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pellés du pape Léon II. qu’ils regardent comme l’inventeur de la rime. D’autres enfin prétendent que nos bons ayeux dans leur simplicité les nommerent léonins du mot leo, lion, s’imaginant que comme cet animal passe les autres en courage & en force, les vers hérissés de rime avoient aussi je ne sais quoi de plus mâle & de plus nerveux que les autres. La premiere opinion est la plus probable, non que Léonius ait été l’inventeur de ces vers rimés, mais parce qu’il les mit extrêmement en vogue.

Fauchet prétend que la rime léonine est la même chose que ce que nous appellons rime riche, c’est-à-dire, qu’il ne donne ce nom qu’à la rime comprise dans deux syllabes de même orthographe, accentuation, ponctuation, que deux autres. Les vers léonins étoient fort admirés dans les siecles de barbarie, Bernard de Cluni fit un poëme de trois mille vers latins ainsi rimés, sur le mépris du monde ; mais à mesure que le bon goût a repris le dessus, on les a bannis de la poésie latine, où on les regarde comme un défaut.

LEONINA-URBS, (Géog.) nom qu’on donna dans le cinquieme siecle, au faubourg de Rome, qui est de l’autre côté du Tibre, entre le Vatican & le château S. Ange, parce que le Pape saint Léon enferma ce lieu d’une muraille, pour le défendre contre les incursions des Barbares. Son nom vulgaire est Borgo. (D. J.)

LEONOISES, s. f. pl. (Draperie.) espece d’étoffe. Voyez l’article Draperie, où nous avons expliqué sa fabrication & celle des autres étoffes en laine.

LEONTARI ou LEONDARIO, (Géog.) ville de la Morée dans la Zaconie, sur l’Alphée, au pié des monts. De Witt croit que c’est la fameuse Mégalopolis. Voyez Mégalopolis.

LEONTESERE, s. f. (Lithog. anc.) nom donné par les anciens à une espece d’agate, qu’ils ont célébrée pour sa beauté, & pour les vertus imaginaires qu’ils lui attribuoient, d’adoucir les bêtes féroces ; c’est au reste une des plus variées de toutes les agates des Indes orientales, & l’une des plus rares. Son fond est jaune, marqueté ou veiné d’un rouge de flamme, de blanc, de noir & de verd. Ces deux dernieres couleurs s’y trouvent ordinairement disposées en cercles concentriques, qui forment un seul ou plusieurs points ; mais quelquefois aussi l’assemblage des diverses couleurs, dont nous venons de parler, y est semé fort irrégulierement.

LEONTINI, (Géogr.) ancienne ville de Sicile. Selon Pomponius Mela, liv. II. ch. viij. & selon Pline, liv. III. ch. viij. mais Ptolomée, liv. III. ch. jv. l’appelle Leontium ; Polybe, dans un fragment du liv. VII. décrit amplement cette ville & ses campagnes ; Cicéron les nomme Campus Leontinus, & Pline les appelle Lestrigonii campi. La riviere Lissus couloit le long de la colline des champs Léontins. La ville subsiste encore, & se nomme Lentini, dont on peut voir l’article. Les anciens nommoient Leontinus sinus, la partie méridionale du golfe de Catane.

Il y a dans plusieurs cabinets d’antiquaires de fort belles médailles d’argent des anciens Léontins, avec différens types, entr’autres une tête de lion & quatre grains d’orge sur les bords de la médaille ; la tête du lion fait allusion au nom de cette ville, & les grains d’orge marquent la fertilité du pays : l’inscription est ΛΕΟΝΤΙΝΩΝ, & quelquefois avec une ancienne phénicienne, telle que les Grecs la reçurent de Cadmus, ΕΟΝΤΙΝΩΝ. (D. J.)

LEONTION, s. m. (Hist. nat.) nom donné par les anciens à une espece d’agate qui étoit de la couleur d’une peau de lion ; ils la nommoient aussi leontodora & leonina. Voyez Wallerius, Minéralogie.

