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corridors voûtés, le toît en terrasse bien carrelé, en sorte qu’on n’y craint point les incendies.

Khan. On donne aussi en Turquie ce nom à de petits forts ou châteaux fortifiés, bâtis sur les grandes routes & à distance des villes, pour servir de refuge aux voyageurs. Le chevalier d’Arvieux, dans ses mémoires, dit qu’il y en avoit deux aux environs d’Alep, dont un est ruiné.

KHANBIL, s. m. (Hist. nat. Medec.) nom donné par Avicenne à une substance que Mathiole & quelques autres auteurs appellent sementina ou semen lubricorum, & que de Jager regarde plûtôt comme une poudre très-fine qui ressemble au mercure précipité rouge ; on s’en sert en Perse & en Arabie pour guérir & dessécher les ulceres & les pustules & galles qui viennent au visage & à la tête des enfans : on prend aussi de cette poudre intérieurement, mais elle a besoin d’un correctif, qui est le mastic, l’anis ou le fenouil. Voyez Ephemerid. nat. curios. decur. II. observ. 1. pag. 5 & suiv.

KHANBLIG ou KHANBALIG, (Géog.) nom de la ville que nos Historiens & nos Géographes ont appellée Cambala, & qu’ils ont placée dans la grande Tartarie, au septentrion de la Chine ; mais suivant les Géographes & les Historiens orientaux, il est constant que c’est une ville de la Chine. Ebn-Saïd, dans Abulféda, lui donne 130d de longitude, & 35d 25′ de latitude septentrionale. Ebn-Saïd ajoûte qu’elle étoit fort célebre de son tems par les relations des marchands qui y alloient trafiquer, & qui en apportoient des marchandises. La premiere conquête de Gengis-Kan, après s’être rendu maître de la grande Tartarie, fut celle de Khanbalig, qu’il prit par ses lieutenans sur l’empereur de la Chine. Khanbalig, Khanblig, Cambala & Pékin, sont autant de noms d’une même ville. Voyez Pékin. (D. J.)

KHATOUAT, s. m. (Commerce.) mesure des longueurs dont se servent les Arabes ; c’est le pas géométrique des Européens. Le khatouat contient trois akdams ou piés. Douze mille khatouats font la parasange. Voyez Parasange, dict. de commerce.

KHAZINE, s. f. (Hist. mod.) trésor du grand-seigneur. Voyez Tresor & Echiquier.

Là on met les registres des recettes, des comptes des provinces, dans des caisses cottées par années, avec les noms des provinces & des lieux. C’est-là aussi que l’on serre une partie des habits du grand-seigneur.

Tous les jours de divan on ouvre ce trésor, ou pour y mettre, ou pour en retirer quelque chose : il faut que les principaux officiers qui en ont la charge assistent à cette ouverture. Le tchaouchbachi leve en leur présence la cire dont le trou de la serrure est scellé ; & l’ayant porté au grand-visir, ce ministre le baise d’abord, & puis le regarde. Il tire ensuite de son sein le sceau du grand-seigneur, qu’il y porte toujours, & il le donne au tchaouch-bachi, qui ayant enfermé & scellé le trésor, rapporte au visir, avec la même cérémonie, le sceau qu’il en avoit reçu.

Il y a d’autres appartemens où l’on enferme l’argent, & dans lesquels les officiers n’entrent jamais avec des habits qui ayent des poches. Dictionnaire de commerce.

KHESELL (le) ou KHESILL, Géog. grande riviere d’Asie dans la Tartarie, au pays des Usbecs ; elle a sa source dans les montagnes qui séparent les états du grand khan des Calmoucks de la grande Boukarie, vers les 43 deg. de latitude & les 96 deg. 30′ de longitude, & se dégorgeoit autrefois dans la mer Caspienne, à 40d 30′ de latit. mais depuis 1719 elle n’a plus de communication

avec la mer Caspienne ; elle porte ses eaux dans le lac d’Arall. (D. J.)

