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d’Itone en Béotie, pourroit bien être une distinction chimérique. (D. J.)

ITURÉE, l’, (Géogr. sacrée.) pays situé au-delà du Jourdain ; Sanson place l’Iturée entre Samarie & l’Arabie.

Elle faisoit partie de la Célé-Syrie au nord-est de la frontiere d’Israel, entre l’héritage de la demi-tribu de Manassès au-delà du Jourdain & le territoire de Damas. Le nom d’Iturée lui venoit d’Itur, un des fils d’Imael, qui dans les versions françoise, angloise & autres, est appellée mal-à propos sétur. L’Iturée est le même pays, qui quelquefois porte le nom d’Auronitis.

Philippe, un des fils d’Hérode, étoit tétrarque ou prince de l’Iturée, quand Jean-Baptiste commença les fonctions de son ministere. Aristobule, fils d’Hircan, ayant succédé à son pere, l’an 106 avant J. C. dans la souveraine sacrificature & dans la principauté temporelle, fit la guerre aux Ituréens ; & après en avoir soumis la plus grande partie, il les obligea d’embrasser le Judaïsme, ou de quitter le pays, comme quelques années auparavant Hircan y avoit obligé les Iduméens. Sa méthode de conversion lui réussit, les Ituréens aimerent mieux rester, & firent ce qu’on exigeoit d’eux ; de cette maniere, ils furent incorporés aux Juifs pour le spirituel & pour le temporel. Voilà toute leur histoire.

S. Luc, chap. iij. v. 1. nous dit que Philippe, frere d’Hérode, étoit tétrarque de l’Iturée & de la Trachonitide, & ce passage prouve que l’évangéliste en fait deux pays différens. Strabon les distingue aussi, quoique les deux peuples habitassent également des montagnes au-delà de Damas, & fussent également des bandits & des misérables ; c’est l’historien des Juifs & l’orateur de Rome qui nous l’assurent.

Josephe, dans ses antiquités jud. liv. XV. ch. 13. caractérise les Trachonites de gens accoutumés au brigandage, n’ayant ni villes ni terres labourées, & demeurant dans des cavernes à la maniere des bêtes. Cicéron, dans sa seconde Philippique, parle des Ituréens, qui s’étoient rendus fameux par leur adresse à tirer une fleche, comme des plus barbares de tous les hommes, & se plaint qu’Antoine eût osé les introduire dans la place romaine, & en investir le sénat.

Auguste aggrandit les états d’Hérode de l’Auranite, c’est-à-dire de l’Iturée, de la Batanée & de la Tragonitide. Ces trois toparchies ou jurisdictions étoient bornées au nord par le mont Liban, & au sud par la Pérée ; Hérode n’en fut pas plûtôt possesseur, qu’il se rendit sur les lieux avec un bon corps de troupes, pénétra dans les cavernes de ces brigands, & en délivra le pays. (D. J.)

ITYPHALLE, s. m. (Hist. anc.) c’étoit une espece de bulle en forme de cœur que l’on pendoit au col des enfans & des vestales, & à laquelle on attribuoit plusieurs propriétés merveilleuses. Pline dit, liv. XXVIII. ch. v. que l’ityphalle étoit un préservatif pour les enfans & pour les empereurs mêmes ; que les vestales le mettoient au nombre des choses sacrées, & le révéroient comme un dieu, qu’on le suspendoit au-dessous des chars de ceux qui triomphoient, & qu’il avoit la vertu de les préserver de la malignité de l’envie. Voyez Bulle.

ITYPHALLIQUE, adj. (Littérat.) sorte de vers en usage dans la poésie greque. On en distingue de deux sortes, l’ityphallique trochaïque & l’ityphallique dactyilique.

L’ityphallique trochaïque étoit un petit vers composé de trois trochées, qu’on entremêloit alternativement de vers un peu plus longs, comme de quatre mesures ou de quatre mesures & demie, comme cette exclamation,

Bācchĕ | Bācchĕ | Bācchĕ


qui forme un exemple d’autant plus naturel qu’on l’employoit souvent dans les pieces de vers ityphalliques, qui furent d’abord consacrées aux mysteres de Bacchus, dans lesquelles on portoit en pompe la représentation des parties naturelles d’un homme, que les Grecs appelloient φαλλος. Mais on s’en servit depuis à célébrer les louanges des hommes, témoins des vers de cette mesure qu’on chanta à Athènes en l’honneur de Démétrius Poliorcete, lorsqu’il y fit son entrée, & dont Casaubon nous a conservé quelques fragmens d’après Athénée.

L’ityphallique dactylique étoit composé de trois dactyles & d’un ïambe, comme dans le premier de ces deux vers de Boëce, lib. III. metr. 1.

Qui serere ingenuum volet agrum,
Liberet arva prius fruticibus
.


Voyez Voss. poetic. institut. lib. III. cap. xvij.

ITYPHALLORES, s. m. pl. (Hist. anc.) nom que portoient les ministres des orgies, qui dans les processions ou courses des bacchantes s’habilloient en faunes, contrefaisant les personnes ivres, & chantant en l’honneur de Bacchus des cantiques assortis à leurs fonctions & à leur équipage.

ITZEBOS, s. m. (Comm.) nom d’une monnoie du Japon, qui vaut le quart d’un kobang.

ITZEHOA, (Géog.) ancienne ville d’Allemagne au duché d’Holstein ; elle appartient au roi de Dannemarck, & tient le troisieme rang entre les villes du Holstein. Elle est sur la riviere du Stoër, à 2 milles N. E. de Gluckstadt, 7 N. O. de Hambourg.

Long. 27. latit. 54.8. (D. J.)
Fin du Tome huitieme.