LEONTIQUES, s. m. pl. leontica, (Littérature.)

fêtes ou sacrifices de l’antiquité payenne qui se faisoient à l’honneur de Mithra, & qu’on appelloit autrement Mithriaques. Dans les mysteres de Mithra, dit Porphyre, on donnoit aux hommes le nom de lions, & aux femmes celui de hiènes. Dès le tems de Tertullien, on donnoit aussi le nom de lions aux initiés, leones Mithra philosophantur. Enfin, dans les fêtes léontiques, les initiés & les ministres étoient déguisés sous la forme des différens animaux, dont ils portoient les noms ; & comme le lion passe pour le roi des animaux, ces mysteres en prirent le nom de léontiques.

Il y a dans Gruter, dans Reynesius, & autres Antiquaires, quelques inscriptions qui parlent des fêtes léontiques ; mais je réserve ces sortes de détails aux mots Mithra ou Mithriaques.

LEONTOCEPHALE, λεοντοκεφάλη, (Géog. anc.) ce mot signifie tête de lion. Appien appelle ainsi une forte place de Phrygie, où, selon Plutarque, Epixyes, satrape de Phrygie, se proposoit de faire assassiner Thémistocle à son passage. (D. J.)

LEONTODONTOIDE, leontodontoïdes, s. f. (Bot.) genre de plante qui ne differe de la dent de lion, de la catanance, de l’hedypnoïs, qu’en ce que ses semences ne sont pas couronnées d’aigrettes ou de poils, & qu’elles sont renfermées dans un calice cylindrique, qui ne s’ouvre pas lorsqu’il est mûr, comme dans la dent-de-lion, mais il est plûtôt un peu fermé comme dans l’hedypnois. Nova plantarum genera, &c. par M. Micheli.

LEONTOPETALOIDE, s. f. (Botaniq.) genre de plante décrit par le docteur Amman, dans les actes de Petersbourg, vol. VIII. p. 209. En voici les caracteres.

La fleur est monopétale, faite en entonnoir, & découpée dans les bords en divers segmens. Elle est succédée par un fruit vésiculaire, qui renferme plusieurs graines de figure ovale.

Cette plante est originaire des Indes orientales. Sa racine est tubéreuse, grosse de deux pouces au milieu, grise en-dehors, blanche en-dedans, & ne jettant qu’un petit nombre de fibres. Il sort communément quatre tiges de chaque racine ; ces tiges s’élevent fort haut, & sont de la grosseur du doigt. Deux de ces tiges portent chacune ordinairement une grande feuille d’un beau verd, très-mince, & diversement dentelée. Les deux autres tiges portent chacune, dans des calices d’un joli verd, une touffe de fleurs larges, jaunes, monopétales, découpées en quelques parties aux extrémités. Chaque fleur est soutenue par un pédicule long d’un doigt. Il leur succede des fruits qui sont des vessies vertes, anguleuses, d’un pouce de diametre dans la partie la plus large, d’où elles s’amenuisent en pointe, de couleur pourpre. Les graines font assez grosses, striées & de couleur de brique-pâle. (D. J.)

LEONURUS, s. m. (Hist. nat. Bot.) arbrisseau qui s’éleve peu, dont le bois grisâtre porte des feuilles longues, étroites, avec des fleurs rouges, formant des guirlandes très-serrées. Son calice est long, & contient plusieurs semences ; son casque est découpé, & plus long que la barbe, qui est divisée en trois parties. Cet arbrisseau croît de boutures & de marcottes ; sa délicatesse le fait serrer pendant l’hiver, & il contribue à la décoration de la serre.

LEOPARD, s. m. leopardus, pardus, (Hist. nat.) animal quadrupede qui a beaucoup de rapport au tigre, tant par la forme du corps que par son naturel féroce. Le léopard a les mêmes couleurs que le tigre ; mais ces deux animaux ont des taches noires, qui dans l’un sont longues, maculæ virgatæ, & dans l’autre elles représentent une sorte d’anneau irrégulier, ou les contours d’une rose, maculæ orbiculatæ. Les Naturalistes donnent le nom de léopard à celui qui a