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latine, les évêques, les abbés, les curés dans quelques dioceses, les princes même lavent ce jour-là les piés à douze pauvres qu’ils servent à table, ou auxquels ils sont des aumônes. On fait aussi le même jour la cérémonie du lavement des autels, en répandant de l’eau & du vin sur la pierre consacrée, & en récitant quelques prieres & oraisons. Calmet, Diction. de la Bibl. tome II. pages 607 & 508.

Lavement des mains, voyez Main.

Lavement, Pharmacie, voyez Clystere.

LAVENBOURG, (Géog.) petite ville d’Allemagne dans la Poméranie ultérieure, & dans les états du roi de Prusse, électeur de Brandebourg. Long. 35. 28. lat. 54. 45. (D. J.)

LAVENZA, (Géog.) ville d’Italie, sur une riviere de même nom, qui s’y jette dans la mer.

LAVER, v. act. (Gram.) ce verbe désigne l’action de nettoyer avec un fluide ; mais il a d’autres acceptions, dont nous allons donner quelques-unes.

Laver, en terme de Boyaudier, c’est démêler les boyaux sortant de la boucherie les uns d’avec les autres : quand on sait la maniere dont les bouchers arrachent ces boyaux du ventre de l’animal, cette opération n’a rien de difficile.

Laver, (Draperie.) voyez l’article Manufacture en Laine.

Laver, en terme d’Epinglier, c’est ôter dans une seconde eau le reste de la gravelle qui s’étoit attachée aux épingles dans le blanchissage. Le baquet est suspendu à deux crochets, & l’ouvrier le remue comme on feroit un crible à froment. Voyez les Planches de l’Epinglier.

Laver les Formes dans l’Imprimerie : on est obligé de laver les formes ; pour cet effet, on les porte au baquet, on verse dessus une quantité de lessive capable de les y cacher, on les y brosse dans toute leur étendue ; après quoi, on les rince à l’eau nette : cette fonction essentielle se doit faire avant de mettre les formes sous la presse, quand le tirage en est fini & tous les soirs en quittant l’ouvrage. Voyez Lessive, Baquet.

Laver au Plat, (à la Monnoie.) c’est séparer par plusieurs lotions les parties les plus fortes de métal qui se trouve au fond des plateaux, que l’on apperçoit facilement à l’œil, & qui peuvent se retirer à la main sans y employer d’autre industrie.

Laver, (Peinture.) c’est passer avec un pinceau de l’encre de la Chine délayée dans de l’eau, ou une autre couleur délayée dans de l’eau gommée, sur des objets dessinés au crayon, ou à la plume sur du papier ou sur du vélin. Lorsqu’on lave à l’encre de la Chine, ou avec une couleur seulement, la blancheur du papier ou vélin fait les lumieres ou rehauts, & les ombres perdent insensiblement de leur force en approchant des lumieres suivant qu’on met plus ou moins d’eau dans l’encre, ou couleur qu’on y emploie. Et lorsqu’on lave sur du papier coloré, l’on rehausse avec du blanc pareillement délayé dans de l’eau gommée. L’on lave quelquefois aussi les desseins ou plans, de coloris, c’est-à-dire, en donnant à chaque objet la couleur qui lui convient, autant que cette façon de peindre peut se comporter, & alors on peut se servir généralement de toutes les couleurs dont usent les Peintres, en observant néanmoins qu’elles doivent être délayées dans de l’eau gommée, presque aussi liquides que l’eau même. Les fossés remplis d’eau se lavent d’un bleu clair, les briques & les toiles d’une couleur rougeâtre, les murailles d’un gris un peu jaune, les chemins d’un gris roussâtre, les arbres & les gazons de verd, &c.

L’on dit laver à l’encre de la Chine, desseins, plans, laver de brun, de rouge, de bistre, &c.

Laver, en terme de Plumassier, c’est rinser les

plumes dans de l’eau nette après les avoir savonnées.

LAVERNE, (Mythol. & Littérat.) en latin Laverna, déesse des voleurs & des fourbes chez les Romains.

Les voleurs se voyant persécutés sur la terre, songerent à s’appuyer de quelque divinité dans le ciel : la haine que l’on a pour les larrons, sembloit devoir s’étendre sur une déesse qui passoit pour les protéger ; mais comme elle favorisoit aussi tous ceux qui desiroient que leurs desseins ne fussent pas découverts, cette raison porta les Romains à honorer Laverne d’un culte public. On lui adressoit des prieres en secret & à voix basse, & c’étoit-là sans doute la partie principale de son culte.

Elle avoit, dit Varron, un autel proche une des portes de Rome, qui se nomma pour cela la porte lavernale, porta lavernalis ab ara Lavernæ, quod ibi ara ejus deæ.

On lui donne encore un bois touffu sur la voie salarienne ; les voleurs, ses fideles sujets, partageoient leur butin dans ce bois, dont l’obscurité & la situation pouvoient favoriser leur évasion de toutes parts. Le commentateur Acron ajoute qu’ils venoient y rendre leurs hommages à une statue de la déesse, mais il ne nous dit rien de la figure sous laquelle elle étoit représentée ; l’épithete pulchra, employée par Horace, epist. xvj. l. I. semble nous inviter à croire qu’on la représentoit avec un beau visage.

Enfin une ancienne inscription de l’an de Rome 585, recueillie par Dodwell dans ses Prælect. acad. page 665, nous fournit la connoissance d’un monument public, qui fut alors érigé en l’honneur de Laverne proche du temple de la terre, & nous apprend la raison pour laquelle on lui dressa ce monument. Voici la copie de cette inscription singuliere : I V. K. Aprileis Fasciis penès Licinium..... C. Titinius Æd. Fl. Mulcavit Lanios Quòd Carnem Vendidissent Populo Non Inspectam. De Pecunià Mulcatitia, Cella Extructa Ad Telluris Lavernæ, c’est-à-dire, Cella Extructa Lavernæ, Ad Ædem Telluris.

Cicéron écrivant à Atticus, parle d’un Lavernium, qui étoit apparemment un lieu consacré à Laverne ; mais on ne sait si c’étoit un champ, un bois, un autel ou un temple ; je dis un temple, car si cette déesse avoit des adorateurs qui en attendoient des graces, on la regardoit aussi comme une de ces divinités nuisibles, qu’il falloit invoquer pour être garanti du mal qu’elle pouvoit faire. Cependant c’est seulement comme protectrice des voleurs de toute espece, qu’un de nos savans, M. de Foncemagne, l’a envisagé dans une dissertation particuliere qu’on trouvera dans les mémoires de l’académie des Belles-lettres, tome VII.

Laverna, nom latin de la déesse Laverne, a reçu bien des étymologies, entre lesquelles on donne ce mot pour venir de laberna, qui est le serramentum latronum, selon les gloses ; & laberna peut dériver de λάφορα, dépouilles, butin, ou de λασείν, prendre.

Quoi qu’il en soit, les voleurs furent appellés lavermones, parce qu’ils étoient sub tutela deæ Lavernæ, dit Festus. (D. J.)

LAVERNIUM, (Géog. anc.) lieu d’Italie dont il est parlé dans une des lettres de Cicéron à Atticus, liv. I. & dans les saturnales de Macrobe, l. III. Il prenoit ce nom d’un temple de la déesse Laverne, comme ceux de Diane & de Minerve avoient donné lieu aux noms Dianium & Minervium. (D. J.)

LAVETTE, s. f. (Gram. Cuisine.) guenille dont le marmiton se sert dans la cuisine pour nettoyer les ustensiles.

LAUFFEN, Laviacum, (Géog.) petite ville de