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76 ; d’avoine, 50 livres : un jalois fait cinq boisseaux de Paris. A Riblemont vers la Ferre, le jalois comble fait quatre boisseaux mesure de Paris. Diction. de Commerce. (G)

JALONS, s. m. pl. (Arpentage.) ce sont des bâtons droits, longs de cinq à six piés, & unis & planés par un des bouts, qui s’appelle la tête du jalon, & aiguisés par l’autre qu’on fiche en terre. Ils servent à prendre de longs alignemens, & souvent on garnit leurs têtes de cartes, de linge, ou de papier, pour les distinguer de loin dans le nivellement ; on les arme d’un carton blanc coupé à l’équerre.

On appelle jalon d’emprunt une mesure portative, qui est la même que la hauteur des jalons qui supportent le niveau, & que l’on présente à tous les jalons d’un alignement, pour les faire butter & décharger. De jalon, on a fait jalonner.

JALOUSIE, s. f. (Morale.) inquiétude de l’ame, qui la porte à envier la gloire, le bonheur, les talens d’autrui ; cette passion est si fort semblable par sa nature & par ses effets, à l’envie dont elle est sœur, qu’elles se confondent ensemble. Il me paroît pourtant que par l’envie, nous ne considérons le bien, qu’en ce qu’un autre en jouit, & que nous le desirons pour nous, au lieu que la jalousie est de notre bien propre, que nous appréhendons de perdre, ou auquel nous craignons qu’un autre ne participe : on envie l’autorité d’autrui, on est jaloux de celle qu’on possede.

La jalousie ne regne pas seulement entre des particuliers, mais entre des nations entieres, chez lesquelles elle éclate quelquefois avec la violence la plus funeste ; elle tient à la rivalité de la position, du commerce, des arts, des talens, & de la religion.

Pour ce qui regarde la jalousie en amour, cette fiévre ardente qui dévore les habitans des régions brûlées par les influences du soleil, & qui n’est pas inconnue dans nos climats tempérés, nous croyons qu’elle mérite un article à part. (D. J.)

* La jalousie, dans ce dernier sens, est la disposition ombrageuse d’une personne qui aime, & qui craint que l’objet aimé ne fasse part de son cœur, de ses sentimens, & de tout ce qu’elle prétend lui devoir être reservé, s’allarme de ses moindres démarches, voit dans ses actions les plus indifférentes, des indices certains du malheur qu’elle redoute, vit en soupçons, & fait vivre un autre dans la contrainte & dans le tourment.

Cette passion cruelle & petite marque la défiance de son propre mérite, est un aveu de la supériorité d’un rival, & hâte communément le mal qu’elle appréhende.

Peu d’hommes & peu de femmes sont exempts de la jalousie ; les amans délicats craignent de l’avouer, & les époux en rougissent.

C’est sur-tout la folie des vieillards, qui avouent leur insuffisance, & celle des habitans des climats chauds, qui connoissent le tempérament ardent de leurs femmes.

La jalousie écrase les piés des femmes à la Chine, & elle immole leur liberté presque dans toutes les contrées de l’orient.

Jalousie, (Architecture.) c’est une fermeture de fenêtre, faite de petites tringles de bois croisées diagonalement, qui laissent des vuides en losange, par lesquelles on peut voir sans être apperçus. Les plus belles jalousies se font de panneaux d’ornemens de sculpture évidés, & servent dans les églises, aux jubés, tribunes & confessionnaux, aux écoutes, lanternes, & ailleurs.

JALOUX, adjectif (Grammaire.) celui qui a le vice de la jalousie. Voyez Jalousie.

JALOUX, adj. (Marine.) se dit d’un vaisseau

qui roule & se tourmente trop, de sorte qu’il est en danger de se renverser, s’il n’est pas assez lesté, ou si l’arrimage n’est pas bien fait. Ce terme n’est guere en usage que dans la Méditerrannée, où l’on dit bâtiment jaloux, galere jalouse.

Vaisseau jaloux, se dit aussi d’un vaisseau qui a le côté foible. (Z)

* JAM ou JEM, (Hist. mod.) la troisieme partie du cycle duodénaire des Cathaïens & des Turcs orientaux. Ce cycle comprend les vingt-quatre heures du jour & de la nuit. Ils ont un autre cycle de douze ans dont le jam ou jem est aussi la troisieme partie. Jam ou jem signifie léopard. Les autres parties du cycle portent chacune le nom d’un animal. D’Herbelot, Biblioth. orientale.

JAMA, (Géog.) ville de l’empire russien, sur la riviere de même nom, dans l’Ingrie, à deux milles géographiques, N. E. de Narva. Longitude 47. lat. 59. 15. (D. J.)

* JAMACARU, s. m. (Hist. nat. Bot.) il y a en Amérique plusieurs especes de figuiers sous ce nom. Ray en compte six, toutes rafraichissantes, à l’exception de la semence qui est astringente & dessicative. La gomme, le fruit, la feuille & la racine en est conseillée dans les fievres, de quelque maniere qu’on en use. Dictionnaire de Trévoux.

JAMACAII, s. m. (Ornith. exot.) oiseau très-joli du Brésil, & de la grosseur d’une alouette. Son bec est un peu courbé en bas ; sa jolie petite tête est noire, ainsi que son gosier. Le dessus du cou, la poitrine, & le ventre sont jaunes ; ses aîles sont noires, & ont chacune une grande moucheture blanche ; sa queue qui égale en longueur celle de nos hochequeues, est toute noire ; ses jambes & ses piés sont rembrunis. Margrave Hist. Brasil. (D. J.)

JAMAGOROD, (Géogr.) place importante & forteresse de l’Ingrie, vers la Finlande, sur la riviere de Laga, à trois milles de Narva ; elle a été prise en 1703 par les Russes sur les Suédois.

JAMAIQUE, s. f. la, (Géog.) grande île de l’Amérique septentrionale, découverte par Christophe Colomb, en 1494. Elle est à 15 lieues de Cuba, à 20 lieues de Saint-Domingue, à 116 de Porto-bello & à 114 de Carthagène.

Sa figure tient un peu de l’ovale ; c’est un sommet continu de hautes montagnes, courant de l’E. à l’O. remplies de sources fraîches, qui fournissent l’île de rivieres agréables & utiles ; cette île a 20 lieues de large du N. au S. 50 de long de l’E. à l’O. & 150 de circuit.

Le terroir s’y trouve d’une fertilité admirable en tout ce qui est nécessaire à la vie. Les rivieres & la mer sont fort poissonneuses ; la verdure y est perpétuelle, l’air sain, & les jours & les nuits y sont à peu-près d’égale longueur pendant tout le cours de l’année. Elle a plusieurs bons ports, baies & havres, un nombre incroyable d’oiseaux sauvages, des plantes très-curieuses, peu d’animaux mal-faisans, excepté l’alligador, qui même attaque rarement les hommes.

Toute l’histoire naturelle de cette île a été donnée en Anglois par le chevalier Hans-Sloane, qui y a long-tems séjourné. Son ouvrage qu’il fit imprimer à ses dépens, forme deux volumes in-folio, pleins de tailles-douces. Le premier volume parut à Londres en 1707, & le second en 1725 ; cet ouvrage vaut une dixaine de guinées, & l’on ne le trouve que dans des ventes de bibliotheques de curieux.

L’Amiral Pen, sous le regne de Cromwell, prit la Jamaïque sur les Espagnols en 1655 ; depuis ce tems-là elle est restée aux Anglois, qui l’ont soigneusement cultivée, & l’ont rendue une des plus florissantes plantations du monde. On y compte aujour-