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stinguer des héritiers légitimes qui sont appellés par la loi, & des héritiers contractuels qui sont institués par un contrat entre-vifs. Voyez Héritier, Succession, Testament. (A)

Héritier volontaire, est celui qui est libre d’accepter la succession ou d’y renoncer ; il y avoit chez les Romains des héritiers nécessaires, & d’autres volontaires, qu’on appelloit aussi héritiers étrangers ; parmi nous tous héritiers sont volontaires. Voyez ci devant Héritier nécessaire & Héritiers siens & nécessaires. (A)

Héritier universel, est celui qui succede à tous les biens & droits du défunt, soit en vertu de la loi ou de la disposition de l’homme ; il est opposé à héritier particulier, lequel ne recueille qu’une portion des biens. (A)

HERMANE, sub. fém. (Hist. nat. bot.) hermannia, genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales faits en forme de tuyau & de cornet, & disposés en rond ; le calice est circulaire & composé d’une seule feuille ; il en sort un pistil qui devient dans la suite un fruit arrondi ; il s’ouvre en cinq pieces, il est divisé en cinq loges, & il renferme de petites semences. M. de Tournefort a donné à ce genre de plante le nom de Paul Herman, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Les Botanistes hollandois cultivent dans leurs jardins plusieurs especes de ce genre de plante ; ils en mettent des rejettons dans une couche de terre légere, qu’ils arrosent & abrient pendant une couple de mois, jusqu’à ce qu’ils ayent pris racine ; ensuite ils portent la motte de terre avec les racines dans des pots garnis d’une nouvelle terre, qu’ils exposent en plein air, avec les myrthes & le géranium, jusqu’à la mi-Octobre ; alors ils les placent dans l’endroit de la serre le moins chaud, & dans lequel ils puissent avoir de l’air frais ; ils les arrosent souvent & les changent de pots aux mois de Mai & de Septembre, pour empêcher leurs racines de se matter.

Cette plante par une telle culture, fournit au commencement du printems une grande quantité de très-belles fleurs ; mais elle ne produit point de graine. Celle qu’on reçoit des pays étrangers, requiert d’être semée dans une couche un peu chaude ; & quand la jeune plante a poussé, on la transplante dans de petits pots qu’on plonge dans de nouvelles couches semblables pour avancer son enracinement ; enfin, on l’endurcit par degrés à l’air de l’été, après quoi l’on est sûr de ses succès. (D. J.)

HERMANSTAD, (Géog.) Cibinium, grande ville de Hongrie, capitale de la Transylvanie, & la résidence du prince de Transylvanie ; elle est sur la riviere de Ceben, à 12 de nos lieues E. de Weissembourg, 36 N. O. de Tergowisk, 65 N. E. de Belgrade, 108 S. E. de Bude. Long. 43. lat. 46. 25. (D. J.)

HERMANUBIS, sub. masc. (Antiquit.) c’est-à-dire Mercure & Anubis joints ensemble ; divinité égyptienne, dont la statue représentoit un corps d’homme avec une tête de chien ou d’épervier, qui tient un caducée dans la main. La tête de chien ou d’épervier, sont les symboles d’Anubis, considéré comme grand chasseur en fauconnerie ou en vénerie. Ovide l’appelle en sa qualité de véneur, latrator Anubis ; le caducée désigne Mercure : d’autres fois l’Hermanubis est vétu en habit de sénateur, tenant le caducée de la main gauche, & le sistre des Egyptiens de la main droite. On trouve ces deux especes de représentations sur des médailles & des pierres gravées, comme le remarque M. Spon, dans ses recherches curieuses d’antiquités. Plutarque parle aussi de cette divinité bisarre, & quelques mythologistes en expliquent les moralités à leur fantaisie. (D. J.)

HERMAPHRODITE, sub. & adj. (Anat.) per-

sonne qui a les deux sexes, ou les parties naturelles de l’homme & de la femme.

Ce terme nous vient des Grecs ; ils l’ont composé du nom d’un dieu & d’une déesse, afin d’exprimer en un seul mot, suivant leur coûtume, le mélange ou la conjonction de Mercure & de Vénus, qu’ils ont cru présider à la naissance de ce sujet extraordinaire. Mais soit que les Grecs ayent puisé cette prévention dans les principes de l’Astrologie, ou qu’ils l’ayent tirée de la Philosophie hermétique, ils ont ingénieusement imaginé qu’hermaphrodite étoit fils de Mercure & de Vénus. Il falloit bien ensuite donner au fils d’un dieu & d’une déesse une place honorable ; & c’est à quoi la fable a continué de prêter ses illusions. La nymphe Salmacis étant devenue éperduement amoureuse du jeune hermaphrodite, & n’ayant pu le rendre sensible, pria les dieux de ne faire de leurs deux corps qu’un seul assemblage ; Salmacis obtint cette grace, mais les dieux y laisserent le type imprimé des deux sexes.

Cependant ce prodige de la nature, qui réunit les deux sexes dans un même être, n’a pas été favorablement accueilli de plusieurs peuples, s’il est vrai ce que raconte Alexander ab Alexandro, que les personnes qui portoient en elles le sexe d’homme & de femme, ou pour m’expliquer en un seul mot, les hermaphrodites, furent regardés par les Athéniens & les Romains comme des monstres, qu’on précipitoit dans la mer à Athènes & à Rome dans le Tibre.

Mais y a-t-il de véritables hermaphrodites ? On pouvoit agiter cette question dans les tems d’ignorance ; on ne devroit plus la proposer dans des siecles éclairés. Si la nature s’égare quelquefois dans la production de l’homme, elle ne va jamais jusqu’à faire des métamorphoses, des confusions de substances, & des assemblages parfaits des deux sexes. Celui qu’elle a donné à la naissance, & même peut-être à la conception, ne se change point dans un autre ; il n’y a personne en qui les deux sexes soient parfaits, c’est-à-dire qui puisse engendrer en soi comme femme, & hors de soi comme homme, tanquam mas generare ex alio, & tanquam fæmina generare in se ipso, disoit un canoniste. La nature ne confond jamais pour toûjours ni ses véritables marques, ni ses véritables sceaux ; elle montre à la fin le caractere qui distingue le sexe ; & si de tems à autre, elle le voile à quelques égards dans l’enfance, elle le décele indubitablement dans l’âge de puberté.

Tout cela se trouve également vrai pour l’un & l’autre sexe : que la nature puisse cacher quelquefois la femme sous le dehors d’un homme, ce dehors, cette écorce extérieure, cette apparence, n’en impose point aux gens éclairés, & ne constitue point dans cette femme le sexe masculin. Qu’il y ait eu des hommes qui ont passé pour femme, c’est certainement par des caracteres équivoques ; mais la surabondance de vie, source de la force & de la santé, ne pouvant plus être contenue au-dedans, dans l’âge qui est la saison des plaisirs, cherche dans cet âge heureux à se manifester au-dehors, s’annonce, & y parvient effectivement. C’est ce qu’on vit arriver à la prétendue fille Italienne, qui devint homme du tems de Constantin, au rapport d’un pere de l’Église. Dans cet état vivifiant de l’humanité, le moindre effort peut produire des parties qu’on n’avoit point encore apperçûes ; témoin Marie Germain, dont parle Paré, qui après avoir sauté un fossé, parut homme à la même heure, & ne se trouva plus du sexe sous lequel on l’avoit connue.

Les prétendus hommes hermaphrodites qui ont l’écoulement menstruel, ne sont que de véritables filles, dont Colombus dit avoir examiné les parties