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d’étude nécessaire. Ces sortes de gradués ne peuvent en vertu de leurs grades requérir des bénéfices. (A)

Gradué en Midecine, est celui qui a obtenu des degrés dans une faculté de Medecine. Les gradués en Droit sont préférés aux gradués en Medecine. (A)

Gradué nommé, est celui qui a obtenu des lettres de nomination de l’université où il a pris ses degrés, par lesquelles l’université le présente aux collateurs & patrons ecclésiastiques pour être pourvû des bénéfices qui viendront à vaquer dans les mois qui sont affectés aux gradués. (A)

Gradués de Privilége, sont ceux qui en Italie & dans quelques autres pays catholiques ont obtenu du pape ou de ses légats & autres personnes qui prétendent en avoir le pouvoir, des lettres à l’effet d’être dispensés des examens & autres exercices. Ces sortes de gradués ne sont point reconnus dans le royaume, à l’effet de requérir des bénéfices. (A)

Gradué qualifié, est celui qui a les qualités requises pour posséder un bénéfice. Entre plusieurs gradués, le plus qualifié est celui qui a le grade le plus élevé, ou en parité de grades, qui a d’ailleurs quelqu’autre qualité qui doit le faire préférer, comme s’il est noble. (A)

Gradué rempli, est celui qui possede du-moins 400 liv. de revenu en bénéfices obtenus en vertu de ses grades, ou 600 liv. en bénéfices obtenus autrement qu’en vertu de ses grades, si c’est un ecclésiastique séculier ; car si c’est un régulier, le plus petit bénéfice suffit pour le remplir. Voyez ce qui en est dit ci-devant au mot Gradué, & ci-après Replétion. (A)

Gradué régulier, est un religieux ou chanoine régulier qui a obtenu des degrés dans une université : sur quoi il faut observer qu’il n’y a que certains ordres qui soient admis à prendre des degrés. (A)

Gradué de rigueur, voyez Gradué nommé.

Gradué per saltum, est celui qui a obtenu ses degrés sans observer le tems d’étude & les interstices nécessaires entre l’obtension des différens degrés. Les grades ainsi obtenus per saltum ne servent pas en France pour requérir des bénéfices. Voyez Gradué de grace. (A)

Gradué séculier, est un ecclésiastique séculier qui a obtenu des grades. Gradué séculier est opposé à gradué régulier ; on confond quelquefois gradué laïc avec gradué séculier. Voyez Gradué régulier. (A)

Gradué septenaire : on donne quelquefois improprement ce titre de gradué à celui qui a professé pendant sept ans dans un collége de plein exercice, ou qui a fait pendant sept ans la fonction de principal. Ces deux fonctions équivalent l’une & l’autre à un grade. Le septenaire est même préféré à tous les gradués, excepté aux docteurs en Théologie. (A)

Gradué simple, est celui qui n’a que les lettres de ses degrés avec une attestation du tems d’étude ; à la différence des gradués nommés, qui ont en outre des lettres de nomination sur un collateur ou patron. Les gradués simples ne peuvent requérir que les bénéfices qui vaquent au mois de faveur. Voyez ci-devant au mot Gradué. (A)

Gradué en Theologie, est celui qui a obtenu quelque degré dans la faculté de Théologie, comme de bachelier, licencié, ou docteur. Ces gradués sont préférés à tous les autres en partie de degré. (A)

Gradué in utroque, voyez ci-devant Gradué en Droit civil et canon. (A)

GRADUEL, s. m. (Hist. ecclésiast. & Liturgie.) on appelloit autrefois graduel & un livre d’église, & les prieres qu’il contenoit, & qui se chantoient après l’épître.

Après la lecture de l’épitre, le chantre montoit sur l’ambon avec son livre nommé graduel ou antiphonier, & chantoit le répons, que nous nommons graduel, à cause des degrés de l’ambon : & répons, à cause que le chœur répond au chantre. Voyez Ambon.

Aujourd’hui on ne donne plus le nom de graduel qu’à certain verset qu’on chante après l’épître, & qu’on chantoit autrefois sur les degrés de l’autel ; ou selon Ugotio, en montant de note en note ; ou bien selon Macri, pendant que le diacre montoit au pupitre, qui étoit élevé sur plusieurs degrés pour chanter l’évangile.

On appelle aussi graduels les quinze pseaumes que les Hébreux chantoient sur les quinze degrés du temple. D’autres croyent que ce nom vient de ce qu’on élevoit sa voix par degrés en montant de ton. Voyez Pseaume.

Le cardinal Bona, dans son traité de la divine psalmodie, dit que les quinze pseaumes graduels nous font ressouvenir qu’on n’arrive à la perfection que par degrés. Il marque ensuite les quinze degrés de vertu qui correspondent aux quinze pseaumes graduels. Il y en a cinq pour les commençans, cinq pour ceux qui sont plus avancés, & cinq pour les parfaits. Dictionnaire de Trévoux & Chambers. (G)

GRADUER, v. act. (Mathém. prat. & Arts méch.) c’est diviser en degrés un instrument de Mathématique, de Physique, &c. Ce mot degré signifie dans ces instrumens des parties égales ou inégales, mais plus ordinairement égales, qui sont marquées ou séparées par de petites lignes ; comme les degrés d’un quart de cercle, les degrés d’un thermometre, les degrés d’une échelle quelconque ; lorsqu’il est question d’instrument de Mathématique, on se sert plus du mot diviser que du mot graduer ; ainsi on dit : ce quart de cercle est mal divisé : la division n’en est pas exacte. (O)

GRADUS, (Géog. marit. anc.) les Romains donnoient le nom de gradus aux ports qui étoient à l’embouchure des fleuves, & où il y avoit des escaliers par lesquels on pouvoit descendre du môle dans les vaisseaux. C’est par cette raison qu’on appelle aujourd’hui échelles du levant les ports considérables de l’Asie qui sont sur la Méditerranée. Le mot de gras dont on se sert pour exprimer les embouchures du Rhone, est encore un vestige de ce nom. Semblablement les Espagnols donnent le nom de crao à ces sortes de descentes, comme par exemple, à celle qui est à Valence, anciennement appellée gradus valentinus. Enfin le nom de grau que l’on donne sur la côte de Languedoc, à l’embouchure d’une riviere, vient de la même origine. (D. J.)

GRAFFEN, (Géog.) ville de l’Indoustan, au royaume de Visapour, sur la riviere de Coutour, entre la ville de Visapour & le port de Dabul. Lon. 92. 25. lat. 18. 36. (D. J.)

GRAGE, s. f. (Arts méchan.) espece de rape de cuivre, dont nos insulaires se servent pour mettre leur manioc en farine ; la grage est composée d’une planche de trois piés & demi de long, & d’un pié de large ; on attache sur le milieu une piece de cuivre de quinze à dix-huit pouces de long, sur dix à douze de large, non pas de toute la largeur du cuivre, mais en lui faisant faire un ceintre tel que celui de nos rapes à sucre. Le negre qui grage, applique un bout de l’instrument dans une auge ou canot, & s’appuyant l’estomac sur l’autre bout, il rape les racines de manioc, & en fait une farine semblable à une grosse sciûre de bois humide. (D. J.)