KHOGEND, (Géog.) ou COGENDE, car c’est un même lieu, ville d’Asie dans la Transoxane, située sur le Sihun (le jaxartes des anciens), qui porte aussi le nom de fleuve de Khogend. Elle est à quatre journées de Schasch, & à 7 de Samarkande. Ses jardins portent des fruits exquis. Quelques géographes lui donnent 90. 35. de long. & 41. 25. de lat. septentrionale. (D. J.)

KHORASSAN ou CORASAN (le) Géographie. Parthia, vaste pays d’Asie, proche l’Irac Agémi ; Il est actuellement possédé par les Usbeks ; & a quatre villes principales ou royales, Balkh, Mérou, Nichabourg & Hérat. Il faut ici lire la description que Nassir-Eddin a donné de cette contrée, ainsi que de ses villes, avec leurs longitudes, leurs latitudes, & selon le climat. (D. J.)

KHOSAR ou KHASAR, (Géog.) pays d’Asie dans l’empire Russien ; le pays est situé au septentrion de la mer Caspienne, & voisin de Capcharz, avec lequel il est souvent confondu. La ville principale des peuples qui habitent le pays de Khosar, se nomme Belengiar ; elle est située à 85. 20. de long. & à 46. 30. de latit.

KHOTAN, (Géog.) grand pays d’Asie à l’extrémité du Turquestan, & arrosé de plusieurs rivieres dans le cinquieme climat. Abulféda insinue que c’est la partie septentrionale de la Chine, appellée autrement le Khataï. La capitale de ce vaste pays est aussi nommée Khotan. (D. J.)

Khotan, (Géog.) ville d’Asie, capitale d’un pays très-fertile de même nom, au Turquestan. Cette ville, suivant les tables Persiennes, est de 107 deg. de long. & de 41. de lat. Suivant l’auteur du canoum, sa long. est de 100 deg. 40′, & sa lat. de 43d 30′. (D. J.)

KHOVAGEH-ILGAR, (Géog.) petite ville de la Transoxane ou de la grande Boukarie, dans la contrée délicieuse de Schasch.

Cette petite ville est bien remarquable par la naissance de Tamerland, un des plus grands conquérans de l’univers ; n’ayant point d’états de patrimoine, il subjugua autant de pays qu’Alexandre, & presqu’autant que Genghis.

Il se rendit maître du Khorassan, de la province de Candaar & de toute l’ancienne Perse. Après la prise de Bagdat il passa dans les Indes, les soumit, & se saisit de Dely, qui en étoit la capitale. Vainqueur des Indes, il se jetta sur la Syrie, & s’en empara.

Au milieu du cours de ses conquêtes, appellé par les Chrétiens & par cinq princes mahométans, il descend dans l’Asie mineure, & livre à Bajazet en 1402, entre Césarée & Ancyre, cette grande bataille, ou il sembloit que toutes les forces du monde fussent assemblées. Bajazet vit son fils Mustapha tué en combattant à ses côtés, & tomba lui-même captif entre les mains du vainqueur.

Souverain d’une partie de l’Asie mineure, il repassa l’Euphrate, & vint se reposer à Samarkande, où il reçut l’hommage de plusieurs princes de l’Asie, l’ambassade de plusieurs souverains, & maria tous ses petits fils & ses petites filles le même jour.

Il y méditoit encore la conquête de la Chine dans la vieillesse, où la mort le surprit en 1414, à l’âge de 71, après en avoir regné 36, plus heureux par sa longue vie & par le bonheur de ses petits-fils, qu’Alexandre, mais bien inférieur au macédonien, suivant la remarque judicieuse de M. de Voltaire ; parce qu’il détruisit beaucoup de villes sans en bâtir ; au lieu qu’Alexandre, dans une vie très-courte & au milieu de ses conquêtes rapides, construisit Alexandrie & Scanderon, rétablit cette même Sa-