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gratiosam, quibus ad id propria virtutum merita laudaliliter suffragantur, &c. Mandamus quatenus, si post diligentem examinationem dictum N..... repereris. .... eidem..... conferas, &c.

Elle est surnommée l’ancienne antiquâ, parce que c’étoit autrefois la seule forme usitée avant les reservations qui ont donné lieu a la forme appellée novissimâ : c’est pourquoi à Rome on met souvent in formâ dignum simplement, sans ajoûter antiquâ ; ce qui est la même chose.

Les provisions expédiées in forma dignum novissimâ, sont pour les bénéfices dont la collation est reservée au saint-siége. Cette forme n’accorde aux commissaires que trente jours pour l’exécution des provisions ; passé lequel tems, on peut recourir à l’ordinaire le plus voisin. Cette forme a été surnommée novissimâ, pour la distinguer de l’ancienne.

La clause in formâ juris se met dans les dévolus & les vacances, qui emportent privation du bénéfice. La forme de cette commission est la clause d’un rescrit de justice ; mais cette forme est abusive, & n’est point reçûe dans le royaume.

Pour connoître plus à fond les effets de ces différentes formes, il faut voir le traité de l’usage & pratique de cour de Rome de Castel, avec les notes de Noyer, tom. I. pag. 395. & suiv. (A)

Forme de Pauvreté, in formâ pauperum, c’est la maniere dont on expédie en cour de Rome les dispenses de mariage entre personnes qui sont parentes en degré prohibé, lorsque ces personnes ne sont pas en état de payer les droits que l’on a coûtume de payer aux officiers de cour de Rome pour ces sortes de dispenses. Pour en obtenir une en la forme de pauvreté, il faut avoir une attestation de l’ordinaire, de son grand-vicaire ou official, portant que les parties sont si misérables, qu’elles ne peuvent vivre & subsister que de leur industrie & du travail de leurs bras seulement, quod labore & industritâ tantum vivunt. Voyez Castel, loc. cit. tom. II. pag. 228. (A)

Forme, en Architecture, espece de libage dur, qui provient des ciels de carriere.

Forme de pavé, c’est l’étendue de sable de certaine épaisseur, sur laquelle on assied le pavé des cours, des ponts, chaussées grands chemins, &c. en latin statumen.

Forme d’église : on appelle ainsi les chaises du chœur d’une église. Il y a les hautes & les basses. Les hautes sont adossées ordinairement contre un riche lambris, couronné d’un petit dôme ou dais continu, comme celles des grands Augustins, qui ont été faites pour les cérémonies de l’ordre du Saint-Esprit. Les hautes & basses formes qui portent sur des marche-piés, sont séparées par des museaux ou accoudoirs assemblés avec les dossiers ; ainsi chaque place avec sa sellette, soûtenue d’un cul-de-lampe, est renfermée de son enceinte appellée parclose. Il s’en voit qui n’ont d’autre dossier que celui de leur parclose, comme celles de Saint Eustache & de quelques paroisses de Paris, où la clôture du chœur est à jour. Les basses formes ne devroient pas être vis-à-vis les hautes, comme on le pratique ; mais au contraire le dossier d’une basse devroit répondre au museau de la perclose d’une haute, afin que le vuide fût vis-à-vis de ceux à qui on annonce quelque antienne, ou qu’on encense, ainsi qu’elles sont en partie à Notre Dame de Paris. Les formes de l’abbaye de Pontigny près d’Auxerre, sont des plus belles ; celles des PP. Chartreux de Paris, des plus propres & des mieux travaillées. (P)

Forme, (Marine.) c’est un petit bassin revêtu de maçonnerie, ayant en-dedans des degrés pour descendre sur des banquettes de pierre, disposées en amphithéatre, pour faciliter aux ouvriers le

moyen de manœuvrer autour du navire qu’on y a introduit à marée haute, & qu’on y maintient ensuite à sec quand la mer s’est retirée, en fermant l’écluse qui est à son entrée ; ce qui se pratique avec assez d’aisance dans les ports où le flux & le reflux ont lieu : ou bien si ces formes sont sur la Méditerranée, l’on en puise l’eau avec des machines. Architecture hydraulique, tome II. liv. III. ch. xij.

Mais pour prendre une idée juste de ce qu’on appelle forme, il faut avant d’entrer dans un plus grand détail, jetter les yeux sur la Planche IX. figure 1. & suiv. qui représente le plan & les profils de la forme construite à Rochefort, pour la bâtisse & le radoube des vaisseaux du roi, dont le dessein est ici d’un plus grand détail & d’une plus grande précision que celui qu’on a inséré dans l’Architecture hydraulique ; excellent ouvrage dont on ne peut assez faire l’éloge, & dont j’extrairai ce dont j’aurai besoin pour celui-ci.

On place les formes dans l’arsenal, ou le plus près qu’il est possible ; mais dans quelqu’endroit qu’on les place, il faut qu’elles ayent beaucoup d’espace tout-autour pour la facilité du travail. Voyez la Pl. VII. dans le plan d’un arsenal de Marine, la situation des formes.

Lorsque le terrein ne permet pas de placer plusieurs formes de front, l’on en bâtit deux au bout l’une de l’autre qui ont une entrée commune ; telle est la double forme de Rochefort, qui passe pour la plus belle qu’il y ait en Europe.

La premiere de ces formes, qui est la plus profonde & la plus grande, sert pour les vaisseaux du premier rang : aussi a-t-elle un plus grand nombre de rampes & de banquettes que la seconde, destinée pour ceux du second & du troisieme rang. Il faut avoir la Planche IX. sous les yeux. La premiere est appellée forme inférieure, & l’autre forme supérieure. La différence de l’élévation de leur plate-forme est de sept piés ; ce qu’on a fait dans la vûe qu’on seroit moins incommodé des eaux de fond. L’on voit qu’ayant fait entrer à marée haute un vaisseau dans chacune de ces formes & fermé les portes de l’écluse, aussi-tôt que la mer en se retirant les a laisses à sec, on peut les radouber tous deux en même tems. On les fait sortir lorsqu’ils sont réparés, en profitant d’une marée favorable.

Il faut renfermer la capacité des formes dans de justes bornes. La longueur la plus raisonnable qu’on puisse donner à celles destinées pour les vaisseaux du premier rang, est de cent quatre-vingts-dix piés depuis le bord supérieur du fond jusqu’à l’angle du busc de l’écluse. A l’égard de la largeur des mêmes formes, comprise entre le bord des ailes, il faut la régler sur celle qu’il conviendra de donner à l’écluse, parce qu’elle est la même qu’aura la plate-forme ; à quoi il faut ajoûter l’espace qu’occuperont les banquettes : par exemple, si l’on donne quarante-huit piés à l’écluse, & que l’on fasse trois banquettes, chacune de cinq piés, elles en occuperont ensemble trente, qui étant ajoûtés à la largeur de l’écluse, donnent soixante dix-huit piés pour toute la largeur de la forme.

Le fond d’une forme doit être plancheyé avec autant de soin que le radier d’une écluse. Il faut apporter beaucoup d’attention pour établir solidement le massif de maçonnerie qui doit régner sur toute l’étendue de la plate-forme, & se régler sur la nature du terrein que l’on rencontrera après avoir fouillé jusqu’à la profondeur convenable. Le plancher du fond doit former un plan incliné de six pouces, depuis le fond de la forme jusqu’aux bords des heurtois de l’écluse, afin de faciliter l’écoulement des eaux.

Comme le principal mérite de ces sortes de bassins est de pouvoir y travailler à sec dans quelque