils auroient tous regardé du même point de vûe, le dessein de chacun de ces artistes donneroit à ceux qui le verroient l’idée générale d’un homme, quoique les formes des parties qui composent cet homme pussent être différentes, à plusieurs égards, dans chaque dessein. Mais si l’on donnoit à ces mêmes artistes deux hommes à-peu-près semblables à représenter, chacun d’eux seroit excité à les comparer & à démêler dans des parties, qui à la premiere vûe leur auroient paru semblables, les différences de formes qui pourroient les distinguer ; la représentation de plusieurs hommes de même âge & de même taille, les conduiroit enfin à un examen plus détaillé, plus réfléchi ; & pour lors ceux qui auroient un discernement plus délicat & un sentiment plus fin, parviendroient plus aisément à discerner & à saisir ce qui fait le caractere distinctif des formes.

Il résulte de ce développement ; que les objets ont des formes générales & des formes caractéristiques ; & que la finesse & la sensibilité avec lesquelles l’artiste découvre & exprime ces différences particulieres & caractéristiques, sont une source de supériorité dans son talent : peut-être ce talent est-il un don de la nature ; mais il a besoin d’être développé & cultivé ; les connoissances de toute espece l’augmentent. Je vais faire encore une supposition pour le prouver. Un artiste à qui l’on donneroit à imiter un objet qui lui seroit totalement inconnu, & dont il n’auroit jamais approché qu’à la distance nécessaire pour le voir distinctement, l’imiteroit sans doute avec une exactitude apparente, qui paroîtroit devoir suffire à la représentation : cependant il est certain que cette représentation ne rendra l’objet parfaitement, que pour ceux qui n’en auront pas approché de plus près que l’artiste dont il s’agit. Ceux qui l’auront touché exigeront davantage dans l’imitation ; & l’artiste, après avoir connu en partie sa nature, par exemple sa dureté ou sa mollesse, sa legereté même ou sa pesanteur, rendra le portrait de cet objet plus relatif aux desirs de ces spectateurs plus instruits ; il opérera encore différemment, s’il a plus de connoissance de la contexture & de l’usage de l’objet supposé, & satisfera alors pleinement ceux à qui il est intimement connu.

Un peintre qui voudra représenter des arbres ou des plantes, ne laissera donc pas échapper, s’il est instruit, certaines formes caractéristiques, qui indiqueront aux Botanistes mêmes les différences apparentes qui leur sont connues. Qu’on s’éleve de cette imitation de plantes à celle des hommes, & qu’on ait pour objet de les représenter aux yeux d’un peuple instruit, agités des mouvemens que les passions occasionnent, avec les nuances d’expressions que répandent sur eux les âges, les états, les tempéramens ; quel discernement naturel ne faudroit-il pas ? par combien de connoissances ne sera-t-il pas nécessaire d’éclairer le talent, & que des réflexions profondes & justes devront être employées à le guider ? Article de M. Watelet.

* Forme, (Cartonnier.) espece de chassis de bois fait d’un quadre & de traverses, & couvert de fils de laiton. Il n’est pas fort différent de la forme des Papetiers ; le laiton en est seulement plus fort, & la forme du Papetier a un rebord. La forme du Cartonnier sert à lever les feuilles de carton. Voyez les Pl. du Cartonnier, & les articles Carton & Papeterie.

* Forme, terme de Chapelier, gros cylindre de bois, arrondi par le haut & tout-à-fait applati par le bas, dont on se sert pour dresser & enformer les chapeaux, après qu’ils ont été foulés & feutrés. C’est dans ce sens qu’on dit mettre un chapeau en forme, ou l’enformer. Voyez les Planches du Chapelier.

Les Chapeliers appellent aussi forme, la tête du chapeau, ou plûtôt la cavité du chapeau, destinée à recevoir la tête de celui qui s’en sert. C’est dans ce sens qu’on dit communément : ce chapeau est trop haut, trop bas, trop large, trop étroit de forme.

* Forme, (Cordonnerie.) c’est le morceau de bois qui a à-peu-près la figure d’un pié, sur lequel on monte le soulier pour le faire. Voyez la Planche du Cordonnier. Il y a la forme simple, & la forme brisée : celle-ci est composée de deux demi-formes ; à chacune est une coulisse, entre laquelle on fait entrer à force une clé ou espece de coin de bois, qui écarte les deux demi-formes. Voyez la Planche du Cordonnier-Bottier. L’usage de cette forme est d’élargir les souliers quand ils sont trop étroits.

On appelle Formiers, ceux qui font les formes pour les Cordonniers & Bottiers.

Forme, dans l’usage de l’imprimerie, désigne une