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L’Œnotrie les Lucaniens.
villes de Pœte & Sybaris, aujourd’hui ruinées.
les Burtiens.
villes Rheggium, aujourd’hui Reggio.
& Hipponium, aujourd’hui Monteléone.
les Crotoniates.
ville Crotona, aujourd’hui Cortone.
les Locriens.
ville Geirazzo.

Cette dénomination de grande Grece ne s’est introduite vraissemblablement que quand la république romaine a été formée, & a possédé un état, dont les Latins, les Volsques & les Sabins faisoient partie ; car ces peuples étoient Grecs d’origine, & leur pays pouvoit être naturellement compris dans la Grece italique : mais comme ils avoient subi le joug des Romains & parloient une langue différente de celle des Grecs, on réserva le nom de grecs à ceux qui avoient conservé leur langue originale, qu’ils mêlerent pourtant ensuite avec la latine. Ainsi nous voyons que du tems d’Auguste on parloit encore à Canuse un jargon qui étoit un mélange de grec & de latin : Canusini more bilinguis.

Quelques modernes comparant l’étendue de la Grece italique avec celle de la Grece proprement dite, qui comprenoit l’Achaïe, le Péloponnese, & la Thessalie, ont cru que le nom de grande Grece lui avoit été très-mal appliqué : mais les observations astronomiques du P. Feuillée, de M. Vernon & autres, prouvent le contraire. En effet il résulte de ces observations que la longueur & la largeur qu’on donnoit ci-devant à la Grece propre, excédoit de plusieurs degrés sa veritable étendue, ensorte que ce pays se trouva plus petit de la moitié qu’on ne le supposoit.

On peut donc aujourd’hui établir pour certain, que la Grece italique a été jadis nommée grande Grece avec beaucoup de fondement, puisqu’elle étoit en réalite plus grande que la veritable Grece, & cela même sans qu’il soit besoin d’y attacher la Sicile, quoique cette île étant pleine de colonies greques, pût aussi être appellée Grece, comme l’ont fait Strabon & Tite-Live.

Il est vrai néanmoins que la grande Grece diminua insensiblement, à mesure que la république romaine s’aggrandit. Strabon observe qu’il ne restoit plus de son tems que Tarente, Rheges & Naples qui eussent conservé les mœurs greques, & que toutes les autres villes avoient pris les manieres etrangeres, c’est-à-dire celles des Romains leurs vainqueurs.

Au reste la Grece italique a produit, ainsi que la véritable Grece, quantité d’hommes illustres : entre les Philosophes Pythagore, Parménide, Zénon, &c. entre les Poëtes Ibicus & quelques autres : mais ces Grecs d’Italie ayant avec le tems cultivé la langue latine, s’en servirent dans leurs poésies ; Horace par exemple & Racuve, tous deux nés dans la Pouille, étoient Grecs, quoiqu’ils soient du nombre des poetes latins. (D. J.)

Grece propre, (Géog. anc.) La Grece propre ou proprement dite, n’étoit d’abord qu’une petite contrée de Grece dans la Thessalie ; mais ce nom se donna dans la suite à un terrein plus étendu, & enfin la Grece propre renferma tout le pays que possédoit la Macédoine, l’Epire & la plus grande partie du Péloponnese, lorsque leurs peuples, las des rois, s’erigerent en républiques pour conserver leur liberté par leurs alliances contre l’oppression étrangere, & par la police & les lois, contre l’asurpation ou le

trop grand crédit des particuliers. On comprenoit alors dans la Grece propre l’Acarnanie, l’Etolie, la Doride, la Locride, la Phocide, la Béotie, l’Attique & la Mégaride. (D. J.)

GRECQUE, s. f. les Relieurs appellent grecque, une scie à main dont les dents sont toutes droites ; ils s’en servent pour faire une entaille au-haut & au-bas des livres pliés & battus avant de les mettre entre les mains de la couturiere, afin qu’elle y fasse rentrer la chaînette du fil avec lequel elle coud le livre.

Ils se servent aussi de cet outil dans la reliure, qui a pris de-là son nom, reliure à la grecque. Dans cette reliure, ils scient le dos à tous les endroits des nerfs, afin qu’ils rentrent tous, & que le dos soit plat au lieu d’être à nerfs. Cette façon de coudre les livres nous vient d’Italie. On en use dans les reliures en vélin dont le dos de la peau est séparé du livre, quoique fortifié. De la grecque on a fait le verbe grecquer.

GRÉENWICH, (Géog.) petite ville d’Angleterre dans la province de Kent N. O. à deux lieues de Londres sur la Tamise. Long. suivant Harris & Cassini, 17d. 28’. 3″ lat 51d. 28’. 3″.

Gréenwich est remarquable par son observatoire & par son hôpital en faveur des matelots invalides. Cette derniere maison étoit le palais chéri de Guillaume & de la reine Marie ; mais en 1694 ils l’abandonnerent volontairement à cette pieuse destination.

C’est à Gréenwich que naquit Henri VIII. prince aussi fougueux que voluptueux, d’une opiniâtreté invincible dans ses desirs, & d’une volonté despotique qui tint lieu de lois ; libéral jusqu’à la prodigalité : courageux, intrépide, il battit les François & les Ecossois, réunit le pays de Galles à l’Angleterre, & érigea l’Irlande en nouveau royaume : cruel & sans retour sur lui-même, il se souilla de trois divorces & du sang de deux épouses : également tyran dans sa famille, dans le gouvernement & dans la religion, il se sépara du pape, parce qu’il étoit amoureux d’Anne de Boulen, & se fit le premier reconnoître pour chef de l’église dans ses états. Mais si ce fut un crime sous son empire de soûtenir l’autorité du pape, c’en fut un d’être protestant ; il fit brûler dans la même place ceux qui parloient pour le pontife romain, & ceux qui se déclaroient pour la réforme d’Allemagne.

Elisabeth sa fille, l’une des plus illustres souveraines dont les annales du monde ayent parlé, naquit dans le même lieu qu’Henri VIII. hérita de ses couronnes, mais non pas de son caractere & de sa tyrannie. Son regne est le plus beau morceau de l’histoire d’Angleterre : il a été l’école où tant d’hommes célebres d’état & de guerre se sont formés, que la Grande-Bretagne n’en produisit jamais un si grand nombre ; elle ne peut oublier l’époque mémorable ou, après la dispersion de la flotte invincible, cette reine disoit à son parlement : « Je sais, Messieurs, que je ne tiens pas le sceptre pour mon propre avantage, & que je me dois toute entiere à la société qui a mis en moi sa confiance ; mon plus grand bonheur est de voir que j’ai pour sujets des hommes dignes que je renonçasse pour eux au throne & à la vie ». (D. J.)

GREFFE, s. m. (Jurisprud.) est un lieu public où l’on conserve en dépôt les minutes, registres & autres actes d’une jurisdiction, pour y avoir recours au besoin ; c’est aussi le lieu où ceux qui ont la garde de ce dépôt, font & délivrent les expéditions qu’on leur demande des actes qui y sont renfermés.

Ce bureau ou dépôt est ordinairement près du tribunal auquel il a rapport : il y a néanmoins certains greffes pour des objets particuliers, qui sont souvent éloignés du tribunal, comme pour les greffes des hypotheques, des insinuations, &c.