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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 7.djvu/618

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noms propres qui n’existent pas ou qu’on ignore ; cette pierre, mon chapeau, cet homme. D’autres fois on supplée par cet artifice à une énumération ennuyeuse & impossible de noms propres ; les philosophes de l’antiquité, au lieu du long étalage des noms de tous ceux qui dans les premiers siecles ont fait profession de philosophie.

Il y a diverses manieres de restreindre la signification d’un nom générique : ici c’est l’apposition d’un autre nom, le prophete roi : là c’est un autre nom lié au premier par une préposition, ou sous une terminaison choisie à dessein ; la crainte du supplice, metus supplicii : dans une occasion c’est un adjectif mis en concordance avec le nom ; un homme savant, vir doctus : dans une autre c’est une phrase incidente ajoûtée au nom ; la loi qui nous soûmet aux puissances : souvent plusieurs de ces moyens sont combinés & employés tout-à-la-fois. C’est ainsi que l’esprit humain a su trouver des richesses dans le sein même de l’indigence, & assujettir les termes les plus vagues aux expressions les plus précises. (E. R. M.)

GÈNES, (l’État de) Géog. hist. République d’Italie, dont Gènes est la capitale ; elle comprend la côte de Gènes, en latin ligustica littora, l’île de Corse, & l’île de Capraïa vis-à-vis la côte de Toscane.

De tous les états qui partagent l’Europe, il n’y en a peut-être pas qui ait éprouvé autant de révolutions que celui de Gènes. Connu dans l’histoire plus de deux siecles avant J. C. il a été successivement exposé aux entreprises-des Romains jusqu’à la chûte de leur empire ; des Goths, jusqu’à ce que Narsès eut renversé le nouveau royaume qu’ils avoient formé ; des Lombards sous Rotharis, de Charlemagne, & de ses descendans en Italie.

Les Sarrasins qui ont ravagé la côte à plusieurs reprises, ont considérablement inquiété la ville jusqu’au dixieme siecle ; mais comme c’étoit un port commerçant, le négoce qui l’avoit fait fleurir, servit à la soûtenir. En peu de tems même les Génois furent en état de chasser les Arabes de leurs côtes, & de reprendre sur eux l’île de Corse dont ils s’étoient emparés.

Les richesses & les autres avantages de la navigation mirent cette nouvelle république à portée de donner de puissans secours aux princes armés dans les croisades : en vain les Pisans lui déclarerent la guerre en 1125 ; l’avantage fut entierement du côté des Génois. Enfin l’enthousiasme de la liberté rendit cet état capable des plus grandes choses, & il parvint à concilier l’opulence du commerce avec la supériorité des armes. Dans le treizieme siecle il remporta de telles victoires contre Pise & Venise réunies ensemble, que les Pisans ne se releverent jamais de leurs défaites, & que les Vénitiens furent obligés de demander la paix.

Malheureusement les esprits échauffés d’abord par l’amour de la patrie, ne le furent dans la suite que par la jalousie & par l’ambition. Ces deux cruelles passions n’arrêterent pas seulement les progrès de la république de Gènes, elles la remplirent cent fois d’horreur & de confusion par la part que prirent dans ses troubles les empereurs Robert roi de Naples, les Visconti, les marquis de Monferrat, les Sforces, & la France, qui y furent successivement appellés par les différens partis qui la divisoient. Enfin André Doria ayant eu le bonheur & l’habileté de réunir les esprits de ses concitoyens, il parvint en 1528 à établir dans Gènes l’ordre du gouvernement aristocratique qui y subsiste encore aujourd’hui, & qui est connu de tout le monde. Ce grand homme qui auroit pu peut-être s’emparer de la souveraineté, se contenta d’avoir affermi la liberté, & procuré la tranquillité si nécessaire à sa patrie.

