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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/78

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Πολύφθοος signifie la même chose que πολυπευθὴς, ou πολυπάντευτος.

La cérémonie des hebdomées consistoit à porter des branches de laurier, & à chanter des hymnes en l’honneur du dieu ; en même tems les sacrifices faisoient le principal devoir de ceux qui venoient ce jour-là consulter l’oracle ; car on n’entroit point dans le sanctuaire, qu’on n’eût sacrifié ; sans cela Apollon étoit sourd, & la Pythie étoit muette. Voyez Delphes (oracle de). (D. J.)

* HEBÉ, s. f. (Myth.) fille de Jupiter & de Junon, selon Hésiode & Homere ; Junon la conçut à l’exemple de Jupiter, sans avoir approché de son époux qui avoit bien engendré Minerve sans le concours de sa femme. D’autres prétendent que la mere des dieux cessa d’être stérile, par la vertu des laitues sauvages, & qu’elle devint grosse d’Hebé, au sortir d’un repas qu’Apollon lui donna, & où elle mangea avec grand appétit de ce légume. Jupiter charmé de la beauté d’Hebé, lui conféra la fonction de verser à boire aux dieux ; mais elle perdit cette prérogative par un accident qui auroit amusé Jupiter un autre jour, & qui le fâcha ce jour-là. Le pere des dieux aussi capricieux qu’un souverain, substitua Ganymede à Hebé, parce que cette jeune fille s’étoit laissé tomber d’une maniere peu décente dans un repas solennel que l’Olympe célébroit chez les Ethiopiens. Quelques-uns pensent que ce ne fut qu’un prétexte. Ganymede devint donc l’échanson des dieux ; on dit de Jupiter seulement : selon eux, Hebé demeura en possession de présenter le nectar aux déesses ; elle fut la déesse de la jeunesse ; Hercule admis entre les dieux l’obtint pour sa femme. Hebé rajeunit Islaüs, fils d’Iphycle, à la priere de son mari, dont il étoit le cocher.

HEBERGE, s. f. ou HEBERGEMENT, s. m. (Jurisprud.) signifie maison, manoir, logement.

Dans la Coutume de Paris, & quelques autres semblables, le terme d’heberge signifie la hauteur & superficie qu’occupe une maison contre un mur mitoyen ou l’adossement d’un bâtiment contre un mur mitoyen. Un propriétaire n’est tenu de contribuer au mur mitoyen, que suivant son heberge, c’est-à-dire suivant l’étendue qu’il en occupe. Voyez la Coûtume de Paris, article 194 & 197.

Le droit d’hebergement ou procuration, étoit l’obligation de fournir au seigneur ses repas lorsqu’il venoit dans le lieu. Voyez l’hist. de Bretagne, par D. Lobineau, tome I. page 200. (A)

* HEBERGER, MUIRE, (Saline.) c’est charger d’eau la poële ; elle est environ deux heures à se remplir. Voyez Salines.

* HEBICHER, s. m. (Art.) c’est un crible fait de brins de roseaux ou de latanier entrelacés, d’usage aux îles pour la préparation du roucou. On s’en sert aussi aux Antilles dans les sucreries pour passer le sucre concassé dont on remplit les barrils.

* HEBON, s. m. (Mythol.) surnom de Bacchus ; c’est comme si l’on eût dit le jeune dieu. Le dieu de la jeunesse fut aussi le dieu de l’yvresse. Les Napolitains l’honorerent sous ce double aspect.

HÉBRAIQUE (Langue) ; c’est la langue dans laquelle sont écrits les livres saints que nous ont transmis les Hébreux qui l’ont autrefois parlée. C’est sans contredit, la plus ancienne des langues connues ; & s’il faut s’en rapporter aux Juifs, elle est la premiere du monde. Comme langue savante, & comme langue sacrée, elle est depuis bien des siecles le sujet & la matiere d’une infinité de questions intéressantes, qui toutes n’ont pas toûjours été discutées de sens froid, sur-tout par les rabbins, & qui pour la plûpart, ne sont pas encore éclaircies, peut-être à cause du tems qui couvre tout, peut-être encore parce que cette langue n’a pas été aussi cultivée qu’elle auroit dû l’être des vrais savans. Son ori-

