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que legs à cette intention : c’est pourquoi les giusthous lisent proche des sépulcres dans les mosquées, & autres lieux de dévotion. Ricaut, de l’empire ottoman. (G)

GIUSTANDIL, (Géog.) autrement dite OCHRIDA, c’est l’Achridus des anciens qui fut ensuite nommée Justiniana prima ; forte ville de la Turquie européenne dans la Macédoine, avec un archevêque grec, & un sangiach. Elle est située près du lac d’Ochrida, à 28 lieues sud-est de Durazzo, 52 nord-ouest de Larisse. Long. 38. 25. lat. 41. 10.

Giustandil est la patrie de l’empereur Justinien dont on a tant fait de bas éloges ; mais son inconstance dans ses projets, sa mauvaise conduite, son zele persécuteur, ses vexations, ses rapines, sa fureur de bâtir, sa foiblesse pour une femme qui s’étoit long-tems prostituée sur le théatre, peignent son vrai caractere. Un regne dur & foible, mélé à beaucoup de vaine gloire & à des succès inutiles, qu’il devoit à la supériorité du génie de Belizaire, furent des malheurs réels qu’on éprouva sous sa domination ; enfin ce prince fastueux, avide de s’arroger le titre de législateur, s’avisa dans un tems de décadence de vouloir réformer la jurisprudence des siecles éclairés : mais outre qu’on sait assez la maniere dont il s’y prit, c’est aux jours de lumieres, comme dit très-bien M. de Montesquieu, qu’il conviendroit de corriger les jours de ténebres. (D. J.)

GLA

GLACE, s. f. (Physique.) La glace est un corps solide, formé naturellement ou artificiellement d’une substance fluide, telle que l’eau, l’huile, &c. refroidie à un certain degré ; ou plutôt ce n’est autre chose que ce fluide même devenu concret & solide par le simple refroidissement. Lorsqu’un fluide s’est converti en glace, on dit qu’il est gelé ou congelé. l’opération par laquelle la nature seule ou aidée de l’art, fait éprouver à un corps fluide le changement dont nous parlons, est connue de même sous le nom de congelation. Voyez Froid & Congelation.

La congelation differe de la concentration ou rapprochement qui se fait par l’évaporation, la précipitation ou la crystallisation. Voyez ces articles. On ne doit pas non plus la confondre avec la coagulation proprement dite, qui est l’épaississement spontané de certains liquides ; épaississement qui loin de dépendre constamment de l’action du froid, suppose dans plusieurs fluides un degré de chaleur considérable. Voyez Coagulation.

En s’attachant à l’idée que nous venons de développer, on doit donner indifféremment le nom de glace à tout fluide gelé. L’usage a cependant restreint la signification de ce terme, qui n’est guere employé que pour designer l’eau congelée : la glace proprement dite, la glace par excellence est toûjours la glace d’eau.

Les phénomenes de la glace sont remarquables, & en très-grand nombre ; aussi ont-ils mérité d’exciter vivement dans tous les tems la curiosité des physiciens. Tous à l’envi se sont empressés de les examiner avec soin pour en reconnoître les causes. Le détail que nous allons donner de cette multitude de phénomenes fera le fort de cet article : nous y ferons un grand usage de l’excellente dissertation de M. de Mairan sur cette matiere. Il seroit difficile de parler de la glace, sans profiter des savantes recherches de cet illustre physicien, sans le copier ou sans l’abréger.

La glace, comme nous l’avons dit, est naturelle ou artificielle. L’eau se gele naturellement, quand la température de l’air répond au zéro ou à un degré inférieur du thermometre de M. de Reaumur,

ce qui arrive assez souvent en hyver dans nos climats. Tous les liquides simplement aqueux se glacent à-peu-près dans le même tems & par le même degré de froid.

Les huiles grasses, sur-tout l’huile d’olive, gelent à un degré de froid très-médiocre, & fort inférieur à celui qui est requis pour la congelation de l’eau.

Les liqueurs spiritueuses au contraire, telles que le vin, l’eau-de-vie, l’esprit-de-vin, &c. se gelent très-difficilement ; non-seulement leur fluidité résiste à un degré de froid supérieur à celui qui fait geler l’eau ; mais lors même qu’elles se glacent, ce n’est guere qu’en partie au-moins dans nos climats. Ce qu’elles ont d’aqueux se gele, mais leur partie spiritueuse qui alors se sépare de la partie aqueuse, ne perd rien de sa liquidité : elle se rassemble presque toûjours au centre du vaisseau ou de la piece de glace, sous la forme fluide qui lui est propre, & que le froid n’a pû altérer.

La même chose a lieu dans la congelation du vinaigre ; elle est imparfaite, & l’on trouve au milieu de la masse gelée, ce que les Chimistes appellent vinaigre concentré. Voyez Vinaigre.

L’huile d’olive elle-même qui se glace avec tant de facilité, a quelques parties en très-petite quantité, qui réunies au centre du vaisseau, s’y conservent liquides dans les plus grands froids.

Selon les observations des académiciens qui ont fait le voyage du cercle polaire, l’esprit-de-vin des thermometres de M. de Reaumur gele à un degré de froid ordinaire en Laponie. Cet esprit-de-vin est celui qu’on vend communément chez les Droguistes : il n’est pas extrèmement rectifié, & l’on pourroit peut-être penser qu’il ne se gele qu’à raison des parties d’eau qu’il contient en assez grande quantité ; ce qui est certain, c’est que de l’esprit-de-vin bien alkoolisé, soûtient sans se geler un aussi grand degré de froid, & même des degrés plus considérables. Ce que nous disons de l’alkool doit à plus forte raison être entendu de l’éther la plus volatile peut-être de toutes les liqueurs. Voyez Alkool & Ether.

L’esprit de nitre & la plûpart des esprits acides, certaines huiles chimiques, comme l’huile de térébenthine, celle de lin, &c. se glacent aussi très-difficilement. Le mercure ne se gele point : du-moins nul degré de froid observé jusqu’ici n’a été suffisant pour le congeler. A l’égard de l’air, on sait qu’il est toûjours fluide quand il est en masse sensible ; ainsi tout ce que nous avons à dire des phénomenes de la congelation ne le regarde pas.

Ceux des liquides qui sont sujets à se glacer, n’offrent pas tous à beaucoup près dans leur congelation les mêmes phénomenes ; autant de fluides particuliers, autant de sortes de glace. Nous allons principalement considérer la glace commune, ou celle qui résulte de la congelation de l’eau ; sans cesse exposée aux regards curieux des physiciens & aux yeux du vulgaire, on a dû l’examiner avec plus de soin, & la soûmettre à un plus grand nombre d’épreuves.

M. de Mairan considere la glace sous différens points de vûe : 1°. dans ses commencemens & dans tout le cours de sa formation : 2°. dans sa formation, relativement à l’état & aux circonstances où se trouve l’eau qui se gele : 3°. dans sa perfection, ou lorsqu’elle est toute formée : 4°. dans sa fonte & dans le dégei : 5°. & enfin dans sa formation artificielle par le moyen des sels.

1°. Des phénoménes de la glace dans ses commencemens & dans tout le cours de sa formation. Si l’on expose à l’air lorsqu’il gele, un ou plusieurs vases cylindriques de verre mince, pleins d’eau pure, il sera facile d’observer les phénomenes suivans.

On remarquera d’abord, s’il ne gele que foible-