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Huile grasse, (Peinture.) est celle que les Peintres mêlent dans leurs couleurs pour les faire sécher. Cette liqueur est composée d’huile de noix ou de lin, & de litarge qu’on fait bouillir ; puis on laisse reposer la litarge au fond du vase, & ce qui surnage est l’huile grasse. Voyez Litarge.

L’huile est aussi employée dans les différens ouvrages d’Horlogerie, pour donner plus de mobilité aux pieces & en retarder l’usure ; car ses particules étant autant de petits rouleaux, elles diminuent considérablement le frottement, en remplissant les intervalles qui se trouvent toujours entre les parties des corps, quelque polis qu’ils soient ; & elles empêchent ces parties d’engrener aussi avant les unes dans les autres. Il est d’une grande conséquence, dans les montres surtout, que l’huile que l’on emploie soit bien pure & bien fluide. Voyez l’article Tigeron, où l’on explique la maniere dont les horlogers s’y prennent pour conserver l’huile aux parties d’une montre ou pendule, &c. où elle est nécessaire. (T)

Huile, (Relieure.) les Relieurs-doreurs se servent d’huile pour mettre sur le dos des livres qui sont prêts à dorer ; ils ont une éponge très-fine attachée à une petite palette de bois, avec laquelle ils prennent l’huile & en frottent légérement tous les endroits à dorer.

HUILIERS, s. m. (Art mécaniq.) ouvriers qui passent au moulin la navette, le chénevi & les autres graines dont on obtient de l’huile par expression. Ils broient d’abord ces graines sous une roue centrale qu’un cheval mene. En se broyant elles passent à-travers un plancher percé de trou, où on les ramasse autour de la roue. Delà on les porte à un pressoir où on en exprime l’huile ; la graine broyée est enfermée dans une grosse toile, à travers laquelle l’huile sort par l’action du pressoir.

Huilier, (Verrer. & Orfev.) petit vaisseau fait en burette, où l’on renferme l’huile d’olive qu’on sert sur les tables. Ce vaisseau est ou une simple burette de verre ou de crystal, accompagnée d’une autre pareille qui contient le vinaigre, ou ces deux mêmes burettes, avec couvercle d’argent & plateau de même métal qui les soutient. Le luxe a donné aux huilliers toute la richesse des formes.

HUILIERES, s. f. (Marine.) ce sont de petites cruches dont on se sert dans un vaisseau pour tenir l’huile.

HUINE l’, ou l’HUISNE, (Géog.) petite riviere de France qui coule au Perche & dans le Maine. Elle prend sa source au Perche, & se jette dans la Sarte, au-dessous du Mans ; elle est diversement nommée dans les anciens titres du pays écrits en latin, Joyna, Hiogina, Eucania, Idonea. (D. J.)

HUIS, s. m. (Jurisp.) signifie porte. Les huissiers ont pris de là leur dénomination, parce qu’une de leurs fonctions est de garder les portes de l’auditoire.

Il y a des audiences à huis clos, c’est-à-dire, qui ne sont point publiques, & auxquelles on ne laisse entrer que les parties intéressées & leurs avocats & procureurs, afin d’éviter l’éclat que la cause pourroit faire.

On appelle aussi audiences à huis clos les audiences qui se donnent à la grand’chambre sur les bas siéges, parce que la porte de cette chambre, qui donne directement sur la grande salle, n’est point ouverte alors comme elle l’est pendant les grandes audiences. (A)

HUISSIER, s. m. (Jurisprud.) est un ministre de la justice, qui fait tous les exploits nécessaires pour contraindre les parties, tant en jugement, que de-

hors, & qui met à exécution les jugemens & toutes

commissions émanées du juge.

Les huissiers ont été ainsi nommés, parce que ce sont eux qui gardent l’huis ou porte du tribunal ; le principal objet de cette fonction est de tenir la porte close, lorsque l’on délibere au tribunal, & d’empêcher qu’aucun étranger n’y entre sans permission du juge ; d’empêcher même que l’on écoute auprès de la porte les délibérations de la compagnie qui doivent être secrettes ; de faire entrer ceux qui sont mandés au tribunal, & d’en faire sortir ceux qui y causent du trouble.

Ceux qui faisoient la fonction d’huissiers & de sergens chez les Romains, étoient appellés apparitores, cohortales, executores, statores, cornicularii, officiales.

En France, on les appelloit tous anciennement servientes, d’où l’on a fait en françois sergent. On les appelloit aussi indifféremment bedels ou bedeaux, ce qui dans cette occasion signifioit semonceur public.

Dans la suite on distingua entre les sergens ceux qui étoient de service dans le tribunal.

Ceux qui faisoient le service au parlement, sont appellés, dans un registre de l’an 1317, valeti curiæ, & dans des lettres du 2 Janvier 1365, le roi les appelle nos amés varlets. On sait que le terme de varlet ou valet ne signifioit pas alors une fonction vile & abjecte, tel que celle d’un domestique, puisque les plus grands vassaux se qualifioient valets ou varlets de leur seigneur dominant ; les places d’huissier au parlement s’achetoient déja à cause des gages qui y étoient attachés.

Le nom d’huissier fut donné, comme on l’a dit, à ceux qui étoient chargés de la garde des portes du tribunal ; on en trouve un exemple, pour les huissiers du parlement, dans un mandement de l’an 1388 adressé primo parlementi nostri hostiario seu servienti nostro.

La plûpart des sergens ayant ambitionné le titre d’huissier, quoiqu’ils ne fissent point de service auprès du juge, on a appellé huissiers audienciers ceux qui sont de service à l’audience, pour les distinguer des autres huissiers ou sergens.

Il étoit défendu aux huissiers même du parlement de se qualifier de maîtres. Ce titre étoit alors réservé aux magistrats ; mais depuis que ceux-ci se sont fait appeller monsieur, les huissiers se sont attribué le titre de maître.

Ils doivent marcher devant le tribunal, lorsqu’il est en corps ou par députés, & aussi devant les premiers officiers lorsqu’ils entrent au siége ou qu’ils en sortent, afin de leur faire porter honneur & respect, & pour empêcher qu’on ne les arrête dans leur passage ; c’est pourquoi ils frappent de leur baguette afin de faire faire place.

C’est un des huissiers qui appelle les causes à l’audience sur les placets, ou sur un rôle ou mémoire. Ils sont couverts en faisant cette fonction. Les anciennes ordonnances leur défendent de rien prendre ou exiger des parties pour appeller leurs causes.

Les autres huissiers du même siége gardent les portes de l’auditoire & l’entrée du parquet. D’autres sont chargés particulierement de faire faire silence & de faire sortir ceux qui font du bruit dans l’audience, ou qui n’y viennent pas en habit décent ; ils ont même le droit d’emprisonner ceux qui causent du trouble dans l’audience.

Ces huissiers font toutes significations, saisies & exécutions, & autres contraintes, chacun dans leur ressort. Quelques-uns ont, par le titre de leur office, le pouvoir d’exploiter par tout le royaume ; d’autres seulement dans le ressort du tribunal auquel ils sont attachés.

Lorsqu’on fait rébellion contre eux, ils doivent