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chant est appellée la côte de Malabar. Les voyageurs nous disent que le pays séparé par cette chaine de montagnes, a deux saisons très-différentes dans le même tems ; par exemple, tandis que l’hyver regne sur la côte de Malabar, la côte de Coromandel qui est au même degré d’élévation, & qui en quelques endroits n’est éloignée que de vingt à trente lieues de celle de Malabar, joüit d’un agréable printems : mais cette diversité de saisons dans un même tems & en des lieux si voisins, n’est pas particuliere à cette presqu’île. La même chose arrive aux navires qui vont d’Ormus au cap de Rosalgate, où en passant le cap, ils passent tout-à-coup d’un très-beau ciel à des orages & des tempêtes effroyables. Des montagnes de Gate, il sort un grand nombre de rivieres qui arrosent la presque ile, ou qui se jettent à l’orient. (D. J.)

GATEAU, s. m. (Pâtisserie) c’est un morceau de pâte façonné & cuit au four sans autre appareil. Il y en a d’une infinité de façons, selon les différens ingrédiens qu’on unit à la pâte, ou dont on fait même des gâteaux en entier : tels sont les gâteaux d’amandes, faits d’amandes, de sucre & d’œufs ; les gâteaux de Compiegne, qui ne different des gâteaux d’amandes que par un levain particulier ajoûté aux autres ingrédiens, &c. Les gâteaux prennent aussi des noms différens de la maniere dont ils sont travaillés ; ainsi il y a des gâteaux feuilletés, ou dont la pâte extrèmement pliée & repliée sur elle-même, se sépare en cuisant, & se met en feuillets menus & legers ; les gâteaux à la reine, &c.

Gateau, terme de Chirurgie, petit matelas fait avec de la charpie, pour couvrir la plaie du moignon dans les pansemens, après l’amputation des membres. On étend sur le gâteau les médicamens digestifs, mondifians, détersifs, &c. que prescrit l’état des chairs, & la nature de la suppuration. L’on se sert encore d’un gâteau ou grand plumaceau, pour panser la plaie qui reste après l’extirpation d’une mammelle : mais dans l’un & dans l’autre cas, les praticiens rationnels préferent aujourd’hui l’usage de plusieurs plumaceaux moins étendus ; on les ajuste mieux aux différentes inégalités de la plaie, qu’un grand plumaceau d’une seule piece ; on n’est pas obligé de la découvrir tout-à-la-fois en entier, & de l’exposer par-là aussi long-tems à l’action de l’air, toûjours pernicieux aux plaies trop long-tems découvertes, quelque précaution qu’on puisse prendre pour en prévenir les mauvais effets. (Y)

Gateau, (Chimie métalliq.) on nomme ainsi les lingots en plaque. Voyez Lingot.

* Gateau, (Fond.) les Fondeurs appellent ainsi les portions de métal qui se figent dans le fourneau après avoir été fondues. Cet accident vient, ou de ce que le métal est tombé à froid dans le fourneau où il y en avoit déjà de fondu, ou bien de ce qu’il est entré dedans une fumée noire, épaisse & chargée de beaucoup d’humidité ; ou bien de ce que la chaleur s’est ralentie dans le fourneau ; ou enfin de ce qu’un air trop froid, qui a passé à-travers les portes du fourneau, a rafraîchi tout-à-coup le métal. Le gâteau se forme encore lorsque l’aire du fourneau se trouve au rez-de-chaussée & sur un terrein humide ; & pour lors il ne reste d’autre remede que de le rompre, pour en tirer le métal & le faire fondre de nouveau. Voyez Fonderie.

Gateau, (Sculpture.) Les Sculpteurs nomment ainsi les morceaux de cire ou de terre applanis, dont il remplissent les creux & les pieces d’un moule où ils veulent mouler les figures.

