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y a des auteurs qui se servent du mot dénouer, mais il n’est pas d’usage.

Lié, en terme de Blason, se dit non seulement des cercles des tonneaux, quand l’osier qui les tient est d’un autre émail, mais aussi de tout ce qui est attaché.

Gondy à Florence, d’or à deux masses d’armes en sautoir de sable, liées de gueule.

Liées, adj. en Musique ; notes liées sont deux ou plusieurs notes qu’on passe d’un seul coup d’archet sur le violon & le violoncelle, ou d’un seul coup de langue sur la flûte & sur le haut-bois.

Dans la mesure à trois tems, les croches sur un mouvement lent sont assez souvent liées de deux en deux selon le goût françois. (S)

LIEBANA ou LIEVANA. (Géog.) petite contrée d’Espagne dans l’Asturie de Santillane. L’abbé de Vayrac lui donne neuf lieues de long & quatre de large. C’est un petit canton entrecoupé de hautes montagnes.

LIECHTENAW, (Géog.) nom de deux petites villes, l’une dans la basse Alsace, au-delà du Rhin, entre Strasbourg & Bâle. Long. 26. 40. lat. 48. 43.

L’autre petite ville de ce nom est dans la Franconie, sur la riviere de Berzel, à deux lieues d’Anspach ; mais elle appartient à la ville de Nuremberg. Long. 28. 1. lat. 49. 15.

LIEFKENSHOEK, (Géogr.) fort des Pays-bas hollandois, sur la rive gauche de l’Escaut, vis-à-vis de Lillo. C’est auprès de ce fort que le général Coëhorn força les lignes des François en 1703. Longit. 21. 45. latit. 51. 17. (D. J.)

LIÉGE, s. m. suber, (Hist. nat. Bot.) genre de plante qui differe du chêne & du chêne-verd, en ce que son écorce est épaisse, spongieuse & legere. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Liége, grand arbre toujours verd, qui croît en Espagne, en Italie, dans la Provence, le Languedoc, & sur-tout dans la Guienne, où il se trouve une grande quantité de ces arbres. Le liége prend une tige assez droite jusqu’à douze ou quinze piés ; il donne peu de branches, & son tronc devient plus gros par proportion que celui d’aucun autre arbre d’Europe : son écorce, qui est très-épaisse, se détache de l’arbre au bout d’un certain nombre d’années : sa feuille est plus large ou plus étroite selon les especes de cet arbre : ses fleurs ou chatons mâles ressemblent à ceux de nos chênes ordinaires, & il en est de même du fruit qui est un gland, ensorte que le liege, dont la feuille a beaucoup de rapport avec celle du chêne verd, ne differe sensiblement de ce dernier que par la qualité de son écorce.

On peut élever des liéges dans différens terreins à force de soins & de culture ; mais ils se plaisent singulierement dans les terres sablonneuses, dans des lieux incultes, & même dans des pays de landes. On a même observé que la culture & la bonne qualité du terrein étoient très-contraires à la perfection que doit avoir son écorce, relativement à l’usage qu’on en fait.

La seule façon de multiplier cet arbre, c’est d’en semer le gland aussi-tôt qu’il est en maturité ; on pourra cependant différer jusqu’au printems, pourvu que l’on ait eu la précaution indispensable de le conserver dans de la terre seche ou dans du sable. Comme cet arbre réussit très-difficilement à la transplantation, il sera plus convenable de semer les glands dans des pots ou terrines, dont la terre soit assez ferme pour tenir aux racines, lorsqu’il sera question d’en tirer les jeunes plants. La trop grande humidité les fait pourrir, il faudra les arroser modérément. Les glands semés au commencement de Mars, leveront au bout de cinq ou six semaines, ils auront l’automne suivante huit à neuf pouces de

hauteur la plûpart, & dans la seconde année ils s’éleveront à environ deux piés. Il sera tems alors de les transplanter en tournant le pot ; & s’il y a plusieurs plants dans un même pot, comme cela arrive ordinairement, il faudra, en les séparant, conserver la terre autant qu’il sera possible autour des racines de chaque plant. Il n’aura pas fallu manquer d’avoir attention d’abriter les pots pendant les hivers contre les gelées. Si l’on a beaucoup de glands à semer, & qu’on se détermine à les mettre en pleine terre, il faudra de grandes précautions pour les garantir des fortes gelées ; on pourra les lever au bout de deux ans, & même différer jusqu’à trois ou quatre ; mais ce sera le plus long terme, encore faudra-t-il avoir eu l’attention de faire fouiller un an auparavant autour des racines pour couper les plus fortes, & même le pivot du jeune arbre, & l’obliger par ce moyen à faire du chevelu, afin qu’on puisse l’enlever avec la motte de terre. Le mois d’Avril est le tems le plus convenable pour la transplantation des jeunes liéges ; & si on n’avoit pu les enlever en motte, il faudroit y suppléer en leur mettant au pié de la terre bien meuble & réduite en bouillie à force d’eau, ensuite les garnir de paille pour les garantir des chaleurs & des sécheresses, & leur conserver la fraîcheur des arrosemens, qu’il ne faut faire qu’une fois par semaine & avec ménagement ; l’excès à cet égard en détruiroit plus que tous les autres accidens.

Cet arbre est délicat ; on ne doit pas s’attendre qu’il puisse résister à tout âge en plein air aux hivers rigoureux, qu’on n’éprouve que trop souvent dans la partie septentrionale de ce royaume. Il ne faut donc exposer à toute l’intempérie des saisons que les plants qui seront forts, très-vifs, bien enracinés & bien repris, & les mettre à l’exposition la plus chaude, ou au moins parmi d’autres arbres toujours verds.

L’écorce est la partie de cet arbre la plus utile. Dès que les liéges ont douze ou quinze ans, on les écorce pour la premiere fois : on recommence au bout de sept ou huit ans, & ainsi de suite pendant plus de cent cinquante ans, sans qu’il paroisse que ce retranchement leur fasse tort. L’écorce des vieux arbres est la meilleure, & ce n’est guere qu’à la troisieme levée qu’elle commence à être d’assez bonne qualité. Rien de plus connu que les différens usages que l’on peut faire de cette écorce que l’on nomme liége ; entre autres on en fait le noir d’Espagne qui s’emploie dans les arts. Les glands peuvent servir à nourrir & à engraisser le bétail & la volaille, & on assure qu’il est assez doux pour que les hommes puissent en manger, en le faisant griller comme les châtaignes. Son bois est aussi d’une grande utilité ; il est très-propre aux ouvrages du charpentier ; il est bon à brûler & à faire le meilleur charbon : on peut en tirer le même service que du bois du chêne verd. On distingue deux especes de liége ; l’un à feuilles larges, ovales & un peu dentelées, & les feuilles de l’autre espece sont longues, étroites & sans aucunes dentelures ; son gland est plus petit. Du reste, il n’y a nulle différence essentielle entre ces deux especes. Article de M. d’Aubenton.

Cet arbre de moyenne hauteur que Tournefort appelle avec la plûpart des botanistes, suber latifolium, perpetuò virens, est une espece de chêne toujours verd ; mais son tronc est plus gros, il est d’un tissu fort compact, & jette peu de branches. Son écorce est beaucoup plus épaisse que celle du chêne verd, fort légere, spongieuse, raboteuse, de couleur grise, tirant sur le jaune ; elle se fend d’elle-même, creve & se sépare de l’arbre, si l’on n’a pas soin de l’en détacher, parce qu’elle est poussée par une autre écorce rougeâtre qui se forme dessous. Ses feuilles ont aussi la figure de celles de l’yeuse, vertes