Gènes dans ses tems florissans possédoit plusieurs

îles de l’Archipel, & plusieurs villes sur les côtes de la Grece & de la mer Noire ; Pera même, un des fauxbourgs de Constantinople, étoit sous sa domination : mais l’aggrandissement de la puissance ottomane lui ayant fait perdre toutes ces possessions là, son commerce du Levant en a tellement souffert, qu’à peine voit-on paroître à-présent quelqu’un de ses vaisseaux dans les états du grand-seigneur.

Son principal commerce consiste en soies greges & en matasses qu’elle tire de toute l’Italie ; en velours, damas, satins, tapis, draps d’or & d’argent, papeteries, fer en œuvre, & autres manufactures considérables. La construction des vaisseaux, tant pour sa propre navigation que pour l’usage des étrangers, est encore un objet fort important. La république entretient cinq galeres & quelques frégates, & autres bâtimens, en course contre les Barbaresques, avec lesquels elle est habituellement en guerre.

Gènes & Venise long-tems rivales, sont aujourd’hui revenues à une espece d’égalité pour le négoce ; avec cette différence que les Vénitiens en font un plus considérable dans le Levant ; & les Génois un plus grand que les Vénitiens en France, en Espagne, en Portugal, & ailleurs. Une grande partie des particuliers génois trafiquent en banque, ou autrement ; & leur opulence est communément d’une grande ressource à l’état. (D. J.)

Gènes, (Géog.) Genua ; & dans les siecles ignorans du moyen âge, Janua, comme si Janus en étoit le fondateur ; ancienne, forte, riche ville, & l’une des principales d’Italie, capitale de la république de Gènes, avec un archevêché & un bon port. Les églises, les édifices publics & les palais y sont magnifiques : les palais se suivent sans être joints avec des maisons ordinaires ; ce qui fait le plus bel effet qu’on puisse desirer. Cette ville commerçante est presque au milieu de l’état de Gènes, en partie dans la plaine, & en partie sur une colline près de la Méditerranée, dans une heureuse & riante situation, à 28 lieues sud-oüest de Milan, 25 sud-est de Turin, 26 sud-oüest de Parme, 45 nord-oüest de Florence, 90 nord-oüest de Rome. Long. suivant Salvego, Cassini & le pere Grimaldi, 26d 7′ 15″. latit. 44d 25′ 0″. (D. J.)

GENESE, s. f. (Théolog.) premier livre de l’ancien testament où la création & l’histoire des premiers patriarches est écrite.

Le livre de la Genese est à la tête du Pentateuque, & Moyse en est l’auteur. Quelques-uns croyent qu’il l’a écrit avant la sortie d’Egypte ; mais il est plus vraissemblable qu’il l’a composé depuis la promulgation de la loi. Il comprend l’histoire de 2369 ans ou environ, qui s’étendent depuis le commencement du monde jusqu’à la mort de Joseph. Il est défendu chez les Juifs de lire les premiers chapitres de la Genese & ceux d’Ezéchiel avant l’âge de trente ans. Voyez Bible, Écriture. (G)

GENESTROLLE, s. f. (Botan.) genista tinctoria, C. Bauh. Pin. 395. Tournef. instit. 643. Boerh. ind. A. 2. 25. genistella tinctoria. Ger. Emac. 1136. Raii hist. 2. 1725. synops 3. 474. &c.

Le port de cette plante herbeuse est le même que celui du genêt dont elle est la plus petite espece, & vient beaucoup moins haut ; ses verges sont plus minces & plus courtes ; ses feuilles, ses fleurs & ses gousses sont aussi plus petites.

La genestrolle croît naturellement & sans culture, ce qui lui a donné le nom de genêt, de pâturage ou d’herbe de pâturage ; elle sert quelquefois aux Teinturiers pour teindre en jaune les choses de peu de conséquence, & c’est pour cela qu’on l’appelle en françois comme en latin, le genêt des Teinturiers. Cette herbe ne se peut garder que quand elle a été cueillie en maturité ; mais si l’on veut s’en servir aussi-tôt