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petites lb liées de la sorte dénotent livres de poids. Voyez le Dictionnaire de Commerce. (G)

L, (Ecriture.) dans sa forme italienne, c’est la partie droite de l’i doublée avec sa courbe. Dans la coulée, c’est la 6e, 7e, 8e & 1re parties de l’o avec l’i répété ; dans la ronde, c’est la 8e, 1re, 2e parties d’o & l’i répété avec une courbe seulement. Ces l se forment du mouvement mixte des doigts & du poignet. L’l italienne n’a besoin du secours du poignet que dans sa partie inférieure. Voyez nos Planches d’Ecriture.

LA, (Grammaire.) c’est le féminin de l’article le. Voyez Article.

La, est en Musique le nom d’une des notes de la gamme inventée par Guy Aretin. Voyez A mila, & aussi Gamme. (S)

La, terme de Serrurier & de Taillandier ; lorsque le fer est chaud, pour appeller les compagnons a venir frapper, le forgeron dit .

LAA, ou LAAB ou LAHA, (Géog.) en latin Laha par Cuspinien, & Lava par Bonfinius ; petite ville d’Allemagne, dans la basse Autriche, remarquable par la victoire qu’y remporta l’empereur Rodolphe d’Habsbourg en 1278, sur Ottocare roi de Bohéme, qui y fut tué. C’est ce qui a acquis l’Autriche & la Stirie à la maison qui les posséde aujourd’hui. Les Hongrois & le roi Béla furent aussi défaits près de Laab par les Bohémiens en 1260 ; elle est sur la Téya, à 12 lieues N. E. de Vienne. Long. 33. 36. lat. 48. 43. (D. J.)

LAALEM-Gésule, (Géog.) montagne d’Afrique au royaume de Maroc, dans la province de Sus. Le nom de Gésule, est un reste du mot Gétulie, un peu altéré. Cette montagne a au levant la province de son nom, au couchant le mont Henquise, vers le midi les plaines de Sus, & le grand Atlas au nord ; elle contient des mines de cuivre, & est habitée par des Béréberes, de la tribu de Mucamoda. Voyez d’autres détails dans Marmol, liv. III, chap. xxx. (D. J.)

LAAR, (Géog.) ville de Perse, Voyez Lar.

LABADIA, (Géog.) ville d’Italie dans le Polesin de Rovigo, sujette aux Vénitiens, sur l’Adige, à 6 lieues O. de Rovigo, 8 N. O. de Ferrare. Long. 26. 3. lat. 45. 5. (D. J.)

LABADISTES, s. m. pl. (Théolog.) hérétiques disciples de Jean Labadie, fanatique fameux du xvij. siecle, qui après avoir été jésuite, puis carme, enfin ministre protestant à Montauban & en Hollande, fut chef de secte & mourut dans le Holstein en 1674.

L’auteur du supplément de Morery de qui nous empruntons cet article, fait cette énumération des principales erreurs que soutenoient les Labadistes. 1°. Ils croyoient que Dieu pouvoit & vouloit tromper les hommes, & qu’il les trompoit effectivement quelquefois. Ils alléguoient en faveur de cette opinion monstrueuse, divers exemples tirés de l’Ecriture-sainte, qu’ils entendoient mal, comme celui d’Achab de qui il est dit que Dieu lui envoya un esprit de mensonge pour le séduire. 2°. Ils ne regardoient pas l’Ecriture-sainte comme absolument nécessaire pour conduire les ames dans les voies du salut. Selon eux le saint-Esprit agissoit immédiatement sur elles, & leur donnoit des degrés de révélation tels qu’elles étoient en état de se décider & de se conduire par elles-mêmes. Ils permettoient cependant la lecture de l’Ecriture-sainte, mais ils vouloient que quand on la lisoit, on fût moins attentif à la lettre qu’à une prétendue inspiration intérieure du saint-Esprit dont ils se prétendoient favorisés. 3°. Ils convenoient que le baptême est un sceau de l’alliance de Dieu avec les hommes, & ils ne s’opposoient pas qu’on le conferât aux enfans naissant dans l’église ; mais ils

