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va se perdre dans la mer Noire. (D. J.)

Iris, verd d’Iris, (Peinture.) couleur des plus tendres, & qui fait un très-beau verd. Voici comme elle se peut faire.

Prenez des fleurs de lys les plus bleues, qu’on appelle autrement iris ; séparez-en le dessus qui est satiné, & n’en gardez que cela, car le reste n’est pas bon ; ôtez-en même toute la petite nervure jaune ; pilez dans un mortier ce que vous aurez choisi ; ensuite jettez dessus un peu d’eau, trois ou quatre cuillerées plus ou moins, selon la quantité des fleurs ; il faut que vous ayez fait fondre dans cette eau un peu d’alun & de gomme, mais en petite quantité ; ensuite broyez bien le tout ensemble, puis le passez dans un linge fort, & mettez ce jus dans des coquilles que vous ferez sécher à l’air.

IRKEN, (Géogr.) grande ville de Tartarie, capitale de la petite Bucharie, avec un château ; c’est le dépôt de tout le commerce qui se fait entre les Indes & le nord de l’Asie ; les Calmoucks qui en sont les maîtres, quoique Mahométans, se font une affaire de conscience de n’inquiéter personne au sujet de la religion, principe que le bon sens ou l’expérience suggéreront finalement à tous les peuples du monde. Irken est à 32 lieues N. de Cazchgar ; long. suivant le P. Gaubil, 101d. 7′. 30″. lat. 38. 20. (D. J.)

IRKUSK, (Géogr.) province de Sibérie dont la capitale qui porte le même nom est située sur la riviere d’Angara, à peu de distance du lac de Baïkal. Elle fut bâtie en 1661, dans l’endroit où la riviere d’Irkusk se jette dans celle d’Angara ; cette ville a un évêque, un gouvernement de qui relevent ceux de Sclenginsk, de Nertschinsk, d’Ilimsk & de Jakusk, ainsi que les commandans d’Ochotzk & de Kamtschatka, mais qui est soumis lui-même au gouverneur général de Tobolsk. On compte 950 maisons à Irkusk : le commerce de la Chine y attire beaucoup de marchands. Gmelin, Voyage de Sibérie.

IRLANDE, (Géogr.) Hibernia, c’est son nom latin le plus commun ; Aristote, Strabon, & d’autres la nomment Jerna ; Pomponius Méla, Juvenal & Selin, Juverna ; les naturels du pays l’appellent Eryn ; son nom Irlande ou Ireland, vient vraissemblablement d’Erynland, qui signifie en Irlandois, une terre occidentale, un pays situé à l’ouest.

L’Irlande est la plus considérable des îles britanniques, après celle de la grande Bretagne, à laquelle elle est aujourd’hui sujette, & au couchant de laquelle elle est située.

Elle est bornée E. par une mer dangereuse, appellée la mer d’Irlande ou plutôt le Canal de Saint-Georges, qui la sépare de l’Angleterre par une distance de 45 milles, depuis Holy-Head jusqu’à Dublin ; mais elle n’est qu’à 15 milles de l’Ecosse.

Sa figure est oblongue, approchante de celle d’un œuf, en en retranchant l’irrégularité des angles ; sa grandeur est à-peu-près moitié de celle de l’Angleterre ; sa longueur est d’environ 285 milles, sa largeur de 160 milles, & son circuit de 14 cent milles.

Les Bretons ont été, suivant les apparences, les premiers habitans de cette île ; car il étoit aisé de s’y rendre de la Bretagne, comme de la terre la plus voisine ; aussi les anciens écrivains l’appellent une île bretonne ; & Tacite en parlant d’elle dans la vie d’Agricola, nous dit que son terroir, le climat, le naturel & l’ajustement de ses habitans différoient peu de ceux de la Grande-Bretagne : Solum cælumque, & ingenia, cultusque hominum, haud multùm à Britanniâ differunt. Ils vivoient d’ailleurs sous le gouvernement de divers petits princes ; des Danois & des Normands se mêlerent depuis avec les naturels du pays en différentes occasions ; mais on n’y

connoît aujourd’hui de naturels que les habitans des trois îles britanniques.

