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conie. Les Lacédémoniens s’en rendirent maîtres sous le regne de Soüs, & en firent les habitans esclaves : comme ils les employoient à labourer les terres, & aux ouvrages les plus pénibles & les plus méprisés, avec le tems le nom de hélotes, hellotes, ou ilotes, devint un nom général de tous les esclaves publics ; on le donna aux Messéniens après qu’on les eut dépouillés de leur pays, & privés de la liberté. On peut lire dans la vie de Lycurgue par Plutarque, avec combien de dureté & de mépris ces hélotes étoient traités par leurs maîtres ; je dis hélotes avec Pausanias, & c’est le nom le plus conforme à leur origine ; c’est aussi celui qu’a préféré M. d’Ablancourt, dans sa traduction de Thucydide. Voyez donc Helotes. (D. J.)

HELOTES, s. m. (Hist. anc.) esclaves chez les Lacédémoniens. On nommoit hélotes, en grec εἴλωτες, en latin helotæ, & par Tite-Live ilotæ, les habitans de Hélos, ville voisine de Sparte.

Cette ville ayant été subjuguée par les Lacédémoniens sous le regne de Soüs, & le peuple réduit à l’esclavage, le nom de hélotes ou ilotes, devint avec le tems un nom général, qu’on donna dans la Grece à toutes sortes d’esclaves, de quelque pays qu’ils fussent ; cependant ils étoient traités avec bonté chez les uns, & très-durement par d’autres : les vrais hélotes l’éprouverent. Ils étoient rigoureusement occupés par les Spartiates à des emplois bas & pénibles, comme à labourer la terre, à porter tous les fardeaux, & à pourvoir la ville des provisions dont elle avoit besoin. Il n’y en eut qu’un petit nombre qu’on employa à des ministeres honnêtes, comme à conduire les enfans aux écoles, à les ramener à la maison, en un mot à en prendre soin. Ceux-ci étoient des affranchis, qui néanmoins ne jouissoient pas de tous les priviléges des personnes libres, quoique par leur conduite ils pussent les obtenir ; puisque Lysandre, Callicrate, & Cysippe, qui étoient helotes de naissance, acquirent la liberté en considération de leur valeur.

Mais il faut convenir qu’en général, les hélotes étoient fort malheureux ; esclaves à-la-fois du public & du particulier, leur servitude étoit personnelle & réelle ; ils étoient soumis à tous les travaux hors de la maison, & à toutes sortes d’insultes dans la maison ; on les maltraitoit continuellement, & même on les tuoit quelquefois sans ombre de justice ; Plutarque ne l’a point dissimulé. Aussi ces pauvres gens nés braves, & réduits au desespoir, voyant Sparte affligée par un tremblement de terre, ravagerent la Laconie, conspirerent contre leurs tyrans, & mirent la capitale dans le plus grand danger qu’elle ait jamais couru. Ils volerent de toutes parts pour achever de détruire ceux que le tremblement de terre auroit épargnés ; mais les ayant trouvés rangés en bataille, ils se retirerent auprès des Messéniens, les attirerent dans leur parti, & déclarerent aux Spartiates une guerre ouverte. Alors ils soûtinrent jusqu’à la derniere extrémité le siége d’Ithome contre toutes les forces des Lacédémoniens : enfin, après la prise de cette ville, ils furent transportés hors du Péloponnese, avec défense d’y rentrer sous peine de la vie. Ceux des hélotes qui resterent, furent condamnés à une perpétuelle servitude, sans que leurs maîtres pussent les affranchir, ni les vendre hors du pays.

Telle est en peu de mots l’histoire des hélotes, sur lesquels on peut lire Aristote, Politic. lib. II. Pausanias, in Laconic ; Thucydide, lib. VIII. Athénée, liv. VI. & XIV. Isocrate, in Panathen ; Elien, lib. TVIII. cap. xxxxiij. Plutarque, dans la vie de Lycurgue ; Strabon, liv. VIII. & parmi les modernes, Cragius, de Repub. Lacedemon. Meursius, Miscellan.

Laconic. Potter, Archæol. Groec. lib. I. cap. x. (D. J.)

