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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/163

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en-dessus. Il a cinq dents creuses & une petite langue. Son ventre est divisé en cinq parties, qui semblent plusieurs ventres séparés.

On le trouve sur les bords de la mer, où il se retire, quand les vagues commencent à s’enfler par quelque tempête ; ce qui a fait dire, qu’il étoit un prognostic d’un orage prochain. Les matelots mangent sa chair & ses œufs, c’est tout l’usage qu’on en retire ; car quant à ses propriétés médicinales, rapportées par Dales d’après Dioscoride, personne n’y ajoute la moindre foi.

Son squelette est un corps osseux, dont la figure approche fort de celle d’une portion de sphere creuse, ou de celle d’un moule de bouton qui seroit creux. Il a de même une ouverture sur la partie la plus élevée de sa convexité, par laquelle Aristote assure que l’animal jette ses excrémens. Sur la surface opposée à cette ouverture, ou sur la surface qui représente la surface plane du moule, & qui ici est un peu arrondie, il y a une autre ouverture plus grande que la précédente, placée vis-à-vis d’elle, & c’est cette derniere ouverture qui est la bouche de l’hérisson.

La surface intérieure de ce squelette est raboteuse, ou marquée de diverses éminences, de diverses petites inégalités, mais disposées avec ordre. Elles partagent, en quelque façon, tout l’extérieur du corps en dix triangles sphériques isoceles, qui ont leur sommet à l’ouverture supérieure, & leur base à l’inférieure ; il y en a cinq grands, & cinq petits.

Tous les petits triangles & tous les grands triangles sont égaux entr’eux, & séparés les uns des autres par une petite bande qui est aussi triangulaire, au lieu que les triangles sont hérissés de diverses éminences ; chaque petite bande est percée d’un grand nombre de trous très-déliés, qui traversent l’épaisseur du squelette & qui en font admirer le travail.

Chaque petite éminence, ou apophyse, ressemble à une mammelle qui a son mammellon ; c’est sur chacune de ses petites apophyses que sont posées les bases des épines des hérissons. Le nombre de ces apophyses, ou ce qui revient au même, celui des épines est prodigieux ; M. de Réaumur en a trouvé deux mille cent ; mais comme il y en a d’extrémement petites, il n’est guere possible de les compter d’une maniere sûre ; le nombre des petits trous qui sont sur les bandes qui séparent les triangles, est aussi très-considérable ; M. de Réaumur en a compté environ treize cens, nombre qu’il est bon de savoir, pour connoître combien l’hérisson a de jambes, ou, pour parler comme M. de Réaumur, de cornes, parce que ces jambes ressemblent aux cornes des limaçons.

Chacune de ces cornes tire son origine d’un de ces trous, & réciproquement il n’y a point de trou qui ne donne naissance à une corne ; elles ne sont presque sensibles que lorsque l’animal est dans l’eau, encore ne sont elles sensibles qu’en partie. S’il marche, il fait voir seulement quelques-unes de celles qui sont du côté vers lequel il avance ; si au contraire il est en repos, on n’apperçoit que celles qu’il a pu ou voulu fixer contre quelques corps, celles qui le tiennent en quelque façon à l’ancre : il applique leur extrémité contre ce corps, il les y colle si fortement, que, si on veut employer la force pour le détacher, on y parvient rarement sans casser une partie de celles qui l’attachoient ; enfin elles cessent presque entierement d’être visibles, lorsqu’on le tire de l’eau ; il les affaisse & les replie sur elles-mêmes, de sorte que l’on ne voit plus que leurs extrémités, qui ne sauroient être connoissables qu’à ceux qui les ont observés pendant que les cornes étoient gon-

flées, alors les bouts des cornes sont cachés entre

les bases des épines, au lieu qu’ils surpassent leurs pointes lorsque l’hérisson les allonge.

L’appareil, avec lequel est formé un si petit animal, est quelque chose de bien merveilleux. Voilà treize cens cornes qu’il a seulement pour se tenir en repos, & plus de deux mille cent épines dont il peut se servir pour marcher : celles dont il fait l’usage le plus ordinairement, sont aux environs de sa bouche ; comme elles peuvent s’incliner également de tous côtés, les épines qui sont les plus proches & celles qui sont les plus éloignées de celui vers lequel il s’est déterminé d’aller, lui servent en même tems ; il se retire avec ses premieres, & se pousse avec les secondes ; il n’est pas difficile d’imaginer comment cela s’exécute.

L’hérisson porte les plus proches le plus loin qu’il peut de sa bouche, il accroche ou pique leurs pointes contre quelque corps aigu ; & au contraire il approche de sa bouche, ou du dessous de sa base, la pointe des épines les plus éloignées ; d’où il est clair que lorsqu’il fait effort ensuite pour ramener à soi les premieres, ou les tirer vers le dessous de sa base, & qu’il fait en même tems un autre effort pour relever les dernieres, ou les éloigner du dessous de sa base, il tire & pousse son corps en avant par ces deux efforts.

Tel est le mouvement progressif de l’hérisson, lorsqu’il marche la bouche en bas : mais on voit en même tems que quand il marche la bouche en haut, tout doit se passer d’une semblable maniere. Enfin il paroît qu’il peut marcher non-seulement étant disposé des deux manieres précédentes, mais encore dans une infinité d’autres positions, dans lesquelles la ligne qui passe par le centre des ouvertures où sont la bouche & son anus, est ou parallele, ou inclinée à l’horison sous divers angles.

Mais s’il peut marcher dans toutes ces situations, c’est-à-dire si la possibilité en est démontrée, combien alors faut-il de muscles pour faire mouvoir en tous sens & séparément deux mille cent épines, & treize cens jambes ou cornes ! Cependant les jambes ou cornes n’exécutent point le mouvement progressif des hérissons, ce sont les épines dont ils se servent pour marcher. M. de Réaumur s’en est convaincu dans des circonstances où il n’étoit pas possible de s’y méprendre : non-seulement il les a vû se mouvoir par leur moyen, les ayant mis dans des vases où l’eau de la mer les couvroit peu, & où il étoit par conséquent très-facile de les observer ; mais ayant mis même ces animaux sur sa main, il leur a vû exécuter le mouvement progressif avec leurs seules épines. (D. J.)

Hérisson, (Art. milis.) dans la guerre des siéges est une grosse poutre, ou un arbre de la longueur de la breche, armé de pointes fort longues, qu’on fait rouler sur la rampe ou les débris de la breche pour empêcher l’ennemi de monter. Les hérissons sont soutenus par des chaînes ou des cordes, de maniere que si le canon en rompt une, ils soient retenus par les autres. On les fait rouler sur les breches par le moyen de rouleaux. Ils causent beaucoup d’incommodité à l’ennemi en tombant ou roulant sur lui lorsqu’il monte à l’assaut.

L’hérisson foudroyant est une espece de barril foudroyant, hérissé de pointes par le dehors : on le fait mouvoir sur deux roues par le moyen d’une piece de bois qui le traverse & qui sert d’aissieu aux roues. Voyez Barril foudroyant. (Q)

Hérisson, (méchan.) c’est une roue dont les rayons aigus sont plantés directement sur la circonférence du cercle, & qui ne peuvent s’engager que dans une lanterne, & ne reçoivent le mouvement que d’elle. Voyez Lanterne. Il y a des hérissons