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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 7.djvu/982

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putation du corps dont elle tire son origine, & la gloire de celui auquel elle a l’avantage d’être associée. Que ne pouvons-nous suivre cette troupe de héros dans le cours de ses exploits ! Nous la verrions dès le mois de Mars 1677, à peine formée & pour coup d’essai, attaquer en plein jour avec les mousquetaires le chemin couvert de Valenciennes, prendre d’assaut tous les ouvrages, tuer tout ce qui se présenta d’ennemis, monter sur le rempart, & emporter la place au moment qu’on s’y attendoit le moins ; défendre ensuite celle de Charleroy, & obliger l’ennemi d’en lever le siége ; l’année suivante s’emparer d’assaut de la contrescarpe d’Ypres ; en 1691 renverser, au fameux combat de Leuze, & tailler en pieces quatre escadrons ennemis, & successivement se signaler au siége de Namur, à la malheureuse affaire de Ramilli, aux glorieuses & fatales journées de Malplaquet & d’Ettingen, & à la célebre bataille de Fontenoy. Nous ne faisons que parcourir rapidement ces époques, & en omettons beaucoup d’autres consignées dans les fastes militaires de la France, à la gloire de cette valeureuse troupe. Le Roi en est capitaine.

Le corps qui lui donna naissance, la soûtient encore aujourd’hui. Ce sont les compagnies de grenadiers de l’infanterie françoise qui fournissent chacune à leur tour les remplacemens qui y sont nécessaires. Les sujets présentés pour y être admis, sont séverement examinés & éprouvés avant leur réception. La taille, la figure, la bravoure, sont des qualités nécessaires ; on exige encore la sagesse, la sobriété, & les bonnes mœurs ; avantages qui dans le soldat s’allient rarement avec les premiers. Les sujets qui ne les réunissent pas tous, sont refusés & renvoyés à leurs compagnies.

Celle des grenadiers à cheval est par sa création la plus nouvelle de la maison du Roi. Elle a souffert plusieurs changemens depuis son institution. Formée d’abord de quatre-vingt-quatre maîtres, elle fut portée peu après à cent vingt, réduite à cent en 1679, augmentée en 1691 jusqu’à cent cinquante maîtres, remise à quatre-vingt quatre en 1725, & fixée enfin à ce qui la compose aujourd’hui ; savoir, un capitaine-lieutenant, trois lieutenans, trois sou-lieutenans, trois maréchaux-des-logis, six sergens, trois brigadiers, six sou-brigadiers, & cent quinze grenadiers formant un escadron. Article de M. Durival le jeune.

Grenadiers de France (Corps des). Ce corps fut formé par ordonnance du Roi du 15 Février 1749, de quarante-huit compagnies de grenadiers réservées dans les réformes de 1748, « pour continuer, dit cette ordonnance, d’entretenir au service de Sa Majesté des troupes d’une espece si précieuse à conserver ». Il est composé de quatre brigades de douze compagnies chacune, & a rang dans l’infanterie du jour de la création des premiers grenadiers en France. Un officier général le commande supérieurement sous le titre d’inspecteur-commandant. Il y fut d’abord attaché un major pour tout le régiment, quatre colonels, deux lieutenans-colonels, & un aide-major par brigade. Cet arrangement a souffert depuis plusieurs changemens. Le nombre des colonels a été augmenté successivement jusqu’à vingt-quatre, & celui des lieutenans-colonels réduit à quatre. Le roi ayant encore reconnu qu’un seul officier-major par brigade ne pouvoit suffire aux différens détails de la discipline & du service, Sa Majesté régla par son ordonnance du 8 Juillet 1756, que l’état-major de chaque brigade seroit à l’avenir composé d’un sergent-major & d’un aide-major, & que les places de sergent-major seroient remplies par les aide-majors actuels, pour en joüir aux honneurs, autorités & prérogatives attribués aux autres majors de l’in-

fanterie. Le commandement en second du corps fut

en même tems conféré à l’ancien major.

Lorsqu’il vaque des compagnies, il doit y être nommé alternativement un capitaine des troupes réglées ayant au-moins deux ans de commission de capitaine, & un lieutenant du régiment.

Chacune des quarante-huit compagnies est composée de quarante-cinq hommes, & commandée par un capitaine, un lieutenant, & un lieutenant en second. L’un des deux lieutenans est pour l’ordinaire un soldat de fortune, que son mérite & ses services ont élevé au grade d’officier. Il y a dans chaque brigade un sergent, un caporal, & onze grenadiers entretenus sous la dénomination de charpentiers.

Le remplacement des grenadiers qui y manquent, se fait chaque année par les compagnies de grenadiers des bataillons des milices du royaume (voyez ci-après Grenadiers royaux) ; & les capitaines payent à chacun de ces grenadiers de remplacement la somme de 30 liv. pour leur tenir lieu d’engagement pendant six ans, au bout desquels ils reçoivent leurs congés absolus. Le Roi leur fait délivrer en outre une gratification de six liv. à chacun, au moment de leur engagement.

Le régiment des grenadiers de France depuis sa création, n’a pas eu jusqu’ici d’occasion de se signaler ; mais que ne doit-on pas attendre du mérite des officiers qui le commandent, de l’excellente discipline qui y regne, & de la qualité des hommes qui le composent ?

C’est avec ce corps, auquel fut joint pour cet effet celui des volontaires royaux, que M. le chevalier de Rostaing fit en 1754, sous les murs de Nancy, l’essai de la légion dont il avoit donné le plan. Article de M. Durival le jeune.

Grenadier Postiche, soldat choisi pour entrer aux grenadiers, avec lesquels, en attendant, il fait le service, quand la troupe n’est pas complette. Dans l’infanterie françoise, le choix de ces soldats se fait à tour de rôle sur toutes les compagnies de fusiliers de chaque bataillon, auxquelles néanmoins ils restent attachés, jusqu’à leur réception aux grenadiers. Voyez ci-devant Grenadier.

Lorsqu’ils obtiennent ce grade, le capitaine des grenadiers paye 25 liv. pour chacun aux capitaines des compagnies dont ils ont été tirés, & rend en outre l’habit & les armes.

Les soldats destinés aux grenadiers ne peuvent être pris dans le nombre des hautes-payes des compagnies. Si une compagnie en tour de fournir un homme aux grenadiers, ne peut pas en présenter de qualité convenable au service de cette troupe, il est fourni par la compagnie qui suit immédiatement ; mais dans ce cas le capitaine de cette derniere compagnie est autorisé à prendre dans la premiere un soldat à son choix ; & le capitaine est en outre obligé de lui payer une indemnité réglée.

Dans les milices, les grenadiers postiches forment une compagnie particuliere établie dans chaque bataillon par ordonnance du 28 Janvier 1746. La compagnie des grenadiers postiches fournit à celle des grenadiers les remplacemens qui y sont nécessaires, & tire elle-même ceux dont elle a besoin de toutes les compagnies de fusiliers du bataillon. Pendant la guerre, ces deux troupes sont détachées des bataillons ; & de plusieurs réunies ensemble, on forme les régimens de grenadiers royaux. Voyez ci-après Grenadiers royaux. Article de M. Durival le jeune.

Grenadiers-Royaux (Régiment de). C’est un corps composé de plusieurs compagnies de grenadiers de milice, réunies sous un même chef.

Le Roi par son ordonnance du 15 Septembre 1744, établit des compagnies de grenadiers dans tous les bataillons de milice du royaume ; & par celle du