Leur langue étoit anciennement la bretonne, ou pour mieux dire, une dialecte de cette langue ; les noms des rivieres, des îles, des montagnes, des bourgs, sont encore presque tous bretons, si nous en croyons un savant moderne.

C’est une chose remarquable, qu’avant l’année 800 de Jesus-Christ, on se servît déjà de monnoies d’argent battues dans le pays, comme le prouve assez bien le chevalier Jacques Warœus dans ses Antiquités d’Irlande ; consultez aussi un livre de Keder, imprimé en 1 08 in-4°. sous le titre de Recherches des médailles frappées en Irlande avant le xij. siecle.

L’air y est doux, tempéré, & en même tems fort humide ; on y voit quelques loups dont l’Angleterre & l’Ecosse sont délivrées depuis bien des siecles, des renards, des liévres, des lapins, & toute sorte de gibier ; le poisson, sur-tout le saumon & le hareng, y sont en abondance : on y voit de bons chevaux, & tant d’abeilles qu’elles font leur essains jusque dans des trous sous terre.

Le sol y est très-fertile & abondant en excellens pâturages ; les bêtes à cornes sont la grande richesse du pays ; ses denrées consistent principalement en gros & menu bétail, en cuirs, en suifs, en beure & fromage, en sel, bois, miel, cire, chanvre, toiles, douves & laines ; on y trouve du plomb, de l’étain & du fer, du marbre supérieur à celui de l’Angleterre, quantité de fontaines, de lacs, de rivieres, de montagnes ; son lac Longh-Neaugh est fameux pour ses vertus pétrifiantes ; mais il faut lire sur toute l’histoire naturelle du pays, un bon ouvrage, intitulé : A natural history of Ireland, Dublin 1727. in-4°. Il vaut beaucoup mieux que le livre de Gérard Boate traduit en François, & imprimé à Paris en 1666, in-12.

Les plus considérables bayes d’Irlande, sont la baye de Gallway qui est fort vaste & sûre, la baye de Dingle, & la baye de Dublin ; ses havres sont en grand nombre & fort commodes ; les meilleurs sont celui de Waterford, celui de Cork, celui de Yonghall, & sur-tout celui de Kingsale, depuis le nouveau fort bâti sous la direction du lord Roger, comte d’Orrery, du tems de Charles II. En un mot, peut-être n’y a-t-il aucun pays où l’on trouve de si bons ports à tous égards ; cette île, écrivoit autrefois Tacite, placée entre la Bretagne & l’Espagne, & très à portée de la Gaule, serviroit utilement d’entrepôt & de centre de commerce, à ces trois riches Puissances.

Les plus importantes des rivieres d’Irlande, est le Shannon ; les autres moindres, sont la Piffe, la Boyne, & la Lée ; Spencer les a toutes célébrées dans son poëme intulée la Reine des Fées, où il s’agit du mariage de la Tamise avec le Medway.

Les montagnes les plus remarquables, sont Knock-Patrick dans le comté de Limerick à l’O. celle de Sliew-Bloemy, d’Evagh, de Mourne, de Sliew-Gallen, de Cirtew, & de Gualty.

Tout le pays est divisé en quatre provinces, la Province d’Ulster, ou l’Ultonie, la province de Connaught ou la Connacie, la province de Leinster ou Lagénie, & la province de Munster ou la Mommonie.

Un viceroi qu’on appelle aujourd’hui lord-lieutenant, dont l’autorité est d’une grande étendue, gouverne l’Irlande ; c’est toujours un des premiers seigneurs de la Grande-Bretagne ; il y a pour le civil les mêmes cours de justice qu’en Angleterre, chancellerie, banc du roi, cout des plaidoyers communs, & celle de l’échiquier. Le lord-lieutenant ou son député, convoque le parlement, & le dissout suivant le bon plaisir du Roi.