Aller au contenu

Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/305

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gardes-visiteurs Horlogers, les gardes en charge, les anciens maîtres qui ont passé la jurande, douze modernes, & douze jeunes maîtres, lesquels y seront appellés alternativement tour-à-tour, selon l’ordre de leur reception.

3°. Lesdits gardes seront tenus de rendre compte de leur jurande quinze jours après qu’ils en seront sortis ; l’élection desdits gardes sera faite annuellement quinze jours après la fête de S. Eloi, le tout en présence des anciens & autres maîtres ainsi qu’il est accoûtumé.

Convocation d’assemblées & reddition de comptes. Ordonnons que toutes les fois qu’il sera nécessaire d’assembler les maîtres pour délibérer sur les affaires de la communauté, ils seront tenus de se trouver en leur bureau, à peine de 3 liv. d’amende contre chacun des défaillans au profit de la communauté, s’ils n’en sont dispensés par cause légitime en faisant avertir les gardes.

Les gardes en charge sont tenus de se charger en recette de tous les effets généralement de la communauté reçus ou non-reçus, & d’en charger ceux qui leur succéderont.

Tout syndic, juré ou receveur comptable, entrant en charge dans la communauté des Horlogers, sera tenu d’avoir un registre-journal, qui sera cotté & paraphé par le lieutenant-général de police à Paris, dans lequel il écrira les recettes & dépenses qu’il fera au jour & à mesure qu’elles seront faites.

Visites des gardes visiteurs chez les maîtres. 1°. Pourront lesdits gardes-visiteurs faire visitation à tel jour & heure que bon leur semblera, appeller avec eux un sergent du Châtelet, sur tous les maîtres dudit art d’horloger en cette ville & banlieue de Paris, soit en général ou en particulier ; & faisant icelle visitation, prendre, saisir & enlever les ouvrages commencés ou achevés, qui se trouveront mal-façonnés & de mauvaises étoffes, pour être par eux plus amplement vûs & visités, & être représentés en justice.

2°. Les gardes-visiteurs feront par chacun an chez chaque maître & veuve de maître, autant de visites qu’ils jugeront nécessaires ; pour les maintenir dans la discipline qu’ils sont obligés d’observer, à condition que les maîtres n’en payeront que quatre.

La communauté des horlogers de Paris est de la jurisdiction du lieutenant de police, ainsi que les autres corps de cette ville ; ce qui concerne le titre des matieres d’or & d’argent dont on fait les boëtes de montre, dépend de la cour des monnoies.

Les parties qui concernent l’art de l’Horlogerie, sont dépendantes de la communauté.

Extraits par F. B. du livre des statuts des Horlogers de Paris.

HORLOGERIE, (ordre encyclopédique, Méchanique, Physique, science du mouvement, &c.) L’Horlogerie est l’art de faire des machines qui mesurent le tems. L’art de mesurer le tems a dû faire l’objet des recherches des hommes dans les siecles les plus reculés, puisque cette connoissance est nécessaire pour disposer des momens de la vie : cependant il ne paroît pas que les anciens ayent eu aucune connoissance de l’Horlogerie, à moins que l’on n’appelle de ce nom l’art de tracer les cadrans solaires, de faire des clepsydres ou sabliers, des horloges d’eau, &c. Il est vraissemblable que les premiers moyens que l’on a mis en usage pour mesurer le tems, ont été les révolutions journalieres du soleil : ainsi le tems qui s’écoule depuis le lever jusqu’au coucher du soleil, fit une mesure qui fut appellée un jour, & le tems compris depuis le coucher du soleil jusqu’à son lever fit la nuit ; mais on dut bientôt s’appercevoir qu’une telle mesure étoit défectueuse, puisque ces sortes de jours étoient plus longs en été qu’en hiver : il paroît que l’on se servit ensuite du tems

qui s’écoule depuis le point de la plus grande élévation du soleil au-dessus de l’horison (lequel on nomme midi), jusqu’à son retour au même point ; mais comme les besoins des hommes augmenterent à mesure qu’ils devinrent plus instruits, cela les obligea à avoir des divisions du tems qui fussent plus petites. Ils diviserent donc le tems qui s’écoule entre deux midis, c’est-à-dire une révolution du soleil en vingt-quatre parties ou heures, de là l’origine des cadrans solaires dont les heures sont marquées par des lignes ; voilà en gros l’origine de la mesure du tems par le mouvement du soleil : or on voit que cette maniere étoit sujette à bien des difficultés, car on ne pouvoit savoir l’heure pendant la nuit, ni lorsque le soleil étoit caché par des nuages ; c’est ce qui donna lieu à l’invention des clepsydres ou horloges d’eau, &c.

Cette derniere maniere de mesurer le tems, toute imparfaite qu’elle est, a servi jusqu’à la fin du dixieme siecle, qu’est l’époque de l’invention des horloges, dont le mouvement est communiqué par des roues dentées, la vîtesse réglée par un balancier, l’impulsion donnée aux roues par un poids, & le tems indiqué sur un cadran divisé en douze parties égales au moyen d’une aiguille portée par l’axe d’une roue ; cette aiguille fait un tour en douze heures, c’est-à-dire deux tours depuis le midi d’un jour au midi suivant. Lorsque l’on sut ainsi parvenu à avoir de ces horloges, dont les premiers furent placés aux clochers des églises ; des ouvriers adroits & intelligens enchérirent sur ces découvertes, en ajoûtant à côté de ces horloges un rouage, dont l’office est de faire frapper un marteau sur une cloche les heures indiquées sur le cadran ; de sorte qu’au moyen de cette addition, on pouvoit savoir les heures pendant la nuit sans le secours de la lumiere, ce qui devint d’une grande utilité pour les monasteres ; car il falloit qu’avant cette invention les religieux observassent les étoiles pendant la nuit, pour ne pas manquer l’heure du service, ce qui n’étoit pas fort commode pour eux ; aussi attribuoit on l’invention des horloges à roues au moine Gerbert, qui fut ensuite archevêque de Reims environ en 991, & enfin pape sous le nom de Silvestre II. on s’est servi jusques en 1651 de cette invention. Voyez l’Histoire de France du président Hénault, tome I. p. 126.

Quand on fut ainsi parvenu à avoir de ces horloges, on en fit des plus petites pour placer dans les chambres ; enfin d’habiles ouvriers firent des horloges portatives, auxquelles on a donné le nom de montres. C’est à ce tems que remonte l’origine du ressort spiral, dont l’action entretient le mouvement de la machine, & tient lieu du poids dont on se sert pour les horloges, lequel ne peut être appliqué à une machine portative continuellement exposée à des mouvemens, inclinaisons, &c. qui empêcheroient l’action du poids, on fit aussi des montres à sonnerie. C’est proprement à ces découvertes que commence l’art de l’Horlogerie ; la justesse, à laquelle on parvint pour mesurer le tems en se servant des horloges & des montres, étoit infiniment au-dessous de la justesse des sabliers & horloges d’eau ; aussi faut-il avouer que c’est une des belles découvertes de ces tems-là : mais elle n’étoit rien en comparaison de la perfection que l’Horlogerie acquit en 1647 ; Huyghens, grand mathématicien, créa de nouveau cet art par les belles découvertes dont il l’enrichit ; je veux parler de l’application qu’il fit du pendule aux horloges, pour en regler le mouvement ; & quelques annés après, il adapta aux balanciers des montres un ressort spiral, qui produisit sur le balancier le même effet que la pesanteur sur le pendule.

La justesse de ces machines devint si grande par ces deux additions, qu’elle surpasse autant celle des