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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/235

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lamproies qui y est très-considérable. Cette pêche commence ordinairement à la fin de Novembre, & finit vers la pentecôte ; ce poisson venant de la mer, entre fort gras dans la riviere, où il diminue de qualité à mesure qu’il y séjourne ; ensorte qu’à la fin de la saison, il est très-méprisable, au contraire des aloses qui entrent maigres dans la riviere où elles s’engraissent.

Les tramaux à lampresses ont vingt-huit brasses de longueur sur six piés de haut ; ils servent aussi à faire la pêche des laiteaux ou petits couverts, feintes ou pucelles que les pêcheurs de Seine nomment cahuyaux, & qu’ils prennent avec les tramaux appellés cahuyautiers ou vergues aux petites pucelles.

Les mailles des lampresses des pêcheurs de quelques côtés de la Bretagne, sont très-larges, la toile nappe ou menue est de deux sortes de grandeur ; les mailles les plus larges ont dix-huit lignes, & les plus serrées dix-sept lignes en quarré ; les gardes, homails ou hameaux qui sont des deux côtés, ne différent guere de celles des couverées, étant de dix pouces trois lignes en quarré.

LAMPRILLON ou LAMPROION, s. m. (Hist. nat. Icthyolog.) petite lamproie qui ressemble à la lamproie de mer, mais qui se trouve dans des rivieres & dans des ruisseaux, où il ne paroît pas qu’elles puissent être venues de la mer ; il y en a qui ne sont pas plus grandes que le doigt, d’autres ont la grandeur des gros vers de terre. Rondelet, hist. des poissons de riviere, ch. xxj.

LAMPROIE, s. f. (Hist. nat. Icthyolg.) lampetra, asterius, hirundo, murena, vermis, marinus. Poisson cartilagineux, long & glissant qui se trouve dans la mer & dans les rivieres ; car il y entre au commencement du printems pour y jetter ses œufs, & ensuite il retourne dans la mer. Il a beaucoup de rapport à l’anguille & à la murene par la figure du corps, mais il en differe par celle de la tête. La bouche forme, comme celle des sangsues, une concavité ronde, où il n’a point de langue, mais seulement des dents jaunes ; le corps est plus rond que celui de la murene. La lamproie a la queue menue & un peu large, le ventre blanc, le dos parsemé de taches bleues & blanches, la peau lisse, ferme & dure, les yeux ronds & profonds ; les ouies sont ouvertes en dehors de chaque côté par sept trous ronds. On voit entre les yeux l’orifice d’un conduit qui communique jusqu’au palais ; le poisson tire de l’air & rejette l’eau par ce conduit, comme ceux qui ont des poumons. Il nage comme les anguilles en fléchissant son corps en différens sens ; il n’a que deux petites nageoires, l’une près de l’extrémité de la queue, & l’autre un peu plus haut. Rondelet, hist. des poissons, liv. XIV. Voyez Poisson.

LAMPROPHORE, s. m. & f. (Hist ecclés.) nom qu’on donnoit aux néophites pendant les sept jours qui suivoient leur baptême ; l’origine de ce nom vient de ce que dans les anciens tems de l’Eglise, lors de la cérémonie du baptême, on revêtissoit les nouveaux chrétiens d’un habit blanc, qu’ils portoient une semaine entiere ; & pendant qu’ils le portoient, on les appelloit Lamprophores, à cause de l’éclat de la blancheur de leurs habits, de λαμπρὸς, éclatant, & φέρω, je porte. Les Grecs donnoient aussi ce nom au jour de la résurrection, tant parce que le jour de Pâques est un symbole de lumiere aux chrétiens, que parce que le même jour les maisons étoient éclairées d’un grand nombre de cierges. (D. J.)