* GATER, v. act. c’est occasionner quelque défaut dans une chose où l’on n’en remarquoit pas, où l’on en remarquoit moins. Il se prend au simple & au figuré. On gâte un tableau d’un grand maître,

en le faisant retoucher par un mauvais artiste ; on gâte une belle action, par quelque circonstance où l’on n’a pas montré toute la délicatesse possible ; on gâte le métier, en ne soûtenant pas son ouvrage à un haut prix, ou en en développant inconsidérément le mystere.

GATINOIS, (le) Vastinium, Géog. province de France d’environ dix-huit lieues de longueur, sur douze dans sa plus grande largeur, bornée au nord par la Beaucé, au sud par l’Auxerrois, à l’est par le Sénonois, à l’oüest par le Hurepois, & la riviere de Vernison. Cette province se divise en Gatinois françois, & en Gatinois orléannois, qui abonde en prairies, pâturages, rivieres, & en excellent safran.

Remarquons en passant que le Gatinois tire son nom du mot gastine, qui signifie lieu d’une forêt où le bois a été abattu, vastum, vastare, ravager. De ces mots latins, nos vieux François en firent les mots de gast, guast, guaster, d’où sont venus les mots de dégât & de gâter. Ensuite il est arrivé qu’après que plusieurs lieux incultes ont commencé à être cultivés, on leur a conservé le nom de gastine, assez commun en Touraine, Beauce, le Maine, &c.

Le Gatinois du tems des Romains avoit une bien plus vaste étendue qu’il n’a présentement ; il étoit alors presque tout couvert de bois & de pâturages.

D. Guillaume abbé de Ferrieres, a fait l’histoire générale du pays de Gatinois, Sénonois & Hurepois : c’est un ouvrage curieux, & qui mérite d’être lu. (D. J.)

GATTE, JATTE, AGATHE, s. f. (Mar.) c’est une enceinte ou retranchement fait avec planches vers l’avant du vaisseau, pour recevoir l’eau qui tombe du cable quand on leve l’ancre, & celle qui peut entrer par les écubiers, lorsqu’elle y est poussée par un coup de mer. Voyez la situation de la gatte, Planc. IV. fig. 1. cotte 90. Il est fait d’un bordage de trois à quatre pouces d’épaisseur, soûtenu par quatre courbatons ; on y perce deux dalots, pour laisser échapper l’eau qui s’y amasse.

Gattes : on donne aussi ce nom aux planches qui sont à l’encoignure ou à l’angle commun, que font le plat-bord & le pont. Voyez Gouttieres. (Z)

GAU, GO, GOW, ou GOU, (Géog.) canton ou contrée distinguée par ses propres bornes des cantons ou contrées du voisinage, mais qui d’ordinaire faisoit partie d’un autre peuple. Ce que les Celtes, c’est-à-dire les Gaulois, les Germains, appelloient Gan, Go, Gow, ou Gou, les Latins le nommoient Pagi, le peuple entier se nommoit civitas, & se divisoit in pagos : c’est dans ce sens que Jules César dit que les Helvétiens étoient partagés in quatuor pagos, en quatre cantons.

De ces Gau, Go, Gow, Gou, est venu la terminaison à plusieurs noms géographiques : telle est par exemple l’origine de la distinction établie en Frise, d’Ostergo & de Westergo, c’est-à-dire le canton oriental & le canton occidental. Il faut rapporter à la même origine le nom de Rheingau, donné au canton qui est entre Mayence & Baccharach ; celui de Brisgaw que porte le canton situé entre le Rhin, la Soüabe & la forêt Noire ; celui de Sundgau, qui signifie le pays situé entre le Rhin, l’évêché de Bâle & l’Alsace, &c. Remarquez que cette terminaison en Gou, ou Gau, est particuliere à l’Allemagne & aux pays dont la langue est un dialecte de l’allemand.

Ces Gau ou Pagi avoient anciennement leurs chefs, qui tous ensemble en choisissoient un d’entre eux pour commander la nation. Les Francs & les Allemands ayant établi chez eux l’état monarchique & héréditaire, conserverent l’ancienne coûtume de donner à chaque canton un chef, mais avec de nouveaux titres ; & c’est par cette raison qu’avec le tems