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Le temple de l’honneur & de la vertu bâti à Rome par l’architecte Matius, étoit hexastyle. Voyez Temple. Dict. de Trévoux.

HEXECANTHOLIT, s. f. (Hist. nat.) Pline dit que c’est une pierre fort petite, de plusieurs couleurs différentes, qui se trouvoit dans le pays des Troglodites.

HEYER, (Géog.) petite ville d’Allemagne dans le pays de Nassau-Dillembourg.

HH

HHATIB, s. m. (Hist. mod.) nom que les Mahométans donnent à un des officiers de leurs mosquées, qui tient parmi eux le rang qu’occupe parmi nous un curé. Ce hhatib se place en un lieu élevé, & lit tel chapitre de l’alcoran qu’il lui plaît, en observant néanmoins de garder le plus long pour le vendredi, qui est parmi les musulmans le jour où ils donnent plus de tems à la priere publique. Dandini, voyage du mont Liban. (G)

HI

HIAOY, (Géogr.) ville de la Chine dans la province de Xansi, au département de Fuenchu, cinquieme métropole de cette province. Auprès de cette ville est la montagne de Castang, abondante en sources d’eaux chaudes & minérales, différentes de goût & de couleur, de sorte que ces fontaines bouillantes en font un pays assez semblable à celui de Pouzzoles au royaume de Naples. Cette ville de Hyaoi est de 6d 11′ plus occidentale que Pekin, à 38d 6′ de latitude. (D. J.)

HIATUS, s. m. (Gramm.) ce mot purement latin a été adopté dans notre langue sans aucun changement, pour signifier l’espece de cacophonie qui résulte de l’ouverture continuée de la bouche, dans l’émission consécutive de plusieurs sons qui ne sont distingués l’un de l’autre par aucune articulation. M. du Marsais paroît avoir regardé comme exactement synonymes les deux mots hiatus & bâillement ; mais je suis persuadé qu’ils sont dans le cas de tous les autres synonymes, & qu’avec l’idée commune de l’émission consécutive de plusieurs sons non articulés, ils désignent des idées accessoires différentes qui caractérisent chacun d’eux en particulier. Je crois donc que bâillement exprime particulierement l’état de la bouche pendant l’émission de ces sons consécutifs, & que le nom hiatus exprime, comme je l’ai déjà dit, la cacophonie qui en résulte : en sorte que l’on peut dire que l’hiatus est l’effet du bâillement. Le bâillement est pénible pour celui qui parle ; l’hiatus est desagréable pour celui qui écoute : la théorie de l’un appartient à l’Anatomie, celle de l’autre est du ressort de la Grammaire. C’est donc de l’hiatus qu’il faut entendre ce que M. du Marsais a écrit sur le bâillement. Voyez Baillement. Qu’il me soit permis d’y ajoûter quelques réflexions.

« Quoique l’élision se pratiquât rigoureusement dans la versification des Latins, dit M. Harduin, secrétaire perpétuel de la société littéraire d’Arras (Remarques diverses sur la prononciation, page 106. à la note.) : & quoique les François qui n’élident ordinairement que l’e féminin, se soient fait pour les autres voyelles une regle équivalente à l’élision latine, en proscrivant dans leur poésie la rencontre d’une voyelle finale avec une voyelle initiale ; je ne sai s’il n’est pas entré un peu de prévention dans l’établissement de ces regles, qui donne lieu à une contradiction assez bisarre. Car l’hiatus, qu’on trouve si choquant entre deux mots, devroit également déplaire à l’oreille dans le milieu d’un mot : il devroit paroître aussi rude de prononcer meo sans élision, que me odit. On ne voit pas

néanmoins que les poëtes latins aient rejetté au tant qu’ils le pouvoient les mots où se rencontroient ces hiatus ; leurs vers en sont remplis, & les nôtres n’en sont pas plus exempts. Non-seulement nos poëtes usent librement de ces sortes de mots, quand la mesure ou le sens du vers paroît les y obliger ; mais lors même qu’il s’agit de nommer arbitrairement un personnage de leur invention, ils ne font aucun scrupule de lui créer ou de lui appliquer un nom dans lequel il se trouve un hiatus ; & je ne crois pas qu’on leur ait jamais reproché d’avoir mis en œuvre les noms de Cléon, Chloé, Arsinoé, Zaïde, Zaïre, Laonice, Léandre, &c. Il semble même que loin d’éviter les hiatus dans le corps d’un mot, les poëtes françois aient cherché à les multiplier, quand ils ont séparé en deux syllabes quantité de voyelles qui font diphtongue dans la conversation. De tuer ils ont fait tu-er, & ont allongé de même la prononciation de ruine, violence, pieux, étudier, passion, diadème, jouer, avouer, &c. On ne juge cependant pas que cela rende les vers moins coulans ; on n’y fait aucune attention ; & on ne s’apperçoit pas non plus que souvent l’élision de l’e féminin n’empêche point la rencontre de deux voyelles, comme quand on dit, année entiere, plaie effroyable, joie extréme, vûe agréable, vûe égarée, bleue & blanche, boue épaisse ».

Ces observations de M. Harduin sont le fruit d’une attention raisonnée & d’une grande sagacité ; mais elles me paroissent susceptibles de quelques remarques.

1°. Il est certain que la loi générale qui condamne l’hiatus comme vicieux entre deux mots, a un autre fondement que la prévention. La continuité du bâillement qu’exige l’hiatus, met l’organe de la parole dans une contrainte réelle, & fatigue les poûmons de celui qui parle, parce qu’il est obligé de fournir de suite & sans interruption une plus grande quantité d’air : au lieu que quand des articulations interrompent la succession des sons, elles procurent nécessairement aux poûmons de petits repos qui facilitent l’opération de cet organe : car la plûpart des articulations ne donnent l’explosion aux sons qu’elles modifient, qu’en interceptant l’air qui en est la matiere. Voyez h. Cette interception doit donc diminuer le travail de l’expiration, puisqu’elle en suspend le cours, & qu’elle doit même occasionner vers les poûmons un reflux d’air proportionné à la force qui en arrête l’émission.

D’autre part, c’est un principe indiqué & confirmé par l’expérience, que l’embarras de celui qui parle affecte desagréablement celui qui écoute : tout le monde l’a éprouvé en entendant parler quelque personne enrouée ou begue, ou un orateur dont la mémoire est chancelante ou infidelle. C’est donc essentiellement & indépendamment de toute prévention que l’hiatus est vicieux ; & il l’est également dans sa cause & dans ses effets.

2°. Si les Latins pratiquoient rigoureusement l’élision d’une voyelle finale devant une voyelle initiale, quoiqu’ils n’agissent pas de même à l’égard de deux voyelles consécutives au milieu d’un mot ; si nous-mêmes, ainsi que bien d’autres peuples, avons en cela imité les Latins, c’est que nous avons tous suivi l’impression de la nature : car il n’y a que ses décisions qui puissent amener les hommes à l’unanimité.

Ne semble-t-il pas en effet que le bâillement doit être moins pénible, & conséquemment l’hiatus moins desagreable au milieu du mot qu’à la fin, parce que les poûmons n’ont pas fait encore une si grande dépense d’air ? D’ailleurs l’effet du bâillement étant de soûtenir la voix, l’oreille doit s’offenser plûtôt de l’entendre se soûtenir quand le mot est fini, que