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au nord de la riviere d’Ambato, à 17d. 30′. de latit. méridionale. (D. J.)

GALENE, s. f. (Hist. nat. Minéralogie.) nom générique donné par plusieurs auteurs à la mine-de-plomb, & sur tout à celle qui est composée de grands cubes, galena tessulata. On ne sait pas trop l’origine du mot galena ; les Allemands expriment la même chose par glantz, qui signifie éclat. Galena sterilis, est le crayon ou la mine-de-plomb. Voyez l’article Bley-Glantz. Voyez aussi Plomb.

Il y a encore la galene martiale que les mineurs allemands nomment eysen-glantz ; elle ressemble à la galene ou mine-de-plomb en cubes, excepté qu’elle n’a point l’éclat de cette derniere ; elle est plus noire & plus dure qu’elle ; il est très-difficile d’en tirer le fer ; elle paroît composée de fer, d’arsenic, & de soufre. Voyez Lehmann, traité des mines. (—)

GALÉNIQUE, adj. (Medecine.) ce terme est employé dans les écrits des medecins modernes ; 1°. pour désigner la maniere de raisonner en Medecine, & de traiter les maladies selon la théorie & la pratique fondées sur les principes du fameux Galien ; ce qui forme la medecine galénique, la doctrine galénique, comme on appelle hippocratiques la medecine, la doctrine fondées sur les principes du prince des Medecins ; voyez Galénisme (Medecine.) 2°. pour distinguer une des deux parties principales de la Pharmacie, qui consiste dans la préparation des médicamens faite par une simple action méchanique, par le seul mélange de leur substance, sans égard aux principes dont elle est composée : en quoi on a voulu dans les écoles que cette sorte de pharmacie, telle que l’enseigne Galien, fût différente de celle qui est appellée chimique, dont toutes les opérations se font par des moyens physiques, & dans laquelle on a principalement pour objet la recherche des différens principes des parties intégrantes, qui entrent dans la composition des médicamens. Ainsi la premiere a été sans doute nommée galénique, parce qu’elle se pratique de la maniere qui étoit seule en usage parmi les disciples de Galien, qui n’avoient vraissemblablement aucune connoissance de la Chimie, ou au moins ne l’avoient pas introduite dans la pratique de la Medecine ; cette distinction cependant n’a été faite que lorsqu’il y a eu des medecins chimistes, pour établir la différence de ceux qui restoient attachés à la doctrine de Galien, d’avec ceux qui formoient la secte chimique. Voyez Pharmacie, Chimie, Médicament.

GALENISME, s. m. (Medecine.) se dit de la doctrine de Galien, l’auteur après Hippocrate le plus célebre parmi les medecins, & qui a eu même plus d’empire dans les écoles que le pere de la Medecine.

Galien naquit sous l’empereur Adrien, l’an de N. S. 131 ; il avoit quatre à cinq ans lorsque ce prince mourut : il étoit de Pergame, dans l’Asie mineure, ville fameuse à divers égards, & particulierement par son temple d’Esculape. Il étoit fils de Nicon, homme de bien, riche & savant, qui n’épargna rien pour l’éducation de son fils.

Le jeune Galien, après avoir appris tout ce qu’on avoit alors coûtume d’enseigner dans les écoles, tourna toutes ses pensées vers la Medecine, y étant déterminé par un songe, selon qu’il le dit lui-même. Il étoit pour lors âge de 17 ans : deux ans après il se mit à étudier pendant quelque tems sous un disciple d’Athenée, & ensuite sous différens maîtres d’un mérite distingué, comme il paroît par ce qu’il en dit en divers endroits de ses ouvrages : il s’attacha néanmoins très-peu au premier de ces professeurs ; il s’étoit bien-tôt rebuté de le suivre, parce que celui-ci faisoit gloire d’ignorer la Logique, bien loin de la croire nécessaire à un medecin. Il goûta beaucoup la secte des Péripatéticiens, quoiqu’il mal-

traite Aristote en quelques endroits ; en voulant faire

croire que ce qu’il y a de meilleur dans la physique de ce philosophe, est tiré des œuvres d’Hippocrate.

