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au-dessus de l’œil. Les parties inférieures du corps sont blanches avec des taches noires, qui suivent les bords de chaque plume. Les grandes plumes de l’aîle sont noires ; la face inférieure de l’aîle étendue paroit parsemée de taches blanches & rondes. Les piés ont moins de longueur, à proportion que ceux des faucons, des éperviers, du gerfaut, &c. Le mâle est plus petit que la femelle ; on lui donne le nom de laneret. Cet oiseau niche sur les grands arbres des forêts, & sur les rochers élevés. On l’apprivoise & on le dresse aisément ; il prend non-seulement les cailles, les perdrix, les faisans, &c. mais aussi les canards, & même les grives. Il reste en France pendant toute l’année. Voyez Willugh. Ornith. & l’Ornithologie de M. Brisson, où sont les descriptions de deux autres especes de lanier, savoir le lanier blanc & le lanier cendré. Voyez Oiseau.

LANIERE, s. f. (Gramm. & art méchan.) bande de cuir mince & longue, qu’on emploie à différens usages.

LANIFERE, adj. masc. & fem. lanigerus, (Bot.) épithete que l’on donne aux arbres qui portent une substance laineuse, telle que celle que l’on trouve ordinairement dans les chatons du saule ; on nomme coton, le duvet qui couvre certains fruits, comme la pêche ou le coing ; on dit aussi en parlant des feuilles, qu’elles sont cotonneuses, ou velues. L’étude de la Botanique a enrichi notre langue de tous ces divers mots. (D. J.)

LANION, (Géogr.) petite ville de France, en basse Bretagne, vers la côte de la Manche, au diocèse de Treguier, à trois lieues de cette ville, en allant à Morlaix. Long. 14. 20. lat. 48. 42. (D. J.)

LANISTE, s. m. lanista, (Hist. rom.) on appelloit lanistes à Rome, les maîtres qui formoient les gladiateurs, & qui les fournissoient par paires au public. C’étoit eux qui les exerçoient, qui les nourrissoient, qui les encourageoient, & qui les faisoient jurer de combattre jusqu’à la mort ; de-là vient que Pétrone nomme plaisamment les gladiateurs, lanistua familia ; mais nous avons parlé suffisamment des lanistes au mot Gladiateur, p. 695 du Tome VII. (D. J.)

LANKAN, (Géogr.) grande riviere d’Asie, qui a sa source dans la Tartarie, au royaume de Lassa ou de Boutan, & qui après un long cours, se perd dans le golfe de la Cochinchine, vis-à-vis l’île de Hainau. Le P. Gaubil détermine le lac que fait cette riviere, à 29d 50′ de latitude. (D. J.)

LANNOY, Alnetum, (Géograph.) petite ville de France, avec titre de comté, dans la Flandre Wallonne, à deux lieues de Lille & trois de Tournay. Elle fut cédée à la France en 1667. Long. 20. 55. lat. 50. 40.

Rapheling (François) naquit dans la petite ville de Lannoy, & lui fit honneur, non par sa fortune, ou la noblesse de son extraction, présens du hasard, mais par sa conduite & son savoir. De correcteur de l’imprimerie des Plantins, il devint professeur en langues orientales, dans l’université de Leyde. Le dictionnaire chaldaïque, le dictionnaire arabe, le dictionnaire persique, & autres ouvrages de ce genre qu’il avoit faits auparavant, lui valurent cette charge honorable ; mais le chagrin de la perte de sa femme abrégea ses jours, qui finirent en 1597, à l’âge de cinquante-huit ans. (D. J.)

LANO-NIGER, (Monnoie.) c’étoit une espece de petite monnoie qui étoit en vogue du tems d’Edouard I.

LANSPESSADE, (Art milit.) Voyez Anspessade.

* LANSQUENET, (Jeu de hasard.) voici en général comme il se joue. On y donne à chacun une carte, sur laquelle on met ce qu’on veut ; celui qui

a la main se donne la sienne. Il tire ensuite les cartes ; s’il amene la sienne, il perd ; s’il amene celles des autres, il gagne. Mais pour concevoir les avantages & desavantages de ce jeu, il faut expliquer quelques regles particulieres que voici.

On nomme coupeurs, ceux qui prennent cartes dans le tour, avant que celui qui a la main se donne la sienne.

On nomme carabineurs, ceux qui prennent cartes, après que la carte de celui qui a la main est tirée.

On appelle la réjouissance, la carte qui vient immédiatement après la carte de celui qui a la main. Tout le monde y peut mettre, avant que la carte de celui qui a la main soit tirée ; mais il ne tient que ce qu’il veut, pourvu qu’il s’en explique avant que de tirer sa carte. S’il la tire sans rien dire, il est censé tenir tout.

Le fonds du jeu réglé, celui qui a la main donne des cartes aux coupeurs, à commencer par sa droite, & ces cartes se nomment cartes droites, pour les distinguer des cartes de reprise & de réjouissance. Il se donne une carte, puis il tire la réjouissance. Cela fait, il continue de tirer toutes les cartes de suite ; il gagne ce qui est sur la carte d’un coupeur, lorsqu’il amene la carte de ce coupeur, & il perd tout ce qui est au jeu lorsqu’il amene la sienne.

S’il amene toutes les cartes droites des coupeurs avant que d’amener la sienne, il recommence & continue d’avoir la main, soit qu’il ait gagné ou perdu la réjouissance.

Lorsque celui qui a la main donne une carte double à un coupeur, c’est-à-dire une carte de même espece qu’une autre carte qu’il a déja donnée à un autre coupeur qui est plus à la droite, il gagne le fonds du jeu sur la carte perdante, & il est obligé de tenir le double sur la carte double.

Lorsqu’il donne une carte triple à un coupeur, il gagne ce qui est sur la carte perdante, & il est tenu de mettre quatre fois le fonds du jeu sur la carte triple.

Lorsqu’il donne une carte quadruple à un coupeur, il reprend ce qu’il a mis sur les cartes simples ou doubles, s’il y en a ; il perd ce qui est sur la carte triple de même espece que la quadruple qu’il amene, & il quitte la main sur le champ, sans donner d’autres cartes.

S’il se donne à lui-même une carte quadruple, il prend tout ce qu’il y a sur les cartes des coupeurs, & sans donner d’autres cartes, il recommence la main.

Lorsque la carte de réjouissance est quadruple, elle ne va point.

C’est encore une loi du jeu, qu’un coupeur dont la carte est prise, paye le fonds du jeu à chaque coupeur qui a une carte devant lui, ce qui s’appelle arroser ; mais avec cette distinction que quand c’est une carte droite, celui qui perd paye aux autres cartes droites le fonds du jeu, sans avoir égard à ce que la sienne, ou la carte droite des autres coupeurs soit simple, double ou triple ; au lieu que si c’est une carte de reprise, on ne paye & on ne reçoit que selon les regles du parti. Or à ce jeu, les partis sont de mettre trois contre deux, lorsqu’on a carte double contre carte simple ; deux contre un, lorsqu’on a carte triple contre carte double ; & trois contre un, lorsqu’on a carte triple contre carte simple.

Ces regles bien conçues, on voit que l’avantage de celui qui a la main, en renferme un autre, qui est de conserver les cartes autant de fois qu’il aura amené toutes les cartes droites des coupeurs avant que d’amener la sienne ; or comme cela peut arriver plusieurs fois de suite, quelque nombre de coupeurs qu’il y ait, il faut, en apprétiant l’avantage de celui