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phe. Voyez la description de l’Amérique septent. tome I. chap. vj. de M. Denis, qui a été nommé par le roi gouverneur du pays. (D. J.)

LABURNUM, s. m. (Bot. exot.) espece de cytise, arbre de médiocre grandeur, ressemblant à l’anagyris, excepté qu’il n’est point puant, d’un bois dur, dont les feuilles sont trois à trois, sans poil, d’un verd assez foncé en-dessus, velues & d’un verd pâle en-dessous, attachées à un queue menue, ronde, velue, & qui a la fleur légumeneuse, jaune, & pareille à celle du petit genêt, & succédée par des gousses comme celles du pois ; ces gousses contiennent des semences grosses comme celles des lentilles. On les nomme autrement aubours. Tournefort le décrit cytisus alpinus, lati-folius, flore racemoso pendulo. Inst. rei herb. 648. Diction. de Trévoux.

LABYRINTHE, s. m. en Anatomie, signifie la seconde cavité de l’oreille interne, qui est creusée dans l’os pierreux, & qui est ainsi nommée à cause de différens contours que l’on y observe.

Cette cavité est divisée en trois parties : la premiere se nomme le vestibule, parce qu’elle conduit dans les deux autres ; la seconde comprend trois canaux courbés en demi-cercle, & appellés à cause de cela canaux demi-circulaires, qui sont placés d’un côté du vestibule, vers la partie postérieure de la tête ; la troisieme appellée le limaçon, est située de l’autre côté du vestibule. Voyez Limaçon, Vestibule, &c.

Vieussens observe que l’os dans lequel se trouve le labyrinthe, est blanc, dur, & fort compact ; afin que la matiere des sons venant à frapper contre, ne perde point ou peu de son mouvement, mais le communique tout entier aux nerfs de l’oreille. Voyez Ouie, Son, &c.

Labyrinthe, (Architect. antiq.) en latin labyrinthus ; grand édifice dont il est difficile de trouver l’issue.

Les anciens font mention de quatre fameux labyrinthes, qu’il n’est pas possible de passer sous silence.

1°. Le labyrinthe d’Egypte : c’est le premier du monde à tous égards. Il étoit bâti un peu au-dessus du lac Moëris, auprès d’Arsinoé, autrement nommée la ville des crocodiles. Ce labyrinthe, selon Pomponius Méla, qui le décrit brièvement l. I. a. ix. contenoit trois mille appartemens & douze palais, dans une seule enceinte de murailles ; il étoit construit & couvert de marbre ; il n’offroit qu’une seule descente, au bout de laquelle on avoit pratiqué intérieurement une infinité de routes où l’on passoit & repassoit, en faisant mille détours qui jettoient dans l’incertitude, parce qu’on se retrouvoit souvent au même endroit ; de sorte qu’après bien des fatigues, on revenoit au même lieu d’où l’on étoit parti, sans savoir comment se tirer d’embarras. Je m’exprimerai plus noblement, en empruntant le langage de Corneille.

Mille chemins divers avec tant d’artifice,
Coupoient de tous côtés ce fameux édifice,
Que, qui pour en sortir, croyoit les éviter,
Rentroit dans les sentiers qu’il venoit de quitter.

Le nombre des appartemens dont parle Méla, paroît incroyable ; mais Hérodote qui avoit vû de ses yeux ce célebre labyrinthe debout & entier, explique le fait, en remarquant qu’il y avoit la moitié de ces appartemens souterrains, l’autre moitié au-dessus.

Il faut donc lire la description que cet historien a faite de ce pompeux édifice il y a plus de deux mille ans, & y joindre celle de Paul Lucas, qui en a vû les restes au commencement de notre siecle. Ce qu’en rapporte le voyageur moderne, me semble d’autant

plus intéressant, que c’est un commentaire & une explication du récit d’Hérodote.

Non seulement le tems a détruit les trois quarts des restes de ce labyrinthe ; mais les habitans d’Héracléopolis jaloux de ce monument, & ensuite les Arabes, qui ont cru y trouver des trésors immenses, l’ont démoli, & ont renversé quantité d’autres bâtimens des environs qui composoient, selon les apparences, les vastes édifices qu’il falloit parcourir avant que d’entrer dans l’endroit qui subsiste encore de nos jours.

On ne doit pas être surpris de la diversité des relations que les anciens auteurs ont faites de ce labyrinthe, puisqu’il y avoit tant de choses à considérer, tant de chambres à parcourir, tant d’édifices différens par lesquels il falloit passer, que chacun s’attachoit à ce qui lui paroissoit le plus admirable, & négligeoit, ou oublioit dans son recit, ce qui l’avoit le moins frappé.

Une derniere reflexion est que le labyrinthe d’Egypte étoit un temple immense, dans lequel se trouvoient renfermés des chapelles à l’honneur de toutes les divinités de l’Egypte. Les anciens ne parlent que du nombre prodigieux d’idoles qu’on y avoit mises, & dont les figures de différentes grandeurs, s’y voyent de tous côtés. Mais quoique ce labyrinthe fût une espece de Panthéon consacré à tous les dieux d’Egypte, il étoit cependant dédié plus particulierement au soleil, la grande divinité des Egyptiens. Cela n’empêche pas toutefois qu’on n’y ait pu enterrer des crocodiles & autres animaux consacrés à ces mêmes divinités.

L’histoire ne dit point quel a été le prince qui a fait bâtir le labyrinthe, dont nous parlons, ni en quel tems il a été construit. Pomponius Méla en attribue la gloire à Psammétichus : on pourroit penser que c’étoit l’ouvrage du même prince, qui avoit fait creuser le lac Moëris, & lui avoit donné son nom, si Pline ne disoit qu’on en faisoit honneur à plusieurs rois. De plus, Hérodote assure qu’il étoit l’ouvrage des douze rois qui, regnant conjointement, partagerent l’Egypte en autant de parties, & que ces princes avoient laissé de concert ce monument à la postérité.

2°. Le labyrinthe de l’île de Crete parut ensuite sous le regne de Minos. Pline, liv. XXXVI. c. xvij. dit que quoique ce labyrinthe fût de la main de Dédale, sur le modele de celui d’Egypte, il n’en imita pas la centieme partie, & que cependant il contenoit tant de tours & de détours, qu’il n’étoit pas possible de s’en démêler ; il n’en restoit aucun vestige du tems de cet historien. Il avoit été bâti auprès de Gnose, selon Pausanias, & l’on présume qu’il étoit découvert par l’étrange maniere dont la fable a supposé que Dédale & son fils Icare s’en tirerent, au lieu que celui d’Egypte étoit couvert & obscur.

Ovide, sans avoir jamais vu le labyrinthe de Crete, l’a décrit aussi ingénieusement dans ses métamorphoses, liv. VIII. v. 157. que s’il l’eût bâti lui-même. Voyez la jolie comparaison qu’il en fait avec le cours du Méandre.

C’est ce même labyrinthe que designe Virgile, quand il dit qu’on y trouvoit mille sentiers obscurs & mille routes ambiguës, qui égaroient sans espérance de retour ; mais sa peinture est unique pour la beauté des termes imitatifs.

Parjetibus textum cacis iter, ancipitemque
Mille viis habuisse dolum, quâ signa sequendi
Falleret indeprensus, & irremeabilis error.

Ænéid. liv. V. v. 589.

Qu’on me rende en françois l’indeprensus, & l’irremeabilis error du poëte latin !

Au reste, il est vraissemblable que ce labyrinthe