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arrondi, on tourne le bassin du diametre de la lentille qu’on veut y travailler, Voyez Bassin ; ensuite ayant choisi & taillé un petit morceau de glace blanche & bien nette, on le mastique du côté d’une de ses surfaces plates au bout d’un petit mandrin, avec de la cire d’Espagne noire, la rouge ne faisant pas si bien voir les défauts qui sont au verre que l’on travaille, & l’on use cette glace du côté qui n’est point mastiqué, en la tournant sur une meule avec de l’eau jusqu’à ce qu’elle ait une figure presque convexe : on l’acheve au tour dans le bassin qui y est monté avec du grais fin & mouillé. Il faut prendre souvent de ce grais, jusqu’à ce qu’on s’apperçoive que la lentille est bien ronde : lorsqu’elle est parvenue à ce point, on cesse d’en prendre, mais on continue de la tourner dans le bassin jusqu’à ce que le reste du sable qui y est resté soit devenu si fin qu’il l’ait presque polie. On s’apperçoit de cela lorsqu’après l’avoir essuyée, l’image de la fenêtre du lieu où l’on travaille se peint sur sa superficie ; si elle ne l’est pas, on la trempe dans l’eau sans prendre du sable, & on la tourne jusqu’à ce qu’elle soit assez polie. Il faut alors couvrir le bassin d’un linge plié en deux ou trois doubles, & avec de la potée d’étain ou du tripoli de Venise délayé dans l’eau, on acheve de la polir entierement : on connoît qu’elle est polie en regardant avec la loupe si les petites cavités que le sable a faites en l’usant sont effacées ; il faut alors la démastiquer & la mastiquer du côté qui est travaillé pour travailler l’autre de même que le premier, jusqu’à ce que les bords de la lentille soient tranchans & qu’elle soit parfaitement polie. Lorsqu’elle est entierement achevée, on se sert d’esprit-de-vin pour la laver & emporter ce qui peut y être resté de cire.

On pourroit ajouter une troisieme sorte de lentille, qui consiste en une goutte d’eau posée sur un petit trou fait à une piece de laiton que l’on applique au microscope ; cette goutte réunie en globe par la pression de l’air, fait le même effet qu’une lentille soufflée : ce sont les marchands de lunettes qui font & vendent ces lentilles. Voyez Lunettier.

M. Guinée a donné dans les Mémoires de l’académie des Sciences de 1704, une formule générale pour trouver le foyer d’une lentille, en supposant que la réfraction des rayons de l’air dans le verre soit comme 3 à 2. Voyez Réfraction.

Il suppose l’objet placé à une distance quelconque y dans l’axe de la lentille. Il suppose ensuite un autre rayon qui partant du même objet tombe infiniment près de celui-là ; & il trouve facilement le point où ce rayon rompu par la réfraction de la premiere surface de la lentille, iroit rencontrer l’axe. Ensuite il regarde ce rayon rompu comme un rayon incident sur la seconde surface, & il trouve encore très-aisément le point où ce rayon rompu de nouveau par la premiere surface, iroit rencontrer l’axe ; & ce point est le foyer. Voyez Foyer.

Si on nomme a le rayon de la convexité tournée vers l’objet qu’on appelle la premiere convexité ; b, le rayon de la seconde convexité ; z, la distance du foyer ouvert ; & qu’on néglige l’épaisseur de la lentille, on aura, suivant les formules de M. Guinée, .

Si l’objet est très-éloigné, de maniere que les rayons puissent être censés paralleles, on aura y = à l’infini ; & négligeant alors dans le dénominateur le terme 2 a b qui est nul par rapport aux autres, on aura .

Si de plus dans cette supposition a étoit = b, c’est-à-dire que les deux verres de la lentille fussent de convexités égales, alors on auroit  ;

c’est-à-dire que dans une lentille formée de deux faces également convexes, le foyer des rayons paralleles qu’on appelle proprement le foyer de la lentille, est au centre de la premiere convexité. C’est à cet endroit qu’il faut appliquer un corps que l’on veut brûler au soleil, au moyen d’un verre ardent ; car un verre ardent n’est autre chose qu’une lentille.

Si les rayons tomboient divergens sur le verre, il faudroit faire y négative ; & alors on auroit , qui est toujours positive.

Si dans le cas où les rayons tombent convergens, on a , alors , est une quantité négative, & z est par conséquent négative, c’est-à-dire que les rayons, au lieu de se réunir au-dessous de la seconde convexité, se réuniroient au-dessous de la premiere ; & qu’au lieu de sortir convergens, ils sortiroient divergens.

Les rayons sortent donc divergens d’une lentille à deux verres, si l’objet est placé en-decà du foyer de la premiere convexité. De plus, si y est , c’est-à-dire si l’objet est placé au foyer même. Alors , c’est-à-dire que les rayons sortent paralleles. Delà on voit que si un objet est placé en-deçà du foyer d’une lentille ou d’un verre convexe, & assez proche de ce foyer, il rendra les rayons beaucoup moins divergens qu’ils ne le sont en partant de l’objet même : on trouvera en effet que z est alors beaucoup plus grand que y, si est négative & fort petite. C’est pour cela que les verres de cette espece sont utiles aux presbytes. Voyez Presbyte.

Lorsque les deux faces de la lentille sont fort convexes, c’est-à-dire que leur rayon est très-petit, la lentille reçoit alors le nom de loupe, & forme une espece de microscope. Voyez Microscope.

Les lentilles à deux surfaces convexes ont cette propriété, que si on place un objet assez près de la lentille, les rayons qui partent des deux extrémités de l’objet, & qui arrivent à l’œil, y arriveront sous un angle beaucoup plus grand que s’ils ne passoient point par la lentille. Voilà pourquoi ces sortes de lentilles ont en général le pouvoir d’augmenter les objets & de les faire paroître plus grands. Voyez Optique, Vision, &c.

Dans les Mém. de 1704, que nous avons cités, M. Guinée donne la formule des foyers des lentilles, en supposant en général le rapport de la réfraction comme m à n, & en ayant égard, si l’on veut, à l’épaisseur de la lentille. On peut voir aussi la formule des lentilles, dans la recherche de la vérité du P. Malebranche, tome IV. à la fin. Voyez les conséquences de cette formule, aux mots Menisque, Verre, &c. (O)

Lentille, (Horlogerie.) signifie aussi parmi les Horlogers un corps pesant qui fait partie du pendule appliqué aux horloges. On l’a nommée ainsi à cause de sa forme. La lentille est adaptée au bas de la verge du pendule, & elle y est ordinairement soutenue par un écrou que l’on tourne à droite ou à gauche pour faire avancer ou retarder l’horloge. Voyez Pendule en tant qu’appliqué aux horloges, pendules, & verge de pendule, voyez Pendule à secondes, & nos Planches d’Horlogerie, & leur explication.

LENTINI, Leontium, (Géog.) ancienne ville de Sicile dans la vallée de Noto ; elle fut fort endommagée par un tremblement de terre en 1693. Elle est sur la riviere de même nom à 5 milles de la mer, 10 S. O. de Catane, 20 N. O. de Syracuse. Long.