conseilloient de le différer jusqu’à un âge avancé, puisqu’il étoit une marque qu’on étoit mort au monde & ressuscité en Dieu. 4°. Ils prétendoient que la nouvelle alliance n’admettoit que des hommes spirituels, & qu’elle mettoit l’homme dans une liberté si parfaite, qu’il n’avoit plus besoin ni de la loi ni des cérémonies, & que c’étoit un joug dont ceux de leur suite étoient délivrés. 5°. ils avançoient que Dieu n’avoit pas préféré un jour à l’autre, & qu’il étoit indifférent d’observer ou non le jour du repos, & que Jesus-Christ avoit laissé une entiere liberté de travailler ce jour-là comme le reste de la semaine, pourvu que l’on travaillât dévotement. 6°. Ils distinguoient deux églises ; l’une où le christianisme avoit dégénéré, & l’autre composée des régénérés qui avoient renoncé au monde. Ils admettoient aussi le regne de mille ans pendant lequel Jesus-Christ viendroit dominer sur la terre, & convertir véritablement les juifs, les gentils & les mauvais chrétiens. 7°. Ils n’admettoient point de présence réelle de Jesus-Christ dans l’eucharistie : selon eux ce sacrement n’étoit que la commémoration de la mort de Jesus-Christ, on l’y recevoit seulement spirituellement lorsqu’on l’y recevoit comme on le devoit. 8°. La vie contemplative étoit selon eux un état de grace & une union divine pendant cette vie, & le comble de la perfection. Ils avoient sur ce point un jargon de spiritualité que la tradition n’a point enseigné, & que les meilleurs auteurs de la vie spirituelle ont ignoré. Ils ajoutoient qu’on parvenoit à cet état par l’entiere abnégation de soi-même, la mortification des sens & de leurs objets, & par l’exercice de l’oraison mentale, pratiques excellentes & qui conduisent véritablement à la perfection, mais non pas des Labadistes. On assure qu’il y a encore des Labadistes dans le païs de Cleves, mais qu’ils y diminuent tous les jours. Voyez le dict. de Morery. (G)

LABANATH, (Géog. sacr.) lieu de la Palestine dans la tribu d’Azer, suivant le livre de Josué, ch. XXIX, v. 27. Dom Calmet croit que c’est le promontoire blanc, situé entre Ecdippe & Tyrse, selon Pline liv. V. ch. XXI. (D. J.)

LABAPI ou LAVAPIA, (Géog.) riviere de l’Amérique méridionale au Chili, à 15 lieues de celle de Biopio, & séparées l’une de l’autre par une large baie, sur laquelle est le canton d’Aranco. Le Labapi est à 37. 30. de latitude méridionale selon Herréra. (D. J.)

LABARUM, s. m. (Littér.) enseigne, étendart qu’on portoit à la guerre devant les empereurs romains. C’étoit une longue lance, traversée par le haut d’un bâton, duquel pendoit un riche voile de couleur de pourpre, orné de pierreries & d’une frange à-l’entour.

Les Romains avoient pris cet étendart des Daces, des Sarmates, des Pannoniens, & autres peuples barbares qu’ils avoient vaincus. Il y eut une aigle peinte, ou tissue d’or sur le voile, jusqu’au règne de Constantin, qui y fit mettre une croix avec un chiffre, ou monogramme, marquant le nom de Jesus-Christ. Il donna la charge à cinquante hommes de sa garde de porter tour-à-tour le labarum, qu’il venoit de reformer. C’est ce qu’Eusebe nous apprend dans la vie de cet empereur ; il falloit s’en tenir-là.

En effet, comme le remarque M. de Voltaire, puisque le règne de Constantin est une époque glorieuse pour la religion chrétienne, qu’il rendit triomphante, on n’avoit pas besoin d’y joindre des prodiges ; comme l’apparition du labarum dans les nuées, sans qu’on dise seulement en quel pays cet étendart apparut. Il ne falloit pas écrire que les gardes du labarum ne pouvoient être blessés, & que