LAMPSANE, s. f. lampsana, (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur, composée de demi-fleurons portés sur un embryon, & soutenus par un calice d’une seule piece découpée : ce calice devient dans la suite une capsule cannelée, remplie de semences

qui sont pour l’ordinaire déliées & pointues. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Tournefort ne connoît qu’une espece de lampsane, dont voici la description ; sa racine est blanche, simple, ligneuse & fibreuse : sa tige est haute de deux coudées & plus, cylindrique, cannelée, garnie de quelques poils, rougeâtre, creuse, branchue. Les feuilles qui sont vers la racine & la partie inférieure de la tige, ont une ou deux découpures de chaque côté, & une troisieme à leur extrémité, comme dans le laitron des murailles ou l’herbe de sainte Barbe. Les feuilles sont très-molles, velues, & placées alternativement ; celles des tiges & des rameaux, sont oblongues, étroites, pointues, sans queue, & entieres ; la partie supérieure des tiges & & des rameaux, est lisse, & terminée par de petites fleurs jaunes, composées de plusieurs demi-fleurons, portées sur un embryon, & renfermées dans un calice d’une seule piece, découpé en plusieurs parties. Ce calice se change ensuite en une capsule cannelée, remplie de menues graines, noirâtres, un peu courbées, pointues, sans aigrettes, quoique J. Bauhin dise le contraire.

Cette plante est commune dans les jardins, les vergers, le long des champs & sur le bord des chemins. Il paroît qu’elle contient un sel alumineux, dégénéré en sel tartareux amer, mais engagé dans un suc laiteux & gluant ; aussi répand-elle un lait amer, quand on la blesse ; elle passe pour émolliente & détersive, on ne l’emploie qu’à l’extérieur pour déterger les ulceres. Il est bien difficile de déterminer ce que c’est que la lampsane de Dioscoride. (D. J.)

LAMPSAQUE, (Géog. anc. & mod.) en latin Lampsacus ; ville ancienne de l’Asie mineure, dans la Mysie, presque au bord de la mer, à l’entrée de la Propontide : elle avoit un temple dédié à Cybele, & un port vanté par Strabon, vis-à-vis de Callipolis, ville d’Europe dans la Chersonèse de Thrace. Elle s’étoit accrue des ruines de la ville voisine de Paesus, dont les habitans passerent à Lampsaque. Quelques-uns disent qu’elle fût bâtie par les Phocéens, & d’autres par les Milésiens en la xxxj. olympiade.

On sait comme la présence d’esprit d’Anaximène sauva Lampsaque de la fureur d’Alexandre. Ce prince honteusement insulté par cette ville, marchoit dans la résolution de la détruire. Anaximène fut prié par ses concitoyens, d’aller intercéder pour leur patrie commune ; mais d’aussi loin qu’Alexandre l’apperçut : « Je jure, s’écria-t-il, de ne point accorder ce que vous venez me demander..... » Eh bien, dit Anaximène, je vous demande de détruire Lampsaque. Ce seul mot fut comme une digue qui arrêta le torrent prêt à tout ravager ; le jeune prince crut que le serment qui lui étoit échappé, & dans lequel il avoit prétendu renfermer une exception positive de ce qu’on lui demanderoit, le lioit d’une maniere irrévocable, & Lampsaque fut ainsi conservée.

Ses vignobles étoient excellens, c’est pourquoi, au rapport de Cornelius Népos & de Diodore de Sicile, ils furent assignés à Thémistocle par Artaxerxe pour sa table.

On adoroit à Lampsaque plus particulierement qu’ailleurs Priape le dieu des jardins, si nous en croyons ce vers d’Ovide, Trist. l. I. elég. 9. v. 770.

Et te ruricola, Lampsace, tuta deo.

On voyoit aussi dans cette ville un beau temple que les habitans avoient pris soin de dédier à Cybele.

Lampsacus, dit Whéler dans ses voyages, à présent appellée Lampsaco, a perdu l’avantage qu’elle avoit du tems de Strabon sur Gallipoli ; ce n’est