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ment le tout par grandes parties. Les maîtres de l’art recommandent fort de ne pas se presser d’user le grain dans l’envie d’aller plus vîte ; car il n’est pas facile d’en remettre quand on en a trop ôté ; il doit rester par-tout une legere vapeur de grains, excepté sur les luisans ; & s’il arrive qu’on ait trop usé certains endroits, on peut regrainer avec les petits berceaux E & F, & recommencer à ratisser avec plus de précaution. Ce n’est qu’en tirant souvent des épreuves, qu’on sera en état de juger des effets du grattoir.

De l’impression. Voyez l’article Impression en taille-douce, & soyez averti qu’il est plus difficile d’imprimer en maniere noire qu’en taille-douce, par la raison que les lumieres se trouvent en creux ; & lorsque les parties de ces lumieres sont étroites, la main de l’imprimeur ne peut y entrer pour les essuyer, sans dépouiller les parties voisines ; on se sert pour y pénétrer, d’un petit bâton pointu enveloppé d’un linge mouillé. Le papier doit être vieux trempé & d’une pâte fine & moelleuse ; on prend du plus beau noir d’Allemagne, & on le prépare un peu lâche : il faut de plus que les planches soient encrées bien à fond à plusieurs reprises & bien essuyées à la main & non au torchon.

La gravure en maniere noire, disent ceux qui en traitent, ne tire pas un grand nombre de bonnes épreuves & s’use fort promptement ; d’ailleurs toutes sortes de sujets, ajoûtent-ils, ne sont pas également propres à ce genre de gravure. Les sujets qui demandent de l’obscurité, comme les effets de nuit, ou les tableaux où il y a beaucoup de brun, comme ceux de Rembrant, de Benedette, quelques Ténieres, &c. sont les plus faciles à traiter & font le plus d’effet : les portraits y réussissent encore assez bien, comme on le peut voir par les beaux morceaux de Smith & de G. White, qui sont les plus habiles graveurs que nous ayons en ce genre. Les paysages n’y sont pas propres, & en général les sujets clairs & larges de lumiere sont les plus difficiles de tous, & ne tirent presque point, parce qu’il a fallu beaucoup user la planche pour en venir à l’effet qu’ils demandent.

Au reste, le défaut de cette gravure est de manquer de fermeté, & généralement la grainure lui donne une certaine mollesse qui n’est pas facilement susceptible d’une touche savante & hardie : elle peint d’une maniere plus large & plus grasse que la taille-douce ; elle colore davantage, & elle est capable d’un plus grand effet par l’union & l’obscurité qu’elle laisse dans les masses ; mais elle dessine moins spirituellement, & ne se prête pas assez aux saillies pleines de feu que la gravure à l’eau-forte peut recevoir d’un habile dessinateur. Enfin ceux qui ont le mieux réussi dans la gravure en maniere noire ne peuvent guere être loüés que par le soin avec lequel ils l’ont traitée ; mais pour l’ordinaire ce travail manque d’esprit, non par la faute des graveurs, mais par l’ingratitude de ce genre de gravure, qui ne peut seconder leur intention.

On recherche depuis quelque tems en France les opérations de la maniere noire avec plus de soin qu’autrefois, dans l’intention de les joindre aux opérations de la gravure en trois couleurs que nous a enseignée Jacques Christophe le Blon. Voyez Gravure en couleurs à l’imitation de la Peinture.

Gravure en taille-douce pour imprimer en couleurs. Cet art nouvellement mis en pratique n’est qu’une branche de la gravure à l’imitation de la Peinture inventée par le Blon. Voyez Gravure en couleurs. On reconnoîtra dans celui-ci plusieurs avantages particuliers pour l’Anatomie, pour la Géographie, & pour quelques autres arts encore ; ils y gagneront le tems qu’on employe à

grainer le cuivre, & les planches tireront considérablement plus d’épreuves que n’en tirent les planches grainées. Un livre imprimé chez Briasson à Paris, fournit des modeles de ce genre mixte de gravure ; il a pour titre : adversaria anatomica prima de omnibus cerebri, nervorum & organorum functionibus animalibus inservientium descriptionibus & iconismis, autore Petro Tarin, medico.

Ces planches sont de l’invention & de la main du sieur Robert, éleve de le Blon dans la gravure en couleurs. Deux cuivres suffisent pour imprimer ainsi ; ils seront gravés à l’eau-forte & au burin. Voyez Gravure à l’eau-forte & Gravure au burin. Le premier imprime le noir, le second le rouge, avec le minium, & l’épreuve sort de la presse comme un dessein à deux crayons. On peut encore pour l’avantage de l’Anatomie, joindre une troisieme planche qui apporte les veines bleues sur des places épargnées par les deux premieres planches. On aura recours, pour le parfait accord des angles, aux moyens que nous avons déjà enseignés. Voyez Gravure en couleurs. Ces articles sur la gravure en couleurs & la gravure en maniere noire sont de M. de Mondorge.

Gravure sur le Crystal et le Verre, voyez les articles Verrerie & Verre.

Gravure sur Métaux, pour les médailles, les monnoies, &c. Voyez les articles Monnoyage & Monnoie.

Gravure en Pierres fines, voyez l’article Pierres gravées.

Gravure, terme de Cordonnier ; il se dit d’une raie qui se fait avec la pointe du tranchet autour de la semelle du soulier pour noyer les points.

Gravure de Caracteres d’Imprimerie ; la gravure des caracteres se fait en relief sur un des deux bouts d’un morceau d’acier d’environ deux pouces geométriques de long, & de grosseur proportionnée à la grandeur de l’objet qu’on y veut former, & qui doit y être taillé dans la derniere perfection avec les regles de l’art, & suivant les proportions relatives à chaque lettre. Car c’est de la perfection du poinçon que dépendra la perfection de toutes les mêmes lettres qui en seront émanées. Voyez Poinçon de Fonderie & Caractere

Gravure, dans le sommier d’Orgue, est l’espace prismatique K L, fig. 2. Pl. d’Orgue, qui est le vuide que laissent entr’elles les barres HG, FE du sommier : c’est dans ces espaces que le vent contenu dans la laye entre, pour de-là passer aux tuyaux lorsque l’on ouvre une soupape. Voyez Sommier, Soupape, &c.

GRAY, Gradicum, (Géog.) ville de France dans la Franche-Comté, capitale du Bailliage d’Amont. Elle étoit déjà connue vers l’an 1050 ; elle est sur la Sône, à 5 lieues N. de Dole, 10 N. O. de Besançon, 8 N. E. de Dijon. 23d 15′. latit. 47d 29′ 52″. (D. J.)

GRAYE, s. f. voyez Freux.

GRAYLLAT, s. m. voyez Corneille.

GREBE, s. m. colymbus major cristatus & cornutus, (Ornit.) oiseau aquatique du genre des colymbes qui n’ont point de queue, & dont les doigts sont bordés d’une membrane qui ne les unit pas les uns aux autres.

Le grebe qui a servi de sujet pour cette description, avoit environ deux piés de longueur depuis l’extrémité du bec jusqu’au bout des ongles ; la tête étoit petite, les ailes & les jambes étoient très-courtes, il n’y avoit point de queue ; le bec étoit droit, pointu, & étroit ; il avoit deux pouces un quart de longueur depuis la pointe jusqu’aux coins de la bouche ; les plumes du derriere de la tête étoient un peu plus longues que les autres, & formoient une petite crête partagée en deux pointes. Le front, le sommet,