HELSINBOURG, (Géog.) ville, port, & château de Suede, dans la Schone, sur l’Oresund ; elle est à 15 lieues S. d’Helmstadt, 9 N. O. de Lunden. Long. 30. 35. lat. 56. 2.

C’est tout près de cette ville, que naquit le célebre Ticho-Brahé, le 19 Décembre 1546. On lui donna le titre de restaurateur de l’Astronomie, qui appartenoit à Copernic, & que Kepler mérita depuis ; car l’espece de conciliation des systèmes de Ptolomée & de Copernic, qu’imagina Ticho-Brahé, n’a point été goûtée des Astronomes ; cependant il a la gloire d’avoir le premier perfectionné cette science par un observatoire, par des écrits & des instrumens, à la dépense desquels on dit qu’il employa plus de cent mille écus de son propre bien. Il préféra pour femme une paysanne de ses terres, à de grands partis que ses parens lui destinoient. Il mourut à Prague, le 24 Octobre 1601. dans la 55e année de son âge, pour avoir par respect retenu trop long-tems son urine à la table d’un grand seigneur. Il a publié ses observations sous le nom de Tables Rodolphines, & un catalogue de mille étoiles fixes. (D. J.)

HELSINGFORD, (Géog.) petite ville de Finlande, dans le Nyland, avec un port assez commode, sur le golfe de Finlande, à 8 lieues S. O. de Borgo. Long. 43. 20. lat. 60. 22. (D. J.)

HELSINGIE, s. f. (Géog.) province de Suede, bornée au N. par l’Iempterland & par la Madelpadie, à l’O. & S. O. par la Dalécarlie, au S. par la Gestricie, à l’E. par le golphe de Bothnie. Elle est traversée dans sa longueur par la riviere de Liusna ; Soderham en est le lieu principal. (D. J.)

HELSINGOHR, (Géog.) les François disent Elseneur, ville de Dannemark sur l’Orésund, dans l’isle de Sélande, à 6 lieues au N. de Copenhague, vis-à-vis Helsinbourg. Tous les vaisseaux qui passent par ce détroit, sont obligés de payer un droit de passage au roi de Dannemark. Long. 30. 30. lat. 55. 58.

Jacques-Isaac Pontanus, historiographe du roi de Dannemarck, & de la province de Gueldres, naquit à Helsingohr, vers le milieu du xvj. siecle, & mourut à Harderwick en 1640. Il s’est fait beaucoup d’honneur par ses ouvrages historiques & géographiques ; & c’est bien ici le lieu de les indiquer. 1°. Rerum Danicarum histor. lib. X. unà cum ejusdem regni urbiumque descriptione ; 2°. Gueldriæ & Zutphaniæ chorographica descriptio ; 3°. Historiæ Gueldricæ lib. XIV ; 4°. Hist. urbis & rerum Amstelodamensium ; 5°. Disceptat. corographicæ de Rheni divortiis, & accolis populis. 6°. Itinerarium Galliæ Narbonensis. (D. J.)

HELSTON, (Géog.) petite ville à marché d’Angleterre, dans le comté de Cornoüailles : elle envoye deux députés au Parlement, & est à 2 lieues de Falmouth, O. à 75. S. O. de Londres. Long. 12. 27. lat. 50. 10. (D. J.)

HELVÉTIENS (les), Géog. peuple particulier qui faisoit partie de la Gaule ; il mérite bien d’avoir un article dans cet ouvrage, & sous son ancien nom, & sous son nom moderne, pour lequel voyez Suisse.

Nous trouvons dans César les limites anciennes de l’Helvétie ; il la borne d’un côté par le Rhin qui la séparoit de la Germanie, de l’autre par le mont Jura qui la séparoit des Séquaniens, & d’un autre côté par le lac Léman & par le Rhône, qui la séparoient de l’Italie. Comme elle étoit au-delà du Rhin, elle appartenoit à la Gaule, ce qui fait que Tacite appelle les Helvétiens, nation gauloise ; Jules-César met l’Helvétie dans la Gaule Celtique ; mais Auguste