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monte également la montre. On appelle les montres qui ont de ces sortes de fusées, montres à l’ivrogne ; comme il est rare que l’on en fasse usage, nous n’en parlerons point, d’autant plus que ces sortes de fusées sont fort inutiles. Voyez Montre. (T)

Fusée, (Machine à tailler les) Méchanique, Horlogerie, &c. c’est un outil dont se servent les Horlogers pour former les rainures qui sont sur les fusées des montres.

On sait par ce qui précede, 1°. que la fusée est une espece de cone tronqué, sur lequel s’enveloppe une chaîne dans une ramure faite en ligne spirale, sur son contour, de la base au sommet. Un bout de la chaîne tient au barillet, & l’autre à la fusée.

2°. Que la propriété de la fusée est de rendre égale l’action du ressort sur le roüage.

3°. Qu’au moyen de la grandeur différente de ses rayons, lorsque le ressort est à son premier tour de bande, & par conséquent lorsque sa force est moindre, la chaîne s’enveloppe sur la plus grande partie de la fusée (ou plus grand rayon), & agit avec la même force sur le roüage, que dans le cas où le ressort étant monté au plus haut, la chaîne s’enveloppe sur le plus petit rayon de la fusée ; & de même à tous les autres degrés de tension du ressort ; car à mesure qu’on le remonte, sa force augmente : mais en même tems aussi les diametres de la fusée diminuent ; de sorte que l’action du ressort sur le roüage est toûjours la même.

4°. Qu’une autre propriété de la fusée, & qui est une suite de cette égalité de force sur le roüage, est de faire marcher plus long-tems une montre, en se servant cependant d’un même ressort ; ce qu’il est aisé de concevoir. Le barillet qui contient le ressort & sur lequel s’enveloppe la chaîne, est cylindrique ; je le suppose du même diametre que la plus grande partie de la fusée : dans ce cas si toutes les parties du premier tour de bande du ressort étoient égales entr’elles, lorsque la fusée fait un tour, le barillet en feroit aussi un ; mais comme cela n’est pas, & qu’à chaque degré de tension du ressort sa force augmente, & que, comme nous l’avons dit, les rayons de la fusée diminuent dans la même proportion, il s’ensuit de-là que pour le développement de la chaîne sur un tour de barillet, la fusée fera plus d’un tour ; & elle en fera d’autant plus que le ressort deviendra plus fort, jusqu’au point qu’étant au-haut, & dans ce cas supposant que sa force devînt double de celle de son premier tour, la partie de la fusée sur laquelle la chaîne s’enveloppe, sera de la moitié plus petite qu’au premier tour, & par conséquent un tour de barillet en fera faire deux à la fusée.

5°. Qu’afin que les diametres de la fusée soient moins inégaux entre eux, on n’employe dans les montres qu’environ quatre tours du ressort, quoiqu’ils en puissent cependant faire davantage : qu’on ne prend que les tours qui ont le plus d’égalité entre eux en ne remontant pas ce ressort jusqu’au-haut, & en ne le laissant pas développer jusqu’au-bas ; d’où l’on voit par ce qui vient d’être dit, que les formes des fusées ne sont pas exactement les mêmes, & qu’elles sont relatives aux différentes forces des ressorts. Ainsi on ne les détermine que par l’exécution ; car ce qui se feroit par la théorie, quoique satisfaisant, seroit en pure perte. On a acquis par l’habitude une forme approchante de celle qui convient aux fusées ; de sorte qu’on les tourne d’abord de cette forme qui approche assez de celle d’une cloche ; ensuite on les taille avec les outils que nous allons décrire ; enfin on les égalise par le moyen d’un levier qui s’ajuste sur le quarré de la fusée. Ce levier porte un poids mobile, que l’on met d’équilibre avec la moindre force du ressort, & l’on diminue les parties de la fusée qui sont trop grosses. Voyez Levier à égaler les Fusées.

Je ne connois ni l’auteur de la fusée, ni celui de la premiere machine pour les tailler. Il y a apparence que comme les premieres montres ont été faites en Angleterre, de même cette partie essentielle pour la justesse des montres y a été trouvée. Au reste ces machines n’ont pas été composées d’abord telles qu’elles sont à-présent. Je donnerai la description des deux constructions de machine à tailler les fusées. La premiere est tirée du traité d’Horlogerie de M. Thiout, pag. 66. Je ne fais que transcrire sa description ; sa planche même a servi.

On dit que la seconde est de la composition de feu M. le Lievre, horloger fort habile. M. Proselle son neveu, a bien voulu me communiquer cette machine.

Description de la machine à tailler les fusées à droite & à gauche, avec la même vis, par M. Regnauld de Chaalons, p. 66. du traité d’Horlogerie de M. Thiout. « Les pieces U & X (voyez nos Planches) marquent le chassis qui porte les pieces depuis Z jusqu’en V. ZV est un arbre, que l’on peut tarauder à droite ou à gauche ; cela ne fait rien, quoique celui-ci le soit à gauche, & dans le sens que sont taillées les fusées à l’ordinaire. Cet arbre est fixé sur la piece X par les deux tenons gg, qui sont la même piece que X, en le faisant entrer par g. On passe ensuite une piece en forme de canon, taraudée en-dedans y, sur le même pas que la vis. On place sur la même vis une autre piece taraudée X, qui sert à déterminer le nombre de tours que l’on veut mettre sur la fusée. On passe l’arbre dans le tenon g, & après avoir placé la manivelle T dessus en m, dont le bout est quarré, on le fixe par le moyen de l’écrou n. A la piece y est jointe celle f ou petit bras, par la cheville z qui fait charniere avec elle ; & comme cette piece f est fixée au chassis par une autre cheville au point k, ce point lui sert de centre lorsque l’on tourne l’arbre. Par le moyen de la manivelle, la vis fait avancer ou vers g, ou vers X. La piece y ne peut tourner avec la vis, & se promener seulement dessus. Ce mouvement d’aller & de venir est répété sur le grand bras e, par le moyen de la traverse aa, que l’on fixe sur l’un & sur l’autre bras par les chevilles b, que l’on met dans les trous dont on a besoin, à proportion des hauteurs de fusée. Ce grand bras a vers son milieu un emboîtement L percé quarrément, dans lequel passe la piece L, dont une partie de la longueur est limée quarré ; elle remplit l’emboîtement L : l’autre partie est taraudée & passée dans un écrou N ; elle sert à faire avancer ou reculer la piece L, qui à l’autre extrémité porte une tête fendue, dans laquelle on fixe à charniere la piece H, par la cheville L ; laquelle piece H porte à l’autre bout l’échope G, qui passe au-travers de la tête de cette piece, où elle est fixée par la vis 7. L’arbre ZV porte une alonge ou assiette C, percée en canon, laquelle entre dans l’arbre, & y est fixée par une cheville à l’endroit Z. C’est dessus cette assiette que l’on fait porter la base de la fusée A, dont la tige entre dans le canon B du tasseau ou assiette. Cette fusée est fixée à cet endroit par l’autre vis D, pour y être taillée.

» Tout étant ainsi disposé, il faut considérer deux mouvemens différens au grand bras e ; par exemple, si on le fixe au chassis par une de ses extrémités, & par la cheville R ; & que l’on tourne la manivelle T, tellement que la piece y avance vers G, & qu’alors on baisse la barre H qui porte l’échoppe G jusqu’à ce qu’elle touche la superficie de la fusée A ; cette fusée se taillera dans le sens que la vis de l’arbre zv est taraudée, qui est à gauche. Si au contraire on ôte la cheville R, qui servoit à fixer le grand bras e ; & que l’on donne à