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terminer ensuite à être égal. Il doit donc y avoir, 1°. une force motrice, 2°. un enchaînement de parties qui détermine l’égalité du mouvement ; d’où il suit qu’une horloge a toujours un poids ou un ressort pour produire du mouvement, & des roues & un échappement pour le modifier ; c’est cette partie d’une horloge que l’artiste appelle le mouvement. Il donne aux autres qui servent à sonner ou à répéter les heures, les noms de sonnerie, répétition, &c. Voyez les articles Sonnerie, Mouvement, Répétition, &c.

Description des grosses horloges, ou horloges de clochers. Depuis le tems de leur invention, la construction générale a été toujours la même jusqu’aux environs de 1732, que M. Leroi pere inventa les horloges horisontales, qui sont incontestablement préférables aux autres.

Nous avons représenté dans nos planches une grosse horloge horizontale vue par-dessus. La cage, qui est une espece de rectangle, est composée des barres AB, BC, CD, DA, qui sont retenues ensemble par des clavettes. Ces barres sont posées sur le champ, afin qu’elles aient plus de forces. FE est une autre barre posée dans le même sens, & qui sert à porter les pivots de la sonnerie & du mouvement. Le rectangle EFCD contient le mouvement, R est la grande roue ; G le rouleau sur lequel s’enveloppe la corde qui porte le poids. Ce rouleau porte un cliquet q, qui s’engage dans les croisées de la grande roue de façon que le rouleau peut bien tourner de G en X sous la grande roue ; mais de G en P il ne le peut pas. H est la seconde roue ; I la roue de rencontre, & KF la verge des palettes à laquelle le pendule est attaché ; mais qu’on ne peut voir ici à cause que l’on voit l’horloge en dessus. Ainsi supposant que le poids P entraîne le rouleau, il fera tourner la grande roue qui fera tourner la seconde roue, ainsi de suite jusqu’à la roue de rencontre qui les tourneroit avec toute la vîtesse qui lui est imprimée par le poids, si cette vîtesse n’étoit retardée & modifiée par le pendule que la roue de rencontre est obligée de faire vibrer en agissant sur les palettes K. On voit par là, qu’ici le poids P produit le mouvement, & que l’action du pendule sur la roue de rencontre au moyen des palettes KK le modifient. Les nombres des roues & des pignons son. 80 à la grande roue ; 10 au pignon de la seconde roue, qui est de 72 ; 8 au pignon de la roue de rencontre, qui a 25 dents. Comme la grande roue doit faire un tour par heure, il est facile de voir qu’en conséquence de ces nombres la pendule battera les secondes. Voyez là-dessus les articles Nombre, Vibration, Échappement, Pendule, &c.

Dans cette horloge, il y a, comme on voit, trois roues au mouvement ; mais comme le nombre des roues est toûjours desavantageux, à cause que, multipliant les frottemens de l’horloge, elles en augmentent les inégalités ; il s’en suit que lorsqu’on le peut, il est toûjours avantageux de diminuer leur nombre, & qu’il seroit mieux dans ce cas-ci de n’avoir que deux roues : par-là on gagneroit deux avantages ; car, on diminueroit non-seulement les frottemens, mais on auroit encore un pendule plus long, pendule qui a toûjours plus de puissance régulatrice. C’est ainsi que dans l’horloge exécutée sous les yeux de mon pere pour le séminaire des missions étrangeres, on n’a mis que deux roues avec un pendule, dont chaque vibration est de deux secondes.

Le remontoir est formé par la lanterne N, qui engrene les dents de la roue O adaptée sur le rouleau ; ainsi au moyen de la manivelle 20, on remonte le poids.

La sonnerie est contenue dans le rectangle ADEF ; 4, Z & Y sont la grande roue, le rouleau & la lan-

terne du remontoir, qui sont construits de même

que dans le mouvement, excepté cependant que la grande roue a des chevilles au nombre de 9, qui servent à lever la bascule du marteau ; 12 est la seconde roue, 21 est le pignon du volant, & 18, 19 le volant ; 6, 5, 9 est la bascule du marteau, dont la partie 9, comme on peut le voir dans la tige, s’avance sur les chevilles ; r9a est la premiere détente mobile dans les points c & b : cette détente a une partie a, qui doit s’avancer dessous la partie 3, 21 du volant. SUT♁ est la seconde détente, dont la partie ♁ ou le compteur entre dans les entailles du chaperon. La cheville u sur la tige du pignon du volant forme l’arrêt de la sonnerie ; lorsque la premiere détente r9a est levée par la roue de cadran, elle éleve au moyen de la partie S la détente ST, & la dégage de la cheville u ; mais, dans le même moment, le volant est arrêté par la partie 21, 3, qui rencontre la partie a de la premiere détente, de sorte que la sonnerie ne peut partir que lorsque cette détente n’étant plus soûtenue par la cheville de la roue de cadran, elle tombe & dégage le pignon du volant. Les nombres sont 81 à la grande roue, 9 à la lanterne, dans laquelle elle engrene. Quant à la seconde roue & au pignon du volant, leur nombre est indéterminé. Voyez là-dessus l’article Sonnerie. La roue de compte a 90 ; le pignon, dans lequel elle engrene, fixé sur l’extrémité de l’arbre de la grande roue a9 ; de façon qu’un tour du chaperon équivaut à 90 coups de marteau, nombre de coups qu’une horloge doit sonner dans 12 heures, lorsqu’elle sonne les demies. Voyez l’article Sonnerie.

Les grosses horloges anciennes ne different point essentiellement de celle-ci quant aux roues du mouvement, de la sonnerie, au volant & aux détentes, &c. mais elles en different beaucoup à l’égard de la cage & de la maniere dont les roues y sont placées. Cette cage est composée d’onze pieces ; savoir, de cinq montans, de quatre piliers, & de deux rectangles, l’un supérieur, l’autre inférieur, semblables à-peu-près à celui de l’horloge que nous venons de décrire ; chaque rectangle est ajusté & retenu avec les piliers de la même façon que les barres BC, AD, avec les barres CD, AB, ils ont chacun au milieu une traverse comme EF, qui sert à affermir le montant du milieu. Deux autres montans sont placés au milieu des petits côtés des rectangles, de sorte que ces trois montans sont sur la même ligne, & vis-à-vis les uns des autres : ils servent à soûtenir les roues de la sonnerie & du mouvement. Le quatrieme montant est placé sur l’un des deux côtés des rectangles ; son usage est de soûtenir la roue de compte, & le pignon qui la fait tourner. Le cinquieme montant est opposé à celui qui porte la roue de compte, & sert à porter la roue de cadran ou l’étoile qui la doit faire tourner. Il suit de cette disposition des montans dans les grosses horloges ordinaires, que les roues du mouvement & de la sonnerie ne peuvent être placées autrement que dans la même verticale, ou à peu-près, d’où il arrive que le frottement produit par le poids sur l’axe de la grande roue, est beaucoup plus grand qu’il ne pourroit l’être ; inconvénient qui ne subsiste point dans l’horloge de M. le Roy, & qui est d’autant plus considérable que la grande roue est obligée de faire un tour par heure, pour faire détendre la sonnerie. Pour bien comprendre la raison de ceci, imaginez qu’il y ait une puissance en P, qui tende à faire tourner la grande roue, & que la roue H dans le pignon de laquelle elle engrene, au lieu de se mouvoir, soit arrêtée fixément ; il est clair que l’on peut supposer que le fuseau e sur lequel la dent porte, est le point d’appui de la grande roue, & qu’étant entraînée en en-bas par la puissance P, son pivot en conséquence