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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 7.djvu/355

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Frise, (Luth.) cet ornement dans l’orgue, est quelquefois percé à jour ; il y en a au haut des tourelles pour retenir les tuyaux par le haut, comme GHI, fig. 1. & au haut des plates faces, comme KL.

Frise est aussi la plate-bande OPMN, qui sert de socle aux tuyaux & vis-à-vis de laquelle les devans de la laie des sommiers sont placés. Cette plate-bande se peut ôter quand on veut, pour ouvrir les laies, & travailler aux soupapes ; elles sont retenues dans leur place avec des vis en bois ou des tourniquets semblables à ceux qui retiennent les devans de la laie. Voyez Laie.

Frise, s. f. (Commerce.) sorte d’étoffe de laine qui se fabrique principalement à Colchester, en une halle appellée la halle des Hollandois, ou la halle neuve. On a ordonné qu’il ne se feroit à Colchester aucune frise, connue sous les noms de 54, 60, 68, 80, ou 100 ; mais que deux jours après les avoir fabriquées, on les apporteroit à la halle des Hollandois, pour s’assûrer par l’examen qu’elles étoient bonnes, & ce avant d’avoir été nettoyées ni foulées. Il est défendu aussi aux foulons de recevoir de frises qui n’ont pas été marquées à la halle. Chambers.

Frise, en terme de Commerce, espece de ratine grossiere qui n’est pas croisée ; elle est faite de laine frisée d’un côté.

Frise, (Comm.) toile forte & ferme d’un bon usé, mais inférieure en finesse à la toile de Hollande.

Frise, (Menuis.) panneau couché dans les lambris entre le panneau du haut & celui d’appui, mais toûjours au-dessus de la frise du lambris d’appui. Voyez Planche d’Architecture.

Frise, Frisia propria, (Géog.) une des Provinces-Unies ; elle est bornée à l’est par la riviere de Lauwers, qui la sépare de la province de Groningue ; au sud par l’Ovérissel ; à l’oüest, par le Zuyderzée ; & au nord, par la mer d’Allemagne. Cette province peut avoir 12 lieues du sud au nord, & 11 du couchant au levant ; son terroir est fertile en bons pâturages, où l’on nourrit quantité de bœufs & de chevaux de grande taille. La Frise se divise en quatre parties, qui sont l’Ostergow, ou partie orientale ; le Westergow, ou partie occidentale ; le Seven-Wolden, ou les sept forêts ; & les Iles. Les villes de l’Ostergow sont Leuwarde & Doreum : celles du Westergow sont Harlingen, port de mer ; Franeker, université ; Bolswert, ville ancienne, Sneeck, Worcum, Hindelopen, Staveren : le pays de Seven-Wolden, ou des sept Forêts, n’est rempli que de bois & de marécages, & n’a pour ville que Slooten. Les îles sont Ameland, Schelling & Schiermonickoog.

Cette province, après s’être jointe à la confédération, choisit pour son Stadhouder le prince d’Orange ; & cette charge est depuis héréditaire dans sa famille. Pour ce qui regarde la Frise ancienne, qui a eu diverses bornes, & qui a été divisée différemment selon les révolutions arrivées au peuple nommé Frisii par les Romains, c’est un cahos impossible à débrouiller aujourd’hui. On peut cependant consulter les savans qui l’ont entrepris, comme Spener, Altingius, Kempius, Hamcomus, & Winsemius. (D. J.)

FRISER, v. act. (Perruquier.) c’est l’action de faire prendre des boucles aux cheveux, soit sur la tête de l’homme, soit détachés de sa tête. Sur la tête de l’homme, on les peigne, on en saisit une portion par la pointe, on leur fait faire plusieurs tours sur eux-mêmes, ensorte que la boucle soit en-dessus ; on enferme cette boucle dans un papier coupé triangulairement, dont on rabat deux angles l’un sur l’autre, & qu’on fixe en le tordant par le bout. Quand tous les cheveux sont ainsi préparés, ce qu’on appelle mis en papillottes, on a un fer plat fort chaud ; ce fer a des branches comme une paire de ciseaux ; ces branches sont terminées au-delà du clou par deux plaques rondes,

fortes, & épaisses ; on saisit la papillotte entre ces plaques ; on la serre fortement ; & l’action de la chaleur fait prendre aux cheveux les tours ou la frisure qu’on leur a donnée ; on les peigne derechef ; on les oint d’essence ou de pommade ; on les poudre ; on dispose les boucles comme on le souhaite ; on les poudre encore, & la tête est frisée. Quant à la frisure des cheveux détachés de la tête, dont on fait ou des tours de cheveux ou des perruques, voyez l’article Perruque.

Friser les Sabords, (Marine.) c’est mettre une bande d’étoffe de laine autour des sabords, qu’on ne calfate pas, afin d’empêcher que l’eau n’entre dans le vaisseau. (Q)

* Friser les Etoffes de Laine ; cette opération s’exécute par le moyen d’une machine.

Cette machine sert à velouter en quelque sorte les étoffes de laine, dont elle cache le défaut, en formant dessus une espece de grain, uniformément répandu sur toute sa surface : on y frise cependant des bonnes étoffes ; mais pour l’ordinaire, celles qui sont mauvaises ou médiocres, sont soûmises à cette préparation, pour pouvoir les vendre avec plus d’avantage.

L’étoffe frisée est-elle bonne pour garantir du froid ou de la pluie ? On pense qu’elle n’est bonne ni pour l’une ni pour l’autre chose.

Si on veut la faire valoir pour se garantir du froid, il seroit nécessaire de mettre la frisure en-dedans & non en-dehors. Si on veut se garantir de la pluie, le poil relevé n’en laisse pas perdre une goutte. Quelle est donc son utilité ? Le goût bisarre des hommes les a déterminés à saisir avidement cette invention dont tout le mérite ne consiste que dans la nouveauté.

La machine à friser est composée d’une grande cage de plusieurs pieces de bois de charpente. Voyez nos Planches de Draperie. Sa longueur est telle, que les draps les plus larges peuvent y passer librement : deux tables, dont l’une est mobile & l’autre dormante, sont tout le secret de cette invention : la table immobile est un fort madrier de bois de chêne d’environ six pouces d’épaisseur, fortement assemblé avec des sommiers qui traversent les faces latérales.

La table mobile est une forte planche de bois de chêne d’environ deux pouces d’épaisseur, enduite par-dessous d’une couche de ciment d’asphalte d’un demi-pouce d’épaisseur, dans lequel on a mêlé des cailloux pilés & non pulvérisés ; il faut seulement qu’ils soient réduits à la grosseur de la graine de chenevis. On dresse la face du ciment qui doit porter sur l’étoffe, en frottant la table ainsi chargée sur une grande piece bien droite, sur laquelle on a répandu du grès en poudre, de même que l’on dégrossit les glaces. Voyez à l’art. Verrerie, le travail des glaces.

Cette table s’applique sur l’étoffe que l’on a posée sur la premiere, contre laquelle on la fait presser au moyen de plusieurs étrésillons aaa, qui portent par leurs extrémités supérieures contre une planche bb, & par leurs extrémités inférieures sur la table mobile DD. La planche bb, contre laquelle les bâtons ou étrésillons aaa portent par leur partie supérieure, porte elle-même contre trois planches c d, c d, c d, cloüées à la partie inférieure du chassis qui sert de couronnement à la machine ; ensorte que les deux tables sont comprimées l’une contre l’autre par la force élastique des planches c d. On serre plus ou moins les tables l’une contre l’autre, en introduisant des calles entre le pié des étrésillons & la table mobile.

Pour faire mouvoir cette table, il y a un arbre AB, auquel le mouvement est communiqué, au moyen de la lanterne E, par un manége ou une roue à l’eau. Aux extrémités de cet arbre, qui est horisontal, sont deux roues à couronne, garnies d’un nombre d’aluchons convenable pour faire tourner prompte-