gine, ses révolutions, son génie, ses propriétés, sa grammaire, sa prononciation, enfin les caracteres de son écriture, & la ponctuation qui lui sert de voyelles, sont l’objet des principaux problèmes qui la concernent ; s’ils sont résolus pour les Juifs qui se noyent avec délices dans un océan de minuties & de fables, ils ne le sont pas encore pour l’homme qui respecte la religion & le bon sens, & qui ne prend pas le merveilleux pour la vérité. Nous présenterons donc ici ces différens objets ; & sans nous flatter du succès, nous parlerons en historiens & en littérateurs ; 1°. de l’écriture de la langue hébraïque ; 2°. de sa ponctuation ; 3°. de l’origine de la langue & de ses révolutions chez les Hébreux ; 4°. de ses révolutions chez les différens peuples où elle paroît avoir été portée par les Phéniciens ; & 5°. de son génie, de son caractere, de sa grammaire, & de ses propriétés.

I. L’alphabet hébreu est composé de vingt-deux lettres, toutes réputées consonnes, sans en excepter même l’aleph, le , le vau & jod, que nous nommons voyelles, mais qui chez les Hébreux n’ont aucun son fixe ni aucune valeur sans la ponctuation, qui seule contient les véritables voyelles de cette langue, comme nous le verrons au deuxieme article. On trouvera les noms & les figures des caracteres hébreux, ainsi que leur valeur alphabétique & numérique dans nos Planches de Caracteres ; on y a joint les caracteres samaritains qui leur disputent l’antériorité. Ces deux caracteres ont été la matiere de grandes discussions entre les Samaritains & les Juifs ; le Pentateuque qui s’est transmis jusqu’à nous par ces deux écritures ayant porté chacun de ces peuples à regarder son caractere comme le caractere primitif, & à considérer en même tems son texte comme le texte original.

Ils se sont fort échauffés de part & d’autre à ce sujet, ainsi que leurs partisans, & ils ont plûtôt donné des fables ou des systèmes, que des preuves ; parce que telle est la fatalité des choses qu’on croit toucher à la religion, de ne pouvoir presque jamais être traitées à l’amiable & de sens froid. Les uns ont consideré le caractere hébreu comme une nouveauté que les Juifs ont rapporté de Babylone au retour de leur captivité ; & les autres ont regardé le caractere samaritain comme le caractere barbare des colonies assyriennes qui repeuplerent le royaume des dix tribus dispersées sept cens ans environ avant J. C. Quelques-uns plus raisonnables ont cherché à les mettre d’accord en leur disant que leurs peres avoient eu de tout tems deux caracteres, l’un profane, & l’autre sacré ; que le samaritain avoit été le profane ou le vulgaire, & que celui qu’on nomme hébreu, avoit été le caracteres sacré ou sacerdotal. Ce sentiment favorable à l’antiquité de deux alphabets, qui contiennent le même nombre de lettres, & qui semblent par-là avoir en effet appartenu au même peuple, donne la place d’honneur à celui du texte hébreu ; mais il s’est trouvé des Juifs qui l’ont rejetté, parce qu’ils ne veulent point de concurrens dans leurs antiquités, & qu’il n’y a d’ailleurs aucun monument qui puisse constater le double usage de ces deux caracteres chez les anciens Israëlites. Enfin les savans qui sont entrés dans cette discussion, après avoir long-tems flotté d’opinions en opinions, semblent être décidés aujourd’hui, quelques-uns à regarder encore le caractere hébreu comme ayant été inventé par Esdras ; le plus grand nombre comme un caractere chaldéen, auquel les Juifs se sont habitués dans leur captivité ; & presque tous sont d’accord avec les plus éclairés des rabbins, à donner l’antiquité & la primauté au caractere samaritain.

Cette grande question auroit été plûtôt décidée, si dans les premiers tems où l’on en a fait un problème, les intéressés eussent pris la voie de l’observa-