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Le juge d’église, selon la disposition canonique, pouvoit condamner ses justiciables au foüet. Dans la primitive Eglise les clercs souffroient la correction du foüet pour l’amendement de leurs fautes. Ils pouvoient y être condamnés judicio episcopali, comme on peut l’inférer du canon cum beatus distinct. 45. du canon non liceat distinct. 86. & autres ; Hilarius sous-diacre ayant accusé faussement un diacre, & les juges s’étant contentés d’absoudre l’accusé, le pape ordonna que l’accusateur seroit dépouillé de son office, qu’il seroit foüetté de verges publiquement, & envoyé en exil ; cap. j. de calumniat. Les canonistes ont tous conclu de-là que le juge d’église peut condamner au foüet, pourvû que ce ne soit pas jusqu’à effusion de sang ; néanmoins les juges d’église ont rarement prononcé de telles condamnations.

Bernard Diaz, dans sa pratique criminelle, chap. cxxxiij. prétend que les juges d’église peuvent sans encourir aucune irrégularité, condamner au foüet, quoiqu’il y ait communément effusion de sang ; parce que, dit-il, cette effusion de sang n’est pas ordonnée, & ne procede pas principalement du jugement, mais d’accident, & ex post facto. Cette distinction paroîtra sans doute plus subtile que solide.

Aussi Ignatius Lopez qui a commenté l’auteur que l’on vient de citer, observe que ce n’étoit guere qu’en Espagne où les juges d’église ordonnoient cette peine, & que depuis 21 ans il n’avoit point vû dans la ville de Alcala de Henares que les officiaux eussent condamné personne au foüet.

Julius Clarus dit aussi que dans l’état de Milan, les juges d’église ne condamnoient point les coupables au foüet.

En France autrefois, les juges d’église condamnoient quelquefois au fouet, mais c’étoit abusivement ; & cela ne se pratique plus : l’église ne pouvant infliger aucune peine afflictive.

Il a néanmoins été jugé par arrêt du 7 Août 1618, rapporté dans Bardet, qu’un bénéficier-juge n’avoit pas encouru d’irrégularité pour avoir condamné au foüet, parce que cette peine, quoiqu’afflictive, n’ôte point la vie, & n’est pas dans le cas de celles que l’Eglise abhorre. (A)

Foüet sous la custode, c’est lorsqu’on le donne dans la prison ; on condamne à cette peine les enfans au-dessous de l’âge de puberté, qui ont commis quelque delit grave. (A)

Fouet de Mat, (Marine.) on ne se sert de cette expression, un grand foüet de mât, que pour dire une grande longueur de mât. (Z)

*Fouet, (Verrerie.) c’est ainsi qu’on appelle dans les Verreries, l’ouvrier qui arrange les bouteilles ou les plats dans les fourneaux à recuire, & qui a soin de les tenir dans une chaleur convenable. S’il donne trop de chaud, l’ouvrage s’applatit ; trop de froid, il casse. Il est aidé dans sa fonction par les gamains. Voyez les articles Verreries & Gamains. Le foüet présente aussi la planche pour trancher les plats, & il aide l’ouvrier à les placer & arranger dans les fourneaux.

FOUETTER, v. act. Punir par le foüet, voyez l’article Fouet.

Fouetter, v. n. (Mar.) on dit que les voiles foüettent contre le mât quand elles sont presqu’entierement sur le mât, & qu’elles battent contre lui un peu plus fort que lorsqu’elles ne sont qu’en ralingue. (Z)

Fouetter, terme de Maçonnerie, c’est jetter du plâtre clair avec un balai, contre le lattis d’un lambris ou d’un plafond, pour l’enduire ; c’est aussi jetter du mortier ou du plâtre par aspersion, pour faire les panneaux de crépi d’un mur qu’on ravale. (P)

* Fouetter, chez les Relieurs, c’est après qu’un volume est couvert, ou de veau, ou de maroquin, le placer entre deux ais qu’on serre fortement de haut

en-bas avec de la ficelle cablée, & passer ensuite une autre ficelle sur le dos de nerf en nerf, ficelant des deux côtés. Les ficelles doivent se trouver croisées en tous sens. Voyez nos Planches de Relieure ; voy. les articles Ais a Fouetter & Relier

* Fouetter les Cocons, c’est une des préparations de l’art de tirer la soie. Voyez l’larticle Soie.

FOUGADE ou FOUGASSE, s. f. (Fortification.) c’est dans la guerre des siéges, une mine qui n’a que 6, 8, ou 9 piés de ligne, de moindre résistance, ou qui n’est enfoncée dans la terre que de cette quantité. V. Mine & Ligne de moindre résistance. (Q)

Fougasse, voyez l’article Fayence.

* FOUGER, v. neut. (Chasse.) il se dit de l’action du sanglier, qui arrache des plantes avec son boutoir. La plante ou racine enlevée s’appelle fouge, & les troncs, affranchis. Fouger se dit aussi du cochon.

FOUGERE, (Botan. géner.) s. f. filix, genre de plante qu’on peut nommer capillaire, & dont les feuilles sont composées de plusieurs autres feuilles rangées sur les deux côtés d’une côté, & profondément découpées. Ajoûtez aux caracteres de ce genre le port de la plante. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Fougere, (Botan.) c’est à M. William Cole en Angleterre, & à Swammerdam en Hollande, qu’on doit la découverte des semences de la fougere. M. Cole date la sienne de 1669, & Swammerdam de 1673.

M. Cole remarque 1°. que dans ces sortes de plantes, les loges ou capsules des graines sont deux fois plus petites que le moindre grain de sable ordinaire. 2°. Que dans quelques especes, ces capsules n’égalent pas la troisieme, ni même la quatrieme partie d’un grain de sable, & paroissent comme de petites vessies entourées d’anneaux ou de bandelettes en forme de vers. 3°. Que néanmoins quelques-unes de ces petites vessies contiennent environ cent graines si petites, qu’elles sont absolument invisibles à l’œil, & qu’on ne peut les distinguer qu’à l’aide d’une excellente lentille. 4°. Que l’osmonde ou la fougere fleurie, qui surpasse en grandeur les fougeres communes, a des capsules ou vésicules séminales d’une grosseur égale à celles des autres qui appartiennent au même genre. 5°. Enfin, que l’extrème petitesse de ces vésicules, étant comparées avec la grandeur de la plante, on n’y trouve pas la moindre proportion, ensorte qu’on ne pourroit s’empêcher d’admirer qu’une aussi grande plante soit produite d’une aussi petite graine, si on ne voyoit souvent de semblables exemples dans la nature.

Les observations de Swammerdam sur les graines de la fougere, se trouvent dans son livre de la nature (biblia naturæ) ; nous y renvoyons le lecteur, parce qu’elles ne sont guere susceptibles d’un extrait. Il suffira de dire à leur honneur, que M. Miles reconnoît après les avoir vérifiées, qu’on ne peut trop admirer leur justesse & leur exactitude. Passons donc à celles de M. de Tournefort, qui ne sont pas moins vraies.

La fougere, suivant cet illustre botaniste, porte ses fruits sur le dos des feuilles, où ils sont le plus souvent rangés à double rang, le long de leur découpures ; ils ont la figure d’un fer à cheval, appliqué immédiatement sur les feuilles, & comme rivé par-derriere ; chaque fruit est couvert d’une peau relevée en bossette, & qui paroît comme écailleuse ; cette peau se flétrit ensuite, se ride, & se réduit en petit volume au milieu du fruit ; elle laisse voir alors un tas de coques ou de vessies presqu’ovales, entourées d’une cordon à grains de chapelet, par le racourcissement duquel chaque coque s’ouvre en travers, comme par une espece de ressort, & jette beaucoup de semences menues. Les graines de la fougere femelle sont placées différemment sur le dos des feuil-