Après ses études, Galien se mit à voyager ; il fit un long séjour à Alexandrie, où toutes les sciences fleurissoient ; à l’âge de 28 ans il retourna à Pergame ; sa santé qui jusqu’alors avoit été chancelante, devint meilleure, selon ce qu’il en dit lui-même, & fut même très-vigoureuse tout le reste de sa vie ; il parvint à une extrème vieillesse. Il avoit 32 ans lorsqu’il parut à Rome, où il trouva de la part des medecins la plus grande opposition, à ce qu’il pût exercer librement sa profession : aussi prétendoit-il savoir ce qu’ils n’avoient jamais sû & ce qu’ils ne vouloient point apprendre. Une prétention de cette espece a toûjours fait, & fera toûjours un grand nombre d’ennemis parmi ceux qui ont le même objet d’ambition, quelque bien fondé que puisse être celui qui veut s’attribuer une pareille supériorité de lumieres.

Cependant Galien parvint à plaire aux grands de Rome par ses exercices anatomiques, par le succès de sa pratique, & sur-tout par celui des prognostics. Le préteur Sergius Paulus fut un de ses plus zélés partisans, aussi-bien que Barbarus, oncle de l’empereur Lucius Verus, & Severe : ce qui contribua le plus à augmenter les clameurs & les plaintes des autres medecins, au point qu’il fut forcé de sortir de cette ville, & de se retirer dans sa patrie, d’où les empereurs Marc-Aurele & Lucius Verus le firent bien-tôt revenir à Rome, & depuis ce tems-là il n’en sortit plus, selon ce qui paroît : il ne cessa pendant toute sa vie de travailler avec beaucoup de soin à s’instruire dans les Belles-Lettres, dans la Philosophie, & dans la Medecine ; & comme il joignoit le talent à l’étude, il réussit très-bien. Il s’acquit la juste réputation d’un grand philosophe & d’un grand medecin ; il avoit beaucoup de facilité à s’énoncer, & une éloquence sans affectation ; mais comme son style est extrèmement diffus & étendu, à la maniere de celui des Asiatiques, cela est cause qu’on a quelquefois de la peine à le suivre, ou qu’on le trouve obscur en divers endroits.

Le grand nombre de livres que nous avons de cet auteur célebre, & ceux qui se sont perdus, font bien voir qu’il ne lui coûtoit guere d’écrire. Suidas dit que Galien avoit composé des ouvrages non-seulement sur la Medecine, sur la Philosophie, mais encore sur la Géométrie, sur la Grammaire. L’on comptoit plus de cinq cents livres de sa façon concernant la Medecine seule, & environ la moitié autant concernant les autres sciences. Il a fait lui-même deux livres contenant la seule énumération des différens sujets sur lesquels il avoit travaillé.

On peut dire que Galien fut le plus grand medecin de son siecle, soit pour la théorie, soit pour la pratique. On ne peut disconvenir qu’il n’ait écrit des choses admirables sur la Medecine en particulier. Il a été le grand restaurateur de la medecine d’Hippocrate contre celle des méthodiques, qui jusqu’à son tems s’étoit toûjours soûtenue avec distinction ; toutes les autres sectes de medecine subsistoient même encore du tems de Galien. Il y avoit des dogmatiques, des empiriques, des épisynthétiques, des éclectiques, des pneumatiques, &c. mais les méthodiques avoient la plus grande vogue ; les dogmatiques étoient fort divisés entr’eux ; les uns tenoient pour Hippocrate, les autres pour Aristote, & d’autres encore pour Asclépiade.

Galien ne se déclara pour aucune de ces sectes, & les étouffa toutes. Son principal but fut néanmoins de leur substituer la doctrine d’Hippocrate (voyez Hippocratisme) ; personne ne l’avoit étudiée, ne l’avoit saisie comme lui. C’étoit sur les idées du pere de la Medecine qu’il avoit formé les siennes, princi-