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L’axe de cette roue porte vers son milieu une roue plane, dentée à sa circonférence d’un nombre quelconque, laquelle engrene par sa partie inférieure dans une lanterne aussi d’un nombre quelconque, ménagée sur un cylindre parallele à l’axe de la premiere roue : ce cylindre est destiné à faire lever un nombre de marteaux quelconques, au moyen d’un nombre de chevilles, égal au nombre des marteaux, placées de distance en distance sur la circonférence du cylindre & en ligne spirale, de maniere que la révolution du cylindre étant faite, chaque marteau ait frappé un coup, sans néanmoins que le cylindre soit dans aucun des points de l’espace qu’il parcourt chargé de plus d’un marteau à la fois ; d’où l’on voit que les coups se succedent, & que lorsque le premier quitte par sa chûte le levier qui agissoit sur lui, le second commence à être élevé par le levier qui lui répond, & ainsi de suite. Ces marteaux sont rangés sur une même ligne, & sont suspendus dans un clavier aux deux tiers de la longueur de leurs manches, d’où il résulte les bascules dont on vient d’expliquer l’effet ; chacun de ces marteaux frappe dans un pilon, & ont un poids commun quelconque. Nous en avons expliqué l’usage dans le mémoire précédent, mais, avant d’abandonner le cylindre & son action sur les marteaux, nous dirons un mot sur chacun des deux effets qu’il produit encore : à l’extrémité d’un de ses essieux, on a pratiqué un excentrique ou manivelle d’un rayon quelconque, laquelle à chaque révolution fait monter & descendre une piece qui est suspendue par un trou libre dans le manche de la manivelle, laquelle piece répond par son extrémité inférieure à un bras du levier réservé sur un second cylindre, que l’on peut appeller cylindre de renvoi, lequel ne fait qu’une portion de révolution, c’est-à-dire qu’il ne décrit qu’un arc d’environ 45 degrés alternatifs, mais ce mouvement est suffisant pour faire mouvoir par le moyen d’un second bras du levier une pompe foulante & aspirante qui communique dans la riviere, & dont le produit est destiné à entretenir plein d’eau un réservoir exhaussé au-dessus des moulins particuliers à mercure pour le besoin de l’opération générale. Nous en parlerons plus en détail ci-après.

Ce même cylindre de renvoi fait aussi agir un soufflet qui répond au fourneau destiné à fondre le métal produit de chaque lavure, & celle-ci est la derniere de toutes les opérations d’une lavure.

Nous avons vu par ce qui précede, l’effet de la batterie des marteaux, celui de la pompe, & celui du soufflet : nous allons donc présentement expliquer le mechanisme des moulins à broyer & des moulins à mercure.

Dans le modele en petit, il y a 30 moulins à mercure, & 6 à broyer ; le plan de ces 36 moulins est un polygone exagone, dont chaque côté contient 5 moulins à mercure ; & vis-à-vis du milieu de chacun de ces côtés dans le dedans du polygone, il se trouve un moulin à broyer, ce qui fait 36 moulins ; ce nombre n’est pas essentiel, il peut être augmenté ou diminué, suivant l’exigence des cas particuliers ; une seule roue fait tourner ces 36 moulins.

Nous avons observé en premier lieu que l’arbre de la roue à l’eau portoit, vers son milieu, une roue plane, servant à faire tourner le cylindre intérieur & parallele à son axe : cette roue est donc verticale, mais sur son plan est pratiqué une seconde roue à champs, ou simplement des chevilles à distance égales, lesquelles sont arrondies en forme de dent, pour faciliter un engrenement dans une lanterne réservée sur un arbre qui est placé au centre du polygone. Cet arbre vertical fait tourner tous les moulins, tant à broyer qu’à mercure, fussent-ils un nombre infini,

si la force étoit elle-même infinie ; le moyen que l’auteur a employé a paru ingénieux, simple, solide & même nouveau aux artistes les plus expérimentes dans les méchaniques : voici en quoi il consiste.

Au sommet supérieur de l’arbre du centre, ou plutôt sur son essieu, est appliqué une manivelle d’un rayon quelconque : les arbres particuliers ces moulins a broyer & a mercure, lesquels sont paralleles à l’arbre du centre, sont exhaussés à la même hauteur, & ont une platine ou un plancher commun, dans lequel ils sont fixés, par un trou qui leur laisse la liberté de tourner librement ; ces 36 arbres particuliers portent aussi chacun une manivelle de même rayon que celle qui est appliquée sur l’essieu de l’arbre du centre : il s’agit présentement d’expliquer comment par le moyen de ces 36 manivelles, celle du centre, qui fait la 37, ayant essentiellement un même rayon, communique le mouvement circulaire à toutes les autres ; une seule piece produit cet effet. Cette piece, qui est en cuivre jaune ou en laiton, dans le modele en petit dont nous avons parlé, est elle-même un exagone, que j’appellerai, le chassis de la machine, parce qu’il est à jour, ayant un contre & une circonférence pleine, réunis par 6 rayons ; exactement au centre de ce chassis est un trou, dans lequel entre juste & libre le manche de la manivelle, portée par l’essieu de l’arbre du centre.

Sur la circonférence du chassis, sont autant de trous qu’il y a de moulins à mercure, c’est-à-dire 30 ; mais comme ces 30 moulins ne sont pas dans un cercle, qu’au contraire ils sont 5 à 5 sur des lignes droites, répétées 6 fois, ce qui forme l’exagone ; il s’en fait que les 30 trous, destinés à recevoir les 30 manches ces manivelles des 30 moulins à mercure, ne sont pas également éloignés du centre du poligone : ils s’en éloignent, comme les angles du polygone s’en éloignent eux-mêmes ; mais le moyen infaillible de placer convenablement tous les trous du chassis, c’est de séparer la platine qui reçoit & fixe les arbres, ce qui est facile ; car on conçoit que cette platine doit être soutenue par un certain nombre de colonnes, par exemple, six aux six angles de l’exagone, à peu près comme la platine supérieure d’une montre est soutenue par ses quatre piliers. Cette platine étant ainsi séparée, & supposant tous ses trous posés, de maniere que chaque arbre soit bien perpendiculaire dans leur cage commune, il n’y a alors qu’à appliquer le chassis sur cette platine avant qu’il y ait aucun trou de percé, & marquer sur ce chassis, au travers des trous de la platine, autant de points qu’il y a de trous dans la platine, ou de moulins à faire tourner ; mais pour le faire avec succès, il faut prendre la précaution de marquer ces trous avec un instrument qui remplisse ceux de la platine sans jeu, & sans leur causer de dommage. Tous les trous étant marqués, c’est-à-dire, dans cet exemple-ci, celui du centre, les six qui répondent aux six moulins à broyer, & qui peuvent être considérés comme étant un cercle inscrit dans le polygone, & les 30 qui répondent aux 30 moulins à mercure ; on les percera pour y faire entrer les manches des 37 manivelles, avec la précaution de laisser le manche de celle du centre un peu plus fort, puisqu’il éprouve seul 37 fois plus de résistance que chacun des autres en particulier, communiquant le mouvement à tout. En cet état, si l’on remet la platine en place, & qu’on rapporte sur chaque essieu la manivelle qui doit y être ajustée en quarré ; qu’ensuite on applique le chassis de maniere que ces 37 trous soient remplis par les 37 manches des 37 manivelles ; il est certain qu’en faisant faire à l’arbre du centre une révolution : cette révolution en fera faire une à chaque moulin, tant à broyer qu’à